Clémence Royer (1830-1902) est une féministe française, bien connue grâce au livre de Geneviève Fraisse (Clémence Royer : philosophe et femme de sciences, La Découverte, 1985). Parfaite autodidacte, Royer est l’auteure d’une œuvre importante en sciences sociales, en biologie et en physique mais, faute de position académique, elle exerça successivement les métiers d’enseignante de français et de musique, de brodeuse, de conférencière, de romancière, de traductrice.

Nous tâcherons de répondre à la question du titre en fin d’article.

Une analyse singulière de limpôt

En 1860, le canton de Vaud, en Suisse, veut réformer sa fiscalité et ouvre un concours international sur l’impôt ; Clémence Royer soumet un mémoire de 400 pages. Un congrès international est réuni à l’occasion à Lausanne ; Clémence Royer écoute les orateurs depuis la tribune du public, les femmes n’étant pas admises à participer aux débats. Les principales questions abordées concernent les duos habituels : impôts directs ou indirects ? sur le capital ou le revenu ? unique ou multiple ? réel ou personnel ? proportionnel ou progressif ?

Le prix et les deux accessits du concours ne sont pas attribués, mais transformés en quelques gratifications : le socialiste Proudhon reçoit 1000 francs ; l’avocat Lassaut, 800 francs ; Royer, 400 francs. Royer publie son manuscrit deux ans plus tard et elle est depuis considérée comme une économiste à part entière. Elle devient même la première femme admise à la réunion mensuelle de la Société d’économie politique, alors que l’heure tardive semblait incompatible avec une honnête présence féminine.

Clémence Royer adopte les grands principes des économistes libéraux de son temps. L’impôt juste devrait donc être proportionnel à la « richesse », c’est-à-dire au capital. Elle réclame néanmoins une imposition progressive, avec un argument original : l’impôt doit compenser les inégalités familiales constituées précédemment de manière illégitime. Jadis, par exemple en France dans l’Ancien Régime, l’État aurait favorisé indument certaines familles au détriment des autres ; ces familles auraient progressivement accumulé un capital matériel et moral considérable leur permettant, aujourd’hui, d’être beaucoup plus riches que si elles n’avaient dû compter que sur leurs mérites propres. Il conviendrait donc, momentanément, que les héritiers de ces anciennes familles favorisées restituent les avantages indus reçus jadis.

Mais Royer ne promeut pas l’égalité des conditions individuelles. L’impôt doit être progressif pour réparer les injustices passées mais, une fois la société devenue équitable, il devra être proportionnel ; chacun sera alors récompensé selon son mérite individuel et selon le coût de la protection que lui assure l’État.

L’évolutionnisme

Clémence Royer adhère avec enthousiasme aux thèses que développe Charles Darwin dans LOrigine des espèces en 1859. Elle en donne la première traduction en français en 1862. Dans une longue préface et de nombreuses notes, elle développe ses propres thèses ; en particulier, Darwin n’oserait pas l’affirmer, mais sa théorie s’appliquerait parfaitement à l’humanité et elle serait radicalement opposée au christianisme. Car la sélection naturelle, chez les humains, serait entravée par une charité aveugle qui « sacrifie ce qui est fort à ce qui est faible, les bons aux mauvais, les êtres bien doués d’esprit et de corps aux êtres vicieux et malingres. » Darwin rejette ces interprétations dans une nouvelle édition, qu’il confie à un nouveau traducteur en français à partir de 1873.

Clémence Royer applique systématiquement, dans ses analyses sociales, deux idées darwiniennes majeures : d’abord, le progrès résulterait du « struggle for life » ; ensuite, le rôle de la diversité serait majeur dans l’évolution. Elle applique ces deux idées à une « nation » composée d’individus, à une « race » composée de plusieurs nations, et à l’humanité, faite de multiples « races ».

On en déduit que « c’est grâce à la victoire des groupes nationaux des plus parfaits, à la disparition des groupes inférieurs, à l’émulation des groupes égaux, que la moyenne totale du développement spécifique se trouve constamment élevée ». Royer souligne l’extrême diversité des races humaines, depuis les plus civilisées, comme les « races occidentales », jusqu’aux « races inférieures ». Par exemple, l’infériorité attribuée aux Australiens serait due à l’absence de gibier dangereux, comme ces mammouths qui nous auraient obligés à perfectionner des armes et des stratégies complexes. Royer souligne tellement la diversité des races qu’elle en vient à contester l’unité de l’espèce humaine :

« On peut même dire sans crainte, qu’au point de vue intellectuel, un Mincopie, un Boschiman, un Papou ou même un Lapon est plus proche parent, non-seulement du singe ou du kangourou, que d’un Descartes, d’un Newton, d’un Goethe ou d’un Lavoisier ».

L’espèce humaine étant composée de plusieurs races et plusieurs nations très diverses, il faudrait que les plus « évoluées » éliminent ou dominent les autres, mais pas trop, pour conserver une certaine diversité, une certaine « émulation » entre elles. Néanmoins, la même auteure dénonce le traitement que des colons infligent aux indigènes à la fin du XIXe siècle, par exemple à Madagascar, leur imposant leur religion et accaparant leurs richesses.

Clémence Royer croit démontrer « scientifiquement » la supériorité de la race européenne et, plus précisément, elle situe la France au sommet de « la race latine » et au-dessus des « Germains modernes ». Au même moment, l’économiste allemand Gustav Schmoller, avec des prémisses et des méthodes aussi « scientifiques », conclut que les Germains seraient nettement supérieurs aux Latins…

Clémence Royer considère les structures familiales passées sans jugement moral au sens habituel. L’idée d’une « transmission héréditaire des facultés intellectuelles » est importante dans son évolutionnisme. Grâce à cette transmission, l’humanité pourrait non seulement progresser par l’élimination des « races inférieures » mais, au sein des « races civilisées », chaque génération pourrait advenir avec des dispositions intellectuelles supérieures à celles de la génération précédente :

« L’éducation peut modifier nos habitudes ; mais si l’hérédité n’agit pas, si la sélection n’accomplit pas son œuvre, si à chaque génération l’homme nouveau croise sa jeune race avec des femmes qui continuent d’appartenir au vieux monde, jamais l’habitude ne deviendra instinct : chaque siècle aura à recommencer l’éternelle toile de Pénélope que l’humanité tisse depuis les premiers essais de sociabilité intelligente. »

L’idée générale de l’hérédité des caractères acquis était admise par les premiers évolutionnistes au XIXe siècle, mais cette hérédité concernait initialement des caractères physiques, comme la longueur du cou des girafes, et elle n’était généralement pas admise pour les caractères moraux comme l’intelligence ; certes, bien des génies ont eu des parents très intelligents, mais leur éducation suffirait à expliquer leurs dons. Francis Galton, en interprétant une sorte d’enquête menée dans son entourage en 1865, conclut que les qualités morales, elles aussi, seraient héréditaires. Darwin confirme rapidement le résultat de son cousin : « Nous savons à présent, grâce à l’admirable travail de M. Galton, que le génie […] tend à se transmettre héréditairement ».

Selon Royer, le niveau d’une civilisation pourra donc progresser si une élite améliore ses capacités intellectuelles et parvient à les transmettre, un peu comme les girafes aux longs cous transmettaient leurs avantages selon Lamarck.

Clémence Royer considère la structure familiale en relation avec l’évolution des sociétés. Elle croit que la famille patriarcale ne s’est pas imposée d’emblée, que d’autres structures familiales – par exemple le matriarcat –  lui succèderont, plus respectueuses de la liberté des femmes et plus conformes au progrès social.

Pour anticiper cette évolution, Clémence Royer propose une analyse audacieuse dans le très libéral Journal des économistes, en 1869. Elle affirme comme idéal économique « l’ouvrier nomade avec sa famille, comme les peuples pasteurs qui suivaient leurs troupeaux où croissait l’herbe pour les nourrir ». Comment y parvenir ? Il faudrait construire des logements identiques, près des usines, avec cantines et magasins à proximité ; ainsi, un ouvrier qui voudrait changer d’emploi quittera son logement facilement pour rejoindre un autre situé ailleurs. Mais que deviendrait sa famille si son épouse préférait garder son travail actuel ? Le couple se séparerait paisiblement, avant que chacun retrouve rapidement un nouveau conjoint. Pour cela, « il faut briser l’indissolubilité du mariage, en faire un contrat civil, un contrat libre, dont la durée soit toujours subordonnée à la volonté et aux intérêts des contractants »[1]. Quant aux enfants, ils appartiendraient à leurs mères, tandis que les pères auraient l’obligation de contribuer financièrement à leur éducation.

Mais, plus tard, Clémence Royer jugera impossible pour les femmes de concilier efficacement leurs tâches professionnelles et domestiques. Les jeunes couples devraient donc vivre en collectivité et chaque mère, par exemple, s’occuperait à tour de rôle de la surveillance de tous les enfants.

Les doctrines sociales

Clémence Royer adopte beaucoup de principes des économistes libéraux : elle envisage l’impôt un peu comme eux ; elle déteste le socialisme ; elle est républicaine, elle glorifie la Révolution de 1789. Comme la plupart d’entre eux, elle dénonce le Second Empire et sera dreyfusarde ; comme certains d’entre eux, elle est libre penseuse et surtout très anticléricale. Elle est aussi utilitariste, tout en rejetant paradoxalement lindividualisme :

« Ainsi que nous l’avons établi, ce qui limite le droit de l’individu dans l’espèce humaine, comme dans toute autre espèce, ce ne peut être que l’intérêt général de l’espèce elle-même, intérêt collectif auquel tout autre doit être sacrifié ; c’est l’intérêt d’État, l’intérêt de salut public. Lois, institutions, codes, constitutions, police, magistrature, armée, morale, tout cela n’a pour but que d’assurer la défense de cet intérêt contre la répugnance ou l’hostilité de l’intérêt individuel égoïste qui le menace sans cesse, et qui n’est légitime que dans la mesure où il ne nuit pas à l’intérêt collectif et au contraire lui est utile ».

On se trouve là à l’opposé des thèses individualistes et libérales des économistes français : l’individu n’est pas tout, l’État n’est pas rien. En particulier, « le régime de l’intérêt privé libre et illimité » valoriserait exagérément le présent au détriment de l’avenir. A trop s’y fier, on risquerait par exemple la disparition de certaines variétés, inutiles actuellement mais qui pourraient s’avérer utiles à l’humanité dans un avenir éloigné. La diversité biologique devrait être préservée à tout prix, car nul ne sait comment les techniques évolueront et de quels ingrédients elles auront besoin, alors que l’initiative individuelle serait incapable de prendre ainsi en compte l’incertitude de l’avenir.

L’idéal social affiché par Clémence Royer est celui du progrès, mais celui de l’espèce pas celui de l’individu. Elle illustre cette idée avec un exemple animalier. Au sein d’un troupeau, les béliers faibles ont certes une vie moins agréable, car les béliers robustes les privent de brebis, mais le troupeau sera ainsi de plus en plus fort. Et le même raisonnement s’appliquerait aux troupeaux faibles par rapport aux troupeaux forts, au détriment des uns mais au bénéfice de l’espèce. Mais une grande différence existerait entre les animaux et les humains. S’il « est de l’intérêt de l’espèce, considérée en totalité, que les races supérieures se substituent progressivement aux races inférieures », il ne serait pas bon, au sein d’une même race ou d’une même nation, que les individus inférieurs soient éliminés au profit des individus supérieurs. En effet, les sociétés humaines progresseraient grâce à la division du travail et elles bénéficieraient donc de la diversité des capacités individuelles. D’ailleurs, cette diversité serait très grande chez les individus des races supérieures, et faible chez les animaux comme chez les individus des races inférieures.

Royer veut développer les qualités de l’espèce humaine, mais plus précisément les qualités d’une élite dont il faudrait favoriser la reproduction. Par exemple, elle veut que les individus doués donnent plus d’enfants « intelligents et robustes » ; quant aux individus les plus mal lotis, il faudrait leur interdire de procréer. A défaut, « si l’avortement et l’infanticide peuvent être autorisés, c’est en pareil cas seulement. » Cette idée figure dans un projet d’article que la société d’anthropologie de Paris refusa de publier (Royer fut la première femme admise à cette société, en 1870).

Clémence Royer encourage la diversité qui favoriserait la division du travail, et la concurrence qui inciterait chacun à mieux faire. Le plus grand bonheur collectif nécessite donc de grandes inégalités sociales, à condition que celles-ci correspondent aux inégalités de talents. A contrario, le principe d’égalité serait à la fois nocif et irrationnel, issu du christianisme et de sa variante moderne, le socialisme : « Tout homme n’est donc point égal à un autre homme, pas plus que l’animal n’est égal à l’humanité, parce qu’il naît, vit, meurt, mange et dort comme elle ».

Clémence Royer dénigre férocement presque tous ses prédécesseurs immédiats en philosophie sociale ; chacun serait profondément inculte, encore imprégné d’idées chrétiennes et incapable du moindre apport scientifique. Un seul est épargné : Saint-Simon, aussi admirable comme homme que comme penseur. Quelles idées reprend-elle du grand homme ? L’importance du progrès d’abord, associé à l’industrie, à la Raison et à la science ; et la division de la société en deux classes opposées, celle des oisifs et celle des actifs ; la Raison et la justice commandent de promouvoir les seconds au détriment des premiers. Tous les individus doivent être jugés et récompensés selon leurs mérites individuels et selon leurs apports à la civilisation. Le pouvoir politique devrait appartenir à une « aristocratie intellectuelle », pas forcément à ceux que la concurrence économique placerait spontanément au sommet. De même, Royer se méfiera de la démagogie et de l’incompétence des assemblées élues au suffrage universel.

La Révolution a heureusement détruit les anciennes castes privilégiées, mais elle aurait eu tort de le faire au nom de l’égalité et non du mérite. Elle n’aurait fait que reprendre une erreur bien plus ancienne. L’Évangile aurait en effet enseigné cette « doctrine invraisemblable » de la supériorité morale des classes inférieures.

La population

Clémence Royer admire Malthus et admet ses lois, mais elle raisonne dans une autre perspective, avec deux motifs d’inquiétude très banals à la fin du siècle. Elle craint d’abord que les « races inférieures » l’emportent en nombre, en particulier avec les Asiatiques, si industrieux, si prolifiques et si frugaux ; elle craint ensuite, au sein d’une nation évoluée comme la France, la moindre fécondité des classes riches. Elle prône donc le développement de la population française, et en particulier celui de sa partie éduquée. Contre toute vraisemblance, elle accuse l’Église de freiner la natalité, certes moins maintenant qu’hier, en mettant en avant la chasteté et la vie monacale.

Royer explique la fécondité par la volonté des familles :  celles-ci règleraient le nombre de leurs enfants sur la prévision de leurs situations futures et sur le coût de leur éducation. Or, une famille pauvre pourrait avoir plusieurs enfants sans un coût excessif pour les nourrir, et aucun d’eux ne sera plus pauvre que ses parents. Alors qu’une famille riche chercherait par exemple à loger chaque enfant dans une chambre séparée, et que le modeste capital initial de chaque enfant ne se multipliera pas aussi aisément que celui de leur père.

A côté du coût des enfants et du souci de leur avenir, Royer impute la baisse de la natalité à la structure familiale de son temps. Ses arguments concernent implicitement les familles de la grande bourgeoisie. Elle souligne la dégradation des mœurs de son époque, comme beaucoup d’autres après 1870, mais en l’associant à une structure familiale précise :

« La famille fermée, étroite, composée exclusivement d’un couple et de leurs enfants, telle qu’elle est constituée de nos jours, c’est la mort de la société dans l’individualisme égoïste ; c’est aussi la dépopulation, car elle entraîne les mariages tardifs. »

Royer dénonce l’égoïsme de l’épouse moderne. Les femmes devraient plutôt se mettre au service, surtout pas de leurs époux, mais de l’espèce humaine ; et la société devrait leur en donner les moyens, juridiques et matériels :

« Il faut enfin que la femme, dans le mariage comme dans l’amour, cesse de voir un commerce plus ou moins agréable ou plus ou moins lucratif ; qu’elle comprenne que le mariage n’a pas pour but de lui fournir occasion de paraître en voile blanc et couronnée de fleurs, d’effacer par sa toilette du lendemain ses compagnes de la veille ou même de faire promener un poupon dans les promenades au bras d’une nourrice enrubannée ; mais de donner à l’État des citoyens pour le défendre, de les élever sérieusement, fortement, avec raison autant qu’avec cœur, de s’affranchir elle-même des préjugés séculaires, au lieu de les leur inculquer, et de s’instruire pour diriger leur instruction. Il faut qu’elle comprenne que la maternité est pour la femme l’équivalant du service militaire, qu’elle a comme ce dernier des périls et des privations qui doivent être supportés avec courage. Il faut qu’elle se dise qu’elle doit à la race des représentants intelligents et robustes, audacieux et sains pour aller un jour disputer de nouvelles terres à d’autres races inférieures, et ces pionniers de la civilisation auront à payer aux climats contraires de non moins rudes tributs que ceux que la guerre continuera à lever sur eux ».

En 1890, Clémence Royer propose « la dépopulation de la France » comme thème de débat à la société d’anthropologie de Paris. Elle incrimine surtout l’accaparement excessif des jeunes mères par leurs enfants, d’où le sentiment des maris d’être délaissés, d’où le recours à la prostitution. Les mères produiraient « des enfants gâtés, de petits monstres de perversité : des paquets de nerfs irritables et sans cesse irrités, secoués à tout propos de convoitises, d’envie et d’accès de colère, qui auront grande chance, après avoir été des enfants insupportables de devenir des adultes égoïstes ». La faute à Rousseau, une de ses bêtes noires, et à ses « principes pédagogiques ».

Progressiste ou conservatrice ?

Les analyses et les préconisations sociales et politiques de Clémence Royer constituent un système grandiose et cohérent. Demandons-nous, de façon résolument anachronique, si Clémence Royer serait jugée progressiste ou conservatrice selon le sens courant de ces deux mots en 2024. Deux réponses peuvent convenir :

— Clémence Royer est progressiste parce que républicaine, anticléricale, dreyfusarde ; pacifiste, favorable à l’instruction populaire publique, féministe radicale ; la science est son seul guide, elle est hostile aux privilèges de la naissance, elle réclame que la richesse ne récompense que le talent et la vertu ; elle croit que les marchés, dans des cas importants, s’opposent à l’intérêt général et que l’État devrait légitimement intervenir.

— Clémence Royer est conservatrice parce qu’elle croit que les inégalités sociales reflètent désormais les inégalités de talents, elle vante la concurrence qui promeut les meilleurs et stimule l’activité générale, elle est élitiste, elle déteste l’égalitarisme et les utopies socialistes, elle oppose « les races inférieures » à celles des occidentaux, elle veut interdire aux individus les moins qualifiés de se marier et suggère de tuer les enfants qu’ils pourraient engendrer, elle dénonce l’éducation permissive dispensée par des mères trop modernes et l’égoïsme des parents qui ne veulent pas s’encombrer de nombreux enfants.

Ces deux façons anachroniques de qualifier Clémence Royer sont à la fois vraies et fausses. Parce que les schémas politiques du XIXe siècle ne sont plus tout à fait les nôtres.

 

Mots-clés : Royer – Sociobiologie – Impôt – Libéralisme – Féminisme


[1] Le divorce reste interdit en France jusqu’en 1884. C’est sans doute pourquoi Royer n’a pas épousé l’homme avec lequel elle vivait.

François Etner & Claire Silvant
Les derniers articles par François Etner & Claire Silvant (tout voir)