L’édito – juillet 2025

L’été déjà bien installé, des perspectives de lectures et de détentes s’offrent à nous dans les prochaines semaines. Variances en propose quelques-unes, poursuivant son exploration de thèmes économiques, sociaux, scientifiques, ou tout cela en même temps. Diffuser le savoir et réfléchir avec recul sont des thèmes qui traversent nos dernières publications.

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La parole de Jean-Luc Tavernier (lien) sur l’innovation dans la statistique, avec le recul du pilotage opérationnel de l’Insee et appuyé sur une réflexion poussée, est précieuse. Dans l’article que nous republions, il rappelle en effet « qu’une des vertus cardinales des indicateurs de la statistique publique et de la comptabilité nationale est d’assurer une continuité des séries, une cohérence dans le temps et si possible une comparabilité internationale ». La statistique est faite aussi pour l’usager, et l’innovation doit donc être menée avec « précautions ». Mais prudence et volonté d’accessibilité n’ont pas gommé, loin de là, le foisonnement d’innovation de la statistique publique ces dernières années, autour de l’accès aux données, de leur traitement et de leur diffusion.

Cette synthèse peut aussi être lue comme une nouvelle étape du développement de la statistique, sujet sur lequel Variances publie deux autres articles originaux qui pourront donner à réfléchir tant les questions d’adaptation et d’innovation scientifiques sont à la fois présentes et ont beaucoup évolué.

Le premier, de Jean-Jacques Droesbeke (lien) « A. Quetelet, un scientifique audacieux au service d’une Belgique en quête de crédibilité » nous donne à lire sur un « des inconnus les plus connus du monde scientifique ». Plonger dans la pensée scientifique du XIXème siècle ne nous éloigne pas des questions de crédibilité scientifique et d’insertion dans la pensée d’aujourd’hui. En écho aux questions contemporaines, l’usage pionnier des données numériques issues d’observations qu’a inauguré A. Quetelet, au travers de  « modèles » dans des domaines qu’il baptise alors de « physique sociale », un terme qui serait probablement discuté aujourd’hui, est toujours d’actualité.

Le second, de Philippe Tassi (lien), porte sur « deux exemples d’hiver des mathématiques en occident ». Partant notamment de l’histoire des bibliothèques, l’article rappelle l’importance des mécanismes de diffusion des savoirs dans la construction scientifique et l’imbrication que ceux-ci peuvent avoir avec les conditions politiques et commerciales de l’époque. Là encore innovations et enjeux de diffusion.

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Mais cet ancrage des réflexions sur la mesure se traduit aussi dans des approches de questions d’actualité pressantes.

L’importance de l’innovation scientifique et de diffusion des savoirs est bien sur liée à celle de l’enseignement. L’article de Cécile Bonneau et Léa Dousset (lien) « Comment expliquer la sous-représentation des femmes dans les écoles d’ingénieurs les plus sélectives ? », de l’Institut des Politiques Publiques est une lecture particulièrement utile, à plus d’un titre. Le sujet de l’accès des femmes aux grandes écoles, insuffisant, est d’abord essentiel. Il est nécessaire de comprendre pourquoi. Comme le rappelle d’emblée cette étude, alors que les femmes sont surreprésentées dans l’enseignement supérieur, elles sont sous représentées dans les écoles d’ingénieurs les plus sélectives. L’article est remarquable sur le fond et la forme. Il mobilise des données précises et un traitement scientifique rigoureux des mécanismes d’accès aux écoles, et éclaire le sujet alors que la question de l’accès équitable des femmes doit rester toujours une priorité.

Autre question d’actualité « Comment mesurer l’évolution du pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages ? » sur laquelle écrivent Yaëlle Hauseux & Guillaume Houriez (lien). Comme nous pouvons le lire ici : « Face aux critiques ravivées avec la crise inflationniste, il faut rappeler le cadre conceptuel et les choix méthodologiques qui sous-tendent la mesure du « pouvoir d’achat » ». Là encore, on trouvera l’analyse scientifique rigoureuse de l’Insee, qui est en charge des statistiques sur ce sujet, allant de pair avec le souci de rendre les choix méthodologiques intelligibles, par exemple ceux des déflateurs utilisés.

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Variances poursuit également ses entretiens avec deux portraits.

Interviewé par Priscilla Cournède, Antonin Bergeaud (ENSAE14), prix du meilleur jeune économiste 2025, revient ainsi sur son parcours (lien). Ses travaux sur la croissance économique et l’innovation, sont déjà reconnus du monde académique. Son intérêt pour les effets du changement technologique sur les inégalités et l’avenir du travail sont à découvrir et ses travaux sans doute à suivre tant la question semble ouverte.

Nous republions également l’interview biographique très complète réalisée par Catherine Grandcoing en 2014 de Sebastião Salgado (lien). Cet éclairage sur le grand photographe est riche de réflexions. « En devenant photographe, je devenais ce que je suis profondément : un témoin qui dit ce qu’il voit et comprend. » avait-il dit, faisant un lien entre sa formation, « les bases de décryptage », et son travail photographique de premier plan. Un exemple de diffusion sensible par d’autres moyens peut-être.  

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