La crise sociale qui agite la France a mis en lumière la sensibilité d’une part importante de la population au thème des inégalités, avec une focalisation particulière sur la question des inégalités de revenus et de patrimoine, mais aussi entre les territoires, et sur l’action de l’Etat pour les corriger. Le gouvernement a quant à lui affiché une volonté politique de réduction des inégalités des chances, dans le domaine de l’éducation notamment.

Dans ce contexte, variances.eu ne pouvait manquer de lancer un dossier sur ce thème qui intéresse à la fois les statisticien.ne.s (comment mesurer les inégalités ?), les économistes (quelles sont les politiques publiques les plus efficaces en matière de réduction des inégalités ?), mais aussi les philosophes (les inégalités sont-elles d’ordre naturel ou culturel, est-il même justifié de s’y attaquer ?), les sociologues (quelles sont les dynamiques sociales à l’œuvre pour créer certaines inégalités ? Comment expliquer l’écart entre les inégalités et leur perception ? )… Bref, il s’agit, on le voit, d’un sujet multiforme et pluridisciplinaire, et les contributions que nous vous proposerons au cours des prochaines semaines l’illustreront bien.

Avec la publication début septembre d’un premier article de François Ecalle sur la « justice fiscale », nous avons commencé à aborder la question des inégalités de revenus, de leur mesure et des politiques mises en œuvre dans différents pays pour les atténuer. L’article de Bertrand Garbinti et al. que nous publions aujourd’hui continue à approfondir ce sujet, en mettant l’accent sur les évolutions historiques et sur l’impact des politiques de redistribution. À propos d’histoire, nous nous proposons de reprendre prochainement un article du Monde datant du début des années 1970, qui montre que le sujet était déjà d’actualité il y 50 ans et donne une image des inégalités de revenus dans plusieurs pays développés bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui.

Quittant le champ traditionnel d’étude des statisticien.ne.s-économistes, nous n’hésiterons pas à évoquer l’apport de la génétique dans la génération d’inégalités entre individus, et à livrer une réflexion philosophique sur les inégalités. Nous nous intéresserons également aux inégalités entre différentes catégories de citoyen.ne.s, et aux éventuelles discriminations dont certain.e.s sont victimes. Le sujet des inégalités de genre est au cœur de l’actualité, et nous lui consacrerons plusieurs articles, y compris sur l’inégalité de représentation entre hommes et femmes au sein des organes de direction des banques centrales, et son impact sur les politiques monétaires. Gérard Bouvier nous proposera également un article sur les inégalités liées au handicap, particulièrement manifestes, mais dont la mesure statistique est rendue délicate par le flou qui demeure sur la définition même du handicap. Le même auteur, en éclairant (sur?) la situation des descendants d’immigrés, abordera le sujet des  inégalités liées à l’origine. Nous comptons également partager avec vous la synthèse d’un article de l’Insee sur les écarts de salaires en fonction de l’orientation sexuelle, sujet d’autant plus sensible qu’il pose de délicates questions de mesure.

À la limite de l’économique et du social, nous évoquerons les inégalités liées à la situation des individus en matière de logement, et nous nous aborderons la question des inégalités territoriales : les habitants des villes sont-ils plus favorisés que ceux des campagnes, les populations des banlieues sont-elles moins bien traitées que les populations rurales en matière d’accès aux services publics ?

Vaste programme donc, mais certainement pas figé puisqu’il pourra évoluer en fonction des réactions et contributions dont nos fidèles lectrices et lecteurs voudront bien nous faire part. À vos plumes donc, et bonne lecture !

Eric Tazé-Bernard