Les fonds de gestion passive occupent un poids croissant dans les portefeuilles des investisseurs institutionnels, atteignant 25 % dans les portefeuilles des fonds de pension mondiaux en 2020 selon une Ă©tude rĂ©cente de PwC[1]. La gestion passive prĂ©sente en effet de nombreux avantages : sa performance (par rapport Ă  son indice de rĂ©fĂ©rence) est hautement prĂ©visible, ses coĂ»ts sont infĂ©rieurs Ă  ceux des vĂ©hicules de gestion active et la gamme d’instruments disponibles s’est considĂ©rablement Ă©largie en termes de gĂ©ographie, de secteur, de thĂšme d’investissement et de type d’indice. ParallĂšlement, la capacitĂ© des gĂ©rants actifs Ă  surperformer leur indice de rĂ©fĂ©rence de maniĂšre pĂ©renne a Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement questionnĂ©e dans la littĂ©rature acadĂ©mique et professionnelle.

AprĂšs un rappel de la dĂ©finition de « l’activitĂ© » d’un portefeuille et de la maniĂšre de la mesurer, nous prĂ©sentons dans cet article un bref rĂ©sumĂ© des observations acadĂ©miques sur la performance de la gestion active, avant de dĂ©crire les avantages relatifs des gestions actives et passives. Nous partagerons ensuite nos rĂ©flexions sur les indicateurs que les investisseurs institutionnels devraient examiner avant de dĂ©cider lequel de ces styles privilĂ©gier dans leurs portefeuilles.

Comment dĂ©finir le caractĂšre actif d’une gestion ?

Deux indicateurs principaux peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour mesurer le degrĂ© d’« activitĂ© » d’un portefeuille : la tracking-error[2] et l’active share[3].

Tracking error

La tracking error est l’indicateur le plus largement utilisĂ© pour identifier le degrĂ© d’activitĂ© d’un portefeuille. Elle se dĂ©finit comme l’Ă©cart-type de la diffĂ©rence de rendement entre le portefeuille et son indice de rĂ©fĂ©rence.

L’interprĂ©tation de la tracking error dĂ©pend notamment de la classe d’actifs et des conditions du marchĂ©. Ainsi, dans le cas d’un portefeuille obligataire mono-pays, la marge de manƓuvre pour prendre des dĂ©cisions actives (en termes de duration, allocation de courbe, sĂ©lection d’Ă©metteur) est beaucoup plus limitĂ©e que dans un portefeuille d’actions mondiales; en consĂ©quence, le seuil pour considĂ©rer un portefeuille comme Ă©tant actif est alors plus bas que pour les portefeuilles d’actions mondiales oĂč une tracking error de 2 Ă  3% peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme reprĂ©sentative d’un portefeuille modĂ©rĂ©ment actif. Cet exemple souligne Ă©galement la relation entre la tracking error et la volatilitĂ© du marchĂ© sous-jacent.

Active share

L’active share est devenue au cours de la derniĂšre dĂ©cennie un autre indicateur significatif du degrĂ© d’activitĂ© d’un portefeuille d’actions. Il permet de comprendre Ă  quel point un portefeuille est diffĂ©rent de son indice de rĂ©fĂ©rence. Sa dĂ©finition mathĂ©matique est la suivante :

Soient b = (b1, …, bn) les poids de l’indice de rĂ©fĂ©rence. Soient x = (x1, …, xn) les poids du portefeuille. L’active share est dĂ©finie comme la moitiĂ© de la somme des Ă©carts absolus entre les pondĂ©rations du portefeuille et les pondĂ©rations de l’indice :

Pour les portefeuilles dits long-only, c’est-Ă -dire qui s’interdisent les ventes Ă  dĂ©couvert, AS est compris entre 0, correspondant Ă  une pure rĂ©plication de l’indice, et 1, reprĂ©sentant un portefeuille qui ne contient que des titres hors indice de rĂ©fĂ©rence. Les fonds dont l’active share est supĂ©rieur Ă  70 % sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme actifs. Ceux dont l’active share est plus faible auront davantage de difficultĂ©s Ă  gĂ©nĂ©rer une surperformance significative, car les nombreuses positions communes entre le portefeuille et l’indice ne pourront pas contribuer Ă  la surperformance. DiffĂ©rentes Ă©tudes[4] l’ont d’ailleurs constatĂ©.

L’évaluation quantitative de l’approche d’un gĂ©rant de portefeuille s’appuie en gĂ©nĂ©ral sur la combinaison de la tracking error et de l’active share et aide Ă  distinguer entre les deux principales sources de risque actif que sont la sĂ©lection de titres et l’exposition systĂ©matique aux facteurs. Les facteurs de risque[5] sont en effet des moteurs communs qui expliquent la variance transversale des rendements attendus. Les plus largement utilisĂ©s, Ă  la suite d’Ă©tudes acadĂ©miques qui ont soulignĂ© leur pouvoir explicatif, sont la taille, la valeur, la faible volatilitĂ©, le momentum et la qualitĂ©. Ils reprĂ©sentent une extension significative du Capital Asset Pricing Model (CAPM), selon lequel le marchĂ© est le principal facteur explicatif des rendements d’un titre, le facteur bĂȘta mesurant la capacitĂ© d’un titre Ă  amplifier ou Ă  attĂ©nuer le rendement du marchĂ©.

Comment Ă©valuer la performance d’une gestion active ?

La loi de la gestion active repose sur la notion de ratio d’information qui lie le rendement actif d’un portefeuille Ă  son risque actif (ou tracking error). Lorsqu’ils fixent un objectif de rendement excĂ©dentaire par rapport Ă  un indice de rĂ©fĂ©rence, les investisseurs s’appuient en gĂ©nĂ©ral sur le ratio d’information pour Ă©valuer la valeur ajoutĂ©e d’une gestion active. Il mesure le rendement excĂ©dentaire gĂ©nĂ©rĂ© par unitĂ© de risque relatif, Ă  l’aide de la formule suivante :

oĂč IR est le ratio d’information du portefeuille, RP son rendement[6], RB celui de son indice de rĂ©fĂ©rence, RA le rendement actif et TE la tracking error du portefeuille.

Un ratio d’information positif est reprĂ©sentatif d’un portefeuille surperformant, mais il doit ĂȘtre suffisamment Ă©levĂ© pour justifier d’investir dans un portefeuille actif. La plupart des investisseurs actifs ciblent des ratios d’information compris entre 0,25 et 0,50 sur le long terme pour les gestions dans lesquelles ils investissent, le long terme Ă©tant dĂ©fini comme couvrant un cycle de marchĂ© complet, c’est-Ă -dire au moins cinq ans pour pouvoir comprendre des conditions de marchĂ© favorables et dĂ©favorables. Dans le cas d’un ratio d’information plus faible, l’intĂ©rĂȘt de choisir une stratĂ©gie active n’est pas trĂšs convaincant ; Ă  l’inverse, un ratio d’information bien plus Ă©levĂ©, comme celui retenu par certains gestionnaires, notamment dans le monde de la gestion alternative, est trĂšs difficile Ă  atteindre sur une longue pĂ©riode.

La fourchette 0,25-0,50 est conforme aux rĂ©sultats d’une enquĂȘte menĂ©e par Mercer en 2009 pour le fonds souverain  norvĂ©gien[7] auprĂšs de 14 fonds de pension publics des principales rĂ©gions du monde. Le rapport passe en revue l’objectif de rendement excĂ©dentaire fixĂ© par ces Ă©tablissements pour l’ensemble de leur portefeuille et pour les grandes classes d’actifs qui le composent. Le ratio d’information moyen attendu se situe autour de 0,35 pour les actions et est lĂ©gĂšrement infĂ©rieur pour les taux.

Les objectifs de ratio d’information sont influencĂ©s par un certain nombre de paramĂštres[8]. Si l’on se rĂ©fĂšre aux Ă©tudes acadĂ©miques, la contribution clĂ© est venue de Grinold et Kahn[9] qui ont formalisĂ© le ratio d’information de tout gestionnaire actif en fonction de :

  • la compĂ©tence du gestionnaire[10], exprimĂ©e par le coefficient d’information IC, mesurĂ© comme la corrĂ©lation entre le rendement prĂ©vu et le rendement rĂ©alisĂ©,
  • et l’Ă©tendue de l’univers d’investissement (ou le nombre de signaux indĂ©pendants N),

en utilisant la formule : IR = IC * √N

En d’autres termes, au-delĂ  de la compĂ©tence du gestionnaire de portefeuille, le ratio d’information est une fonction positive de l’Ă©tendue de l’univers d’investissement, c’est-Ă -dire du nombre de dĂ©cisions d’investissement indĂ©pendantes dont dispose l’investisseur.

Un certain nombre d’Ă©tudes ultĂ©rieures[11] ont mis en Ă©vidence les limites de l’application rĂ©elle de ce travail fondateur, soulignant notamment que les contraintes dans la construction du portefeuille (telles que les expositions maximales par pays ou par secteur, les restrictions de vente Ă  dĂ©couvert, etc.) conduisent Ă  des pondĂ©rations de portefeuille sous-optimales, rĂ©duisant ainsi le ratio d’information maximum atteignable par rapport Ă  la formule de Grinold-Kahn.

On peut Ă©galement affirmer que les ratios d’information sont influencĂ©s par les conditions du marchĂ©. Pendant les pĂ©riodes de forte volatilitĂ© sur les marchĂ©s financiers, la tracking error a tendance Ă  augmenter avec les corrĂ©lations entre les actifs, rĂ©duisant ainsi les ratios d’information potentiels.

De plus, les ratios d’information doivent ĂȘtre comparĂ©s au sein d’univers de portefeuilles relativement homogĂšnes, et non entre portefeuilles Ă  faible et Ă  haut risque, car dans le premier cas la faiblesse du dĂ©nominateur peut conduire Ă  des ratios d’information trĂšs Ă©levĂ©s, mais aussi trĂšs variables. Ce sont notammen les gĂ©rants passifs qui enregistrent les ratios d’information les plus Ă©levĂ©s car les premiers points de base de tracking error sont les plus rentables. Une gestion fiscale efficace et les revenus issus des prĂȘts de titres sont des sources de valeur ajoutĂ©e qui aident particuliĂšrement les gestionnaires passifs Ă  gĂ©nĂ©rer un rendement excĂ©dentaire sans tracking error, d’oĂč un ratio d’information potentiellement illimitĂ©.

Mais au fait, la gestion active est-elle source de valeur ? 

Une interrogation est permise quant Ă  la pertinence mĂȘme d’une gestion active. En d’autres termes, est-il possible d’identifier des gĂ©rants capables de surperformer durablement un indice de rĂ©fĂ©rence ?

La littĂ©rature acadĂ©mique concernant la performance de la gestion active permet de conclure que l’alpha des gĂ©rants, c’est-Ă -dire leur performance en excĂšs par rapport au rendement du marchĂ©, semble exister et montre de la persistance[12]. Le fonds souverain norvĂ©gien[13], dans un rapport trĂšs complet publiĂ© en 2020 sur « 20 ans de gestion externe »[14] consacrĂ© aux stratĂ©gies actions, a confirmĂ© ce constat, en montrant que les gestionnaires de portefeuille talentueux[15] sont ceux qui sont Ă  la fois Ă  mĂȘme de bien sĂ©lectionner les actions pendant les pĂ©riodes de boom et de bien anticiper le marchĂ© pendant les rĂ©cessions : comprendre le marchĂ© et son influence sur les actions est donc la clĂ© de la surperformance, mĂȘme pour un spĂ©cialiste  de la gestion d’actions qui n’est souvent considĂ©rĂ© que comme un pur expert de la sĂ©lection des titres.

L’alpha du gestionnaire varie Ă©galement en fonction du degrĂ© d’efficience[16] du marchĂ© sous-jacent. À titre d’illustration, le rapport susmentionnĂ© fait Ă©tat d’un rendement annuel particuliĂšrement Ă©levĂ© gĂ©nĂ©rĂ© au cours de la pĂ©riode 2000-19 par les gĂ©rants sĂ©lectionnĂ©s par NBIM sur les marchĂ©s Ă©mergents, les stratĂ©gies environnementales et les petites capitalisations. NBIM note Ă©galement que les portefeuilles surperformants ont tendance Ă  ĂȘtre concentrĂ©s, avec une forte proportion d’entreprises dĂ©tenues hors indice de rĂ©fĂ©rence, ce qui implique des ratios d’active share Ă©levĂ©s. Le marchĂ© japonais, particuliĂšrement celui des petites et moyennes capitalisations, est Ă©galement gĂ©nĂ©rateur d’inefficiences et se prĂȘte bien Ă  une gestion active. En revanche, du fait de son efficience Ă©levĂ©e, le marchĂ© amĂ©ricain des actions est difficile Ă  battre, comme illustrĂ© par le graphique suivant selon lequel la majoritĂ© des gĂ©rants actifs sur ce marchĂ© a sous-performĂ© l’indice large S&P Composite 1500 au cours de la derniĂšre dĂ©cennie (la courbe bleu clair indiquant une proportion de gĂ©rants surperformants le plus souvent comprise entre 25 et 50 %), mĂȘme si la situation a commencĂ© Ă  s’amĂ©liorer en 2020.

Quand et comment choisir entre gestion active et passive ?

Dans quelles circonstances utiliser des instruments de gestion active ou passive ? Les rĂ©ponses Ă  cette question varient considĂ©rablement selon les convictions des investisseurs. Certains d’entre eux croient en l’efficience totale du marchĂ© et pour eux, il n’existe pas de gĂ©rants actifs capables de gĂ©nĂ©rer un alpha pĂ©renne. Pour d’autres, des inefficiences peuvent survenir de temps Ă  autre et conduire Ă  des rendements excĂ©dentaires (nets des frais de gestion) grĂące Ă  la mise en Ɠuvre de stratĂ©gies appropriĂ©es.

Une rĂ©cente Ă©tude de consultant[17] a montrĂ© que la proportion d’actifs gĂ©rĂ©s passivement au sein des rĂ©gimes de retraite europĂ©ens est lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  50 % tant pour les actions que pour les obligations, et que cette proportion a eu tendance Ă  augmenter ces derniĂšres annĂ©es.

Les avantages de la gestion passive sont Ă©vidents :

  • leur coĂ»t, particuliĂšrement bas pour les classes d’actifs classiques et pour les trĂšs gros investisseurs ;
  • le risque trĂšs limitĂ© de sous-performance par rapport au marchĂ©;
  • la facilitĂ© de rĂ©allocation du portefeuille qu’elle permet, en particulier dans la mise en Ɠuvre de dĂ©cisions d’allocation tactique, grĂące notamment Ă  la liquidité de ces stratĂ©gies;
  • la diversification qu’elle offre ;
  • la transparence permise par les portefeuilles basĂ©s sur des rĂšgles de construction systĂ©matiques, ainsi que le coĂ»t rĂ©duit du suivi – et la moindre complexitĂ© – pour l’investisseur.

Ajoutons que la gestion passive est un moyen de mettre rapidement en Ɠuvre des idĂ©es innovantes d’indices construits sur-mesure. De plus, les instruments de gestion passive permettent Ă  l’investisseur de se concentrer sur ses choix d’allocation d’actifs, qui sont essentiels, et sur la sĂ©lection des indices de rĂ©fĂ©rence appropriĂ©s pour obtenir une exposition Ă  un marchĂ© donnĂ©.

De son cĂŽtĂ©, la gestion active peut non seulement ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une source de rendement excĂ©dentaire, mais aussi comme un outil de diversification des risques, du fait de la variĂ©tĂ© des styles adoptĂ©s par les gestionnaires actifs. De plus, investir dans des stratĂ©gies actives peut ĂȘtre un moyen pour les investisseurs de progresser dans la connaissance d’un marchĂ© avant de dĂ©cider de dĂ©velopper des capacitĂ©s de gestion interne. Ainsi, un investisseur s’intĂ©ressant au marchĂ© chinois peut investir dans un fonds de gestion d’actions chinoises qui lui permettra de se familiariser avec le fonctionnement de ce marchĂ© et les titres qui le composent.

Il convient Ă©galement d’ajouter que si tous les investisseurs adoptaient l’investissement passif standard, le volume des transactions s’expliquerait essentiellement par la capitalisation boursiĂšre des titres inclus dans les indices, conduisant Ă  une concentration des flux d’investissement sur les mĂȘmes titres. La gestion active est donc toujours nĂ©cessaire aux cĂŽtĂ©s de la gestion passive pour permettre au marchĂ© de fonctionner de maniĂšre efficiente.

Le tableau suivant propose un certain nombre de facteurs, relatifs aux caractĂ©ristiques de l’investisseur ou bien aux conditions de marchĂ© et Ă  la structure du portefeuille gĂ©rĂ©, qui peuvent guider le choix entre gestion active et passive. Par exemple, la sĂ©lection de stratĂ©gies actives semble appropriĂ©e pour les investisseurs disposant d’un horizon d’investissement long, qui leur permet de mieux encaisser des pĂ©riodes de sous-performance de la part des stratĂ©gies actives qu’ils ont sĂ©lectionnĂ©es. De mĂȘme, le recours Ă  la gestion active est d’autant plus adaptĂ© que les investisseurs ont dĂ©veloppĂ© un processus de sĂ©lection de fonds ou de gĂ©rants, gĂ©nĂ©ralement basĂ© sur une combinaison d’analyses quantitatives et qualitatives, pour identifier les gĂ©rants actifs capables de surperformer leur indice de rĂ©fĂ©rence sur le long terme[18]. Les investisseurs doivent cependant ĂȘtre conscients que cette surperformance est variable selon la classe d’actifs et les circonstances du marchĂ©, et doit ĂȘtre analysĂ©e en profondeur pour comprendre si elle est liĂ©e Ă  une exposition Ă  des facteurs systĂ©matiques ou Ă  de vĂ©ritables compĂ©tences en matiĂšre de sĂ©lection de titres.

On constate Ă©galement que les phases de marchĂ© dans lesquelles la hausse est concentrĂ©e sur un petit nombre de grosses valeurs (voir le cas rĂ©cent des GAFAM sur le marchĂ© amĂ©ricain) est gĂ©nĂ©ralement dĂ©favorable aux gestionnaires actifs. Ceux-ci ont en effet tendance Ă  ĂȘtre sous-investis sur ces titres, du fait des contraintes de diversification qu’ils adoptent souvent dans la construction de leurs portefeuilles.

On peut ajouter, comme l’a fait le fonds souverain norvĂ©gien dans son analyse dĂ©jĂ  citĂ©e, que la performance gĂ©nĂ©rĂ©e par le recours Ă  des gestions actives ne s’explique pas simplement par les contributions positives des gestions sĂ©lectionnĂ©es, mais aussi et parfois surtout par la construction du portefeuille. D’abord parce que les pĂ©riodes de surperformance des diffĂ©rentes gestions ne coĂŻncident gĂ©nĂ©ralement pas. Ensuite grĂące Ă  des dĂ©cisions appropriĂ©es en matiĂšre de timing, notamment en sachant identifier les bons gestionnaires avant qu’ils ne commencent Ă  surperformer, et conserver plus longtemps les gestions performantes tout en rĂ©duisant plus rapidement le poids des autres. On voit ici que la sĂ©lection de gestionnaires actifs est aussi une compĂ©tence d’allocation d’actifs, nĂ©cessitant une bonne anticipation des circonstances qui seront les plus favorables aux gestionnaires talentueux, et des rĂšgles d’allocation dynamique entre eux.

En résumé :

Les investissements actifs et passifs sont utiles dans la construction d’un portefeuille diversifiĂ©. La prĂ©fĂ©rence des investisseurs entre la gestion active et passive doit ĂȘtre basĂ©e sur les Ă©lĂ©ments suivants :

– leur philosophie d’investissement, notamment leur conviction quant Ă  la capacitĂ© des gestions actives Ă  crĂ©er de la valeur ;

– Les objectifs de rendement et de risque du portefeuille ;

– Les sources de rendement attendu et les ressources allouĂ©es Ă  chacune de ces sources, notamment l’allocation d’actifs et la sĂ©lection de titres ou de fonds ;

– La structure de l’allocation d’actifs et la capacitĂ© Ă  identifier des gestionnaires actifs performants sur ces classes d’actifs.

 

Mots clĂ©s : gestion active – construction de portefeuille – ratio d’information – alpha des gĂ©rants – tracking error

 

* Cet article est un extrait, traduit en français par l’auteur, de « Combining active and passive investing in Multi Asset: an institutional investor framework” publiĂ© par Amundi sous forme d’« Investment Insights Blue Paper » en novembre 2021


[1] Pwc and ALFI: “Beyond their Borders”: Evolution of foreign investment by pension funds, 2020 Edition

[2] Ou erreur de suivi. Nous conserverons cet anglicisme dans le reste du texte en raison de sa trùs large utilisation dans la gestion d’actifs

[3] On retiendra lĂ  aussi dans la suite de l’article le terme anglais d’« active share » trĂšs largement utilisĂ© en finance

[4] Cremers, M., and Petajisto, A. (2009), How active is Your Fund Manager? A New Measure that Predicts Performance, Review of Financial Studies, 22(9), pp. 3329-3365.

[5] Voir Ă  ce sujet https://variances.eu/?p=1822

[6] Net de frais de gestion pour adopter le point de vue de l’investisseur

[7] Mercer, “Norwegian Ministry of Finance, Survey on Active Management – Final Report”, DĂ©cembre 2009.

[8] Voir à ce sujet “Setting objectives for your asset allocation”, Amundi Discussion Paper, DP-32-2018, Mars 2018

[9] Richard C. Grinold and Ronald N. Kahn, “Breadth, Skill, and Time”, The Journal of Portfolio Management, Fall 2011

[10] Le terme consacré en la matiÚre est celui de skill

[11] Voir par exemple Clarke, R., H. de Silva, and S. Thorley (2002), “Portfolio Constraints and the Fundamental Law of Active Management”, Journal of Investment Management, 4(3), p. 54-72 et leur prĂ©sentation du coefficient de transfert

[12] Idem note 9

[13] Objet de notre article https://variances.eu/?p=4267 publié en juillet 2019

[14] https://www.nbim.no/contentassets/62a6c07fb01641e3a6ab7fe27f23de69/investing-with-external-managers_the-20-year-history.pdf

[15] Le terme consacré en la matiÚre est celui de skill

[16] Selon la thĂ©orie de l’efficience –dont il existe plusieurs formes-, le cours d’une valeur intĂšgre dĂ©jĂ  toutes les informations relatives Ă  ce titre, rendant toute prĂ©vision profitable impossible

[17] Mercer, “Investing in the future, European Asset Allocation Insights 2020”

[18] Voir Ă  ce sujet : La multigestion, une mĂ©thode de gestion d’actifs, par Pierre HervĂ© et Eric TazĂ©-Bernard, Economica, 2010

 

Eric Tazé-Bernard