Seconde partie : la dynamique du changement, l’éthique et la vision du futur

Dans cette seconde partie, nous poursuivons l’analyse du changement, amorcée dans la première partie en nous appuyant sur un exemple concret (FutuRIS). Nous adoptons cette fois un point de vue plus abstrait et formalisé (section II-1). Nous abordons ensuite la question de l’éthique méthodologique et du rapport aux décideurs (section II-2), avant de traiter de la vision de l’avenir (section II-3).

II-1. Les rouages du changement

L’exemple important de FutuRIS, détaillé dans la première partie, révèle combien le « changement » est au cœur de toutes les préoccupations, celles de ses acteurs comme celles de ses analystes. Pour ces derniers, le concept même de changement suscite toutefois plusieurs interrogations fondamentales : qu’est-ce exactement que le changement, comment s’opère-t-il, comment rompt-il un équilibre pour mener vers un autre ? À cet égard, l’économie évolutionniste, que Jacques Lesourne avait en permanence bien en tête, nous procure quelques utiles éclaircissements et permet, au moins en partie, de « théoriser » le changement.

Selon la vision évolutionniste, le changement procède par auto-organisation et par apprentissage adaptatif. Illustrons-le à l’aide de deux cas stylisés, inspirés de l’actualité, que « Lesourne le chercheur » se serait très certainement plu à modéliser !

(i) L’évolution du marché des livraisons de repas observée durant la crise covid (2020)

La crise a fait du marché des livraisons de repas un marché créateur, en favorisant l’émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles structures et d’un nouveau produit. 
La Covid 19, élément de « type hasard », en mettant à disposition de Deliveroo et d’Uber Eats un grand nombre de nouveaux livreurs, personnes dépourvues d’emploi en raison de la Covid, a favorisé l’exploitation des livreurs en vélo : la rémunération d’une course a par moments été divisée par deux. Il en est résulté un franchissement du seuil de mécontentement des livreurs, poussant au développement CoopCycle, une fédération de coopératives de livreurs, avec la création de nouvelles coopératives dans certaines grandes villes (comme Kooglof à Strasbourg), dont le but est a minima d’assurer une rémunération correcte aux livreurs, mais aussi de leur donner un statut de salarié, à l’inverse du statut de micro-entrepreneur qui prévaut sur le marché.

Ces nouvelles plateformes de livraison ont bénéficié de l’arrivée, stimulée par la crise Covid, de nouveaux entrants sur le secteur des livraisons de repas, à savoir les « vrais » restaurants, et non plus exclusivement des fast food et des pizzérias. Ces entrants, mal à l’aise avec des Deliveroo et Uber Eats qui ne respectent aucune éthique, sont volontaires pour travailler avec les nouvelles plateformes coopératives. Mais ces vrais restaurants ne sont eux-mêmes acteurs de ce marché que grâce à l’émergence de nouveaux consommateurs, à savoir des individus appréciant de se faire livrer à domicile des repas cuisinés. Un nouveau produit émerge : « le bon restaurant à domicile ».

On pressent l’instabilité potentielle de ce marché naissant. Ses consommateurs survivront-ils à la baisse de la tension Covid, ou bien ne vont-ils pas plutôt préférer retourner au restaurant ? Et même si des consommateurs subsistent, les restaurateurs continueront-ils à les faire livrer, alors qu’ils serviront prioritairement les clients se rendant physiquement au restaurant, financièrement plus intéressants pour eux ? La pérennité du nouveau marché et de son nouveau produit n’est donc pas garantie, mais il est vraisemblable que se poursuive la restructuration du marché de livraison à vélo, avec davantage de coopératives, à condition que celles-ci se tournent vers de nouvelles niches de produits à livrer.

(ii) La politique de clémence instaurée par l’Autorité de la concurrence pour faire chuter les cartels d’entreprises.

Ce second exemple révèle comment un apprentissage de type adaptatif peut s’avérer néfaste, en provoquant l’évolution d’un système plutôt favorable aux acteurs apprenants, vers un système qui leur est moins favorable.
 Trois protagonistes sont en scène : d’abord, les entreprises ; ensuite, une organisation étatique, à savoir l’Autorité de la concurrence ; enfin, les consommateurs et plus généralement les victimes des cartels. De tous temps, les entrepreneurs ont cherché à s’entendre pour ne pas subir la pression de la concurrence, en formant des ententes ou des cartels. Mais l’Autorité de la concurrence, en appliquant la politique de la clémence, c’est-à-dire en exemptant d’amende une entreprise qui prend l’initiative de dénoncer son cartel, a réussi à faire tomber un grand nombre d’ententes sur dénonciations internes.

Cela fonctionnait assez bien, du moins jusqu’à récemment. Les victimes du cartel, qui subissent les prix excessifs pratiqués pas les cartels, tiraient avantage de la chute de ceux-ci, sans exiger davantage. Mais, depuis peu, elles sont devenues plus réactives car elles ont appris, encouragées par les cabinets d’avocats, qu’en se groupant en class actions, elles pouvaient intenter un procès aux membres d’un cartel détruit, y compris à l’entreprise qui a dénoncé l’entente et bénéficie à ce titre d’une immunité auprès de l’Autorité de la concurrence : cette entreprise peut donc désormais se voir, elle aussi, infliger une très forte amende, cette fois de la part des victimes du cartel. C’est ce qui, par exemple, est actuellement observé pour le cartel européen des constructeurs de camions, lourdement condamné par la Commission Européenne en 2016, et qui va l’être encore plus sévèrement par les transporteurs qui ont acheté les camions.

Evidemment, les entreprises « apprennent » : elles se rendent comptent, plus ou moins rapidement, que la dénonciation du cartel ne suffit plus pour leur éviter de payer. Cet apprentissage, malheureusement pour les victimes de cartels, a potentiellement pour effet de freiner le mouvement des dénonciations. Or si tel est le cas, moins de cartels seront détruits et les victimes seront doublement perdantes : non seulement elles n’auront plus personne à poursuivre en justice, mais encore le cartel continuera d’agir à leurs dépens. L’apprentissage de la class action risque ainsi de leur être nocif. Une rationalité parfaite leur permettrait sans doute d’anticiper le processus, et les dissuaderait peut-être d’engager les procès qu’elles mènent, mais leurs capacités d’apprentissage, progressives et limitées, ne le leur permettent pas[1].

À l’évocation de ces exemples, on imagine volontiers Jacques Lesourne, dans son laboratoire du CNAM, se régalant avec son équipe à bâtir de jolis petits modèles de changement auto-organisé ! Mais, au-delà de la détente qu’elle lui procurait, nous sommes absolument convaincus que son activité de recherche n’était pas pour lui qu’un délassement, ni encore moins un à-côté, mais tout au contraire un « en-dedans » : une façon de mettre intimement en phase ses schèmes mentaux avec son « métier » de conseil et d’accompagnateur du changement.

II-2. L’éthique et le rapport aux décideurs

L’audace intellectuelle et l’humilité

Ce qui force l’admiration chez Jacques Lesourne, c’est avant tout l’audace intellectuelle dont il a fait preuve en plaçant prospective et scénarios au cœur d’opérations hautement politiques, telles que FutuRIS ou, précédemment, Interfuturs ; et c’est aussi la forte crédibilité qui lui a permis d’y parvenir. À chaque fois, il a réussi haut la main ce qui pouvait au départ apparaître comme un pari très risqué.

Il est vrai que, en contrepartie, il offrait aux politiques deux possibilités inédites pour un travail analytique : d’une part, la prise en compte, dans un même cadre, de facteurs et composantes totalement hétérogènes, par exemple l’évolution quantitative de la productivité et celle, qualitative, des valeurs au sein de la société ; d’autre part, un examen complet et approfondi des multiples facteurs influant directement et indirectement sur le domaine étudié… le fameux système !

Face au défi de satisfaire un tel cahier des charges, semblant à première vue se situer au-delà des possibilités analytiques, le risque eût été celui d’une parole qui se serait montrée autoritaire ou idéologique. Or, la formulation par Jacques Lesourne de conclusions et de recommandations, à l’issue de ses exercices de prospective est déontologiquement exemplaire, traduisant sa très haute auto-exigence dans la manière d’interpréter et de présenter les fruits de ses travaux d’expertise.

Il exprime les résultats de la prospective et des modélisations avec un véritable esprit scientifique, et d’humilité, prenant grand soin de les mettre en perspective. Il revient sur les hypothèses qui ont présidé à leur établissement, ainsi que sur les incertitudes entachant un certain nombre d’éléments, se répercutant nécessairement en incertitudes sur les conclusions. D’une certaine façon, il plonge les résultats de la prospective et de la modélisation dans le réel, avec toute sa complexité et ses incertitudes, pour soumettre des préconisations qui ne sont ni des mots d’ordre, ni des slogans, mais des appels au discernement, à l’intelligence et au respect des différences.

C’est pour nous une grande leçon : comment faire de la prospective sur les sujets les plus ambitieux et les plus complexes, dans les contextes les plus exigeants, sans jamais se départir d’une rigueur intellectuelle absolue, sans jamais céder à aucune facilité ? Jacques Lesourne n’est pas seulement un grand prospectiviste : il est l’homme de la déontologie de la prospective et de la morale dans la méthodologie.

De l’Hôtel de Brienne à la tour Malakoff

Deux opérations, certes de moindre envergure que FutuRIS ou Interfuturs, illustrent également la qualité et la productivité de l’attitude de Jacques Lesourne à l’endroit des décideurs. Nicolas Curien a eu l’opportunité de contribuer à ces opérations, d’abord en tant que chargé de mission auprès du Ministre de la Défense nationale, puis comme Directeur-adjoint de l’ENSAE.

(i) La conduite d’une mission pour le développement du calcul économique au ministère de la Défense, auprès d’André Giraud, entre 1986 et 1988.

Le Ministre qui, précédemment en charge du portefeuille de l’Industrie s’est illustré par sa « chasse au Gaspi », entend désormais s’attaquer au « Gaspimili ». Il enrage, car ses chefs d’état-major ne savent pas apporter une réponse claire et nette à sa question faussement naïve « Combien coûte un coup de canon ? ». Il nous faut user de trésors de pédagogie pour lui expliquer que la réponse « Cela coûte un certain coût » est loin d’être la plus stupide. En effet, le coût économique d’un bien, d’un service ou d’un acte, n’existe pas de manière intrinsèque, à la manière de la masse d’un corps matériel, mais dépend du contexte : notamment, tirer un coup de canon ne coûte pas la même chose à l’entraînement ou en opération sur le terrain.

Nous déployons de patients efforts[2] pour faire comprendre, au Ministre comme aux services du ministère, que plusieurs notions de coût existent, telles le coût complet, le coût incrémental ou encore le coût marginal. Le raisonnement économique prend appui sur la comptabilité, sans toutefois se confondre avec elle, comme l’avait pu en son temps laisser croire la Rationalisation des choix budgétaires (RCB), mise en place à la fin des années 1960. Nos efforts n’ont pas été vains puisqu’un bureau des études économiques est créé à l’issue de notre mission, intégré dans une nouvelle Direction de la prospective et de la stratégie.

(ii) Une réflexion sur l’avenir de l’ENSAE, en 1990-91.

Jean-Claude Milleron, alors directeur général de l’INSEE, demande à Jacques Lesourne de dresser des perspectives d’avenir pour l’École de Malakoff. Ensemble, nous établissons un diagnostic et traçons des pistes stratégiques. Notre principale recommandation consiste à mettre fin à la hiérarchie verticale de l’ENSAE en deux divisions, l’une formant les administrateurs, l’autre les attachés de l’INSEE, et de lui préférer une différenciation horizontale en deux écoles de même niveau, l’une formant des statisticiens-économistes et gardant le nom d’ENSAE, l’autre formant des analystes de l’information et prenant le nom d’ENSAI. Le rapport Lesourne-Curien[3] n’est pas resté lettre morte : en 1994, l’ENSAI est créée et elle accueille sa première promotion à Malakoff. Elle s’installera deux ans plus tard sur le campus de Ker Lann, près de Rennes, acquérant ainsi une véritable autonomie vis-à-vis de sa sœur aînée l’ENSAE et bénéficiant de synergies avec les institutions académiques de la région Bretagne. L’ENSAI, École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information, couvre tous les domaines du traitement de l’information, et non pas seulement les applications économiques. Elle délivre le titre d’ingénieur et, avec l’essor de la data science, elle s’est désormais imposée comme la grande école incontournable dans le domaine du traitement des données.

II-3. Une vision lucide de l’avenir

Un révolutionnaire plutôt qu’un anarchiste, un humaniste visionnaire

En dépit du plein succès rencontré dans la plupart de ses entreprises, Jacques Lesourne ne s’en satisfait néanmoins jamais entièrement. Frappant est le grand écart entre, d’un côté, ses capacités hors pair et, de l’autre, son immense modestie, le poussant parfois au doute, voire jusqu’à la mise en question de l’utilité de son travail. C’est dire !

Pour conforter la figure d’un homme à la fois puissamment novateur et profondément sage, quoi de mieux que le témoignage d’un prix Nobel ? Dans sa contribution introductive aux mélanges de 2000, Herbert Simon, se référant à l’ouvrage Économie de l’ordre et du désordre, s’interroge sur la personnalité de Jacques Lesourne, qu’il qualifie de « révolutionnaire plutôt qu’anarchiste ». Révolutionnaire, il l’était certainement par sa pensée et ses méthodes de travail ; critique, se montrait-il volontiers lorsqu’il le jugeait nécessaire, mais jamais anarchiste, c’est-à-dire toujours respectueux de l’Histoire et de ceux qui la font, à tous les niveaux de responsabilité. Au travers de la formule percutante de Simon, on embrasse ainsi d’un coup le goût de Jacques Lesourne pour l’Histoire, son engagement dans la prospective, son attachement à lier réflexion, décision et action, ainsi que sa vision humaniste tournée vers l’avenir.

Lorsque, dans Un art difficile : réfléchir pour agir, il nous parle de l’humain, Jacques Lesourne ne le réduit pas à de la matière grise. Il est même gêné par l’utilisation du mot « capital humain » pour désigner des « hommes et des femmes dépositaires d’un savoir et sources de création ». L’art difficile ne se contente pas de la seule réflexion individuelle, même si Jacques Lesourne évoque le « dialogue du décideur et de l’homme d’études » et, finalement, « l’homme seul face à l’action et à la décision ». Il synthétise cet art en trois mots, ou plutôt deux plus un : « faire coexister travail et participation », auquel il ajoute, en toute fin de chapitre, « l’imagination ».

L’imagination, l’invention du futur, beau programme ! À cet égard, Jacques Lesourne aborde dans ses écrits les enjeux posés par la transition vers un développement durable. Ses analyses sont sans concessions. Est-il finalement un pessimiste, ou bien un optimiste ?

De l’humanité malade du futur aux mille sentiers de l’avenir

Empruntant à nouveau les mots d’Herbert Simon dans Décision, Prospective, Auto-organisation, il y a dans l’œuvre de Jacques Lesourne un black book : Les systèmes du destin[4]. L’ouvrage nous plonge dans une humanité « malade du futur » et dans la proposition d’une « synthèse pour l’espérance » qui sera ensuite développée dans Les mille sentiers de l’avenir[5], déjà en germe. Par-delà la liste noire des problèmes qu’il soulève, Les systèmes du destin pointe les insurmontables problématiques de régulation et de contrôle d’un monde dans lequel « la croissance de la capacité de résolution partielle de problèmes partiels, en accélérant la réponse à certains défis locaux, a précipité les difficultés qu’engendrait le mode d’auto-organisation de l’humanité ».

Reprenant le Paul Valéry de Regards sur le monde actuel, Jacques Lesourne dessine un « monde fini », dont on retiendra l’élément de description suivant : « Sous le double aspect de l’épuisement des ressources non reproductibles ou de l’empoisonnement des ressources reproductibles, les contraintes écologiques, de lointaines et mythiques qu’elles étaient jusqu’alors, apparaissent maintenant comme un mur visible, vers lequel fonce le bolide de la croissance économique ».

Il décrit ainsi un monde en crise en raison de la vitesse d’évolution de ses problèmes et de leur irréversibilité. Dans sa contribution aux mélanges, Herbert Simon estime que la liste noire des Systèmes du destin est quasi-complète, pour peu qu’on y ajoute les conflits ethniques et le réchauffement climatique.

Comment anticiper, comment décider et agir dans un tel monde ? Face à un horizon aussi sombre, quels antidotes opposer à la « maladie du futur », quelles raisons d’espérer malgré tout ? Dans sa conclusion des Systèmes du destin, Jacques Lesourne esquisse les « mille sentiers » permettant de construire « des sociétés efficaces, libres, égalitaires, participatives, adaptables et sûres ». Ces mille sentiers nous apparaissent aujourd’hui comme autant de scénarios d’action, permettant aux différentes parties prenantes des processus de décision et d’action de s’engager en vue d’une transition vers un développement effectivement durable.

On peut donc en définitive considérer que Jacques Lesourne est « raisonnablement optimiste », en tout cas loin d’être un « Jacques le fataliste » ! On mesure aussi la grande actualité de sa pensée pour traiter aujourd’hui des grandes questions de demain.

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En guise de conclusion, les auteurs se sont chacun prêtés au jeu de la « courte phrase » : si nous devions résumer en quelques mots ce que nous a apporté et nous apporte encore la fréquentation de l’homme Jacques Lesourne, quels seraient-ils ?

Gisèle Umbhauer. Jacques Lesourne est un bâtisseur. Pour lui, un espace de stratégies n’est pas une donnée mais se construit, en partie du moins. Ce sont ces degrés de liberté qui ouvrent de nouveaux sentiers possibles.

Anne Marchais-Roubelat. Chercheur, dirigeant, prospectiviste, Jacques Lesourne est un passeur infatigable entre les mondes de la réflexion, de la décision et de l’action.

Rémi Barré. Jacques Lesourne m’a montré que penser en alliant rigueur et ambition intellectuelles, mais aussi avec la modestie qu’impose le doute, est une sagesse pour notre temps.

Nicolas Curien. Je n’ai pas mieux que ce qui m’est venu tout naturellement à l’esprit au moment d’écrire sur le livre d’or, le jour de ses obsèques : Jacques Lesourne m’a tout simplement appris à penser, un peu mieux, chaque jour !

 

Mots-clés : Jacques Lesourne – Changement – Décision – FutuRIS – Interfuturs – Prospective – Histoire – Stratégie – Économie évolutionniste – Auto-organisation – Apprentissage –  Défense nationale – ENSAE – ENSAI.

* La matière de cet article est tirée d’une table ronde qui a réuni les quatre auteurs au cours d’un colloque d’hommage à Jacques Lesourne (Actes à paraître), tenu le 27 mai 2021 sous l’égide de l’Académie des technologies (dont il était un des membres fondateurs), de l’Association nationale pour la recherche et la technologie (ANRT), du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), de l’Institut français des relations internationales (IFRI) et de l’association Futuribles International.


[1] Une formalisation en termes de théorie des jeux montrerait que la dénonciation du cartel par l’un de ses membres, même en cas de procès par les victimes, reste une action d’équilibre – car il est toujours optimal de dénoncer son cartel avant que quelqu’un d’autre ne le fasse –, mais que cet équilibre n’est plus l’équilibre risque- dominant, ce qui rend la convergence plus problématique. En d’autres termes, les procès des victimes réduisent la taille du bassin d’attraction de l’équilibre de dénonciation au profit de celle de l’équilibre de non-dénonciation.

[2] Voir : Nicolas Curien, « Le Gaspimili, ennemi N°1 de la sobriété stratégique, Stratégique , N°104, 2013.

[3] Jacques Lesourne et Nicolas Curien, L’ENSAE demain, Paris, INSEE, 1991, 135 p.

[4] Jacques Lesourne, Les Systèmes du destin, Paris, Dalloz, 1976, 449 p.

[5] Jacques Lesourne, Les Mille sentiers de l’avenir, Paris, Seghers, 1981 (réimpr. 1983), 372 p.

 

Nicolas Curien, Rémi Barré, Anne Marchais-Roubelat & Gisèle Umbhauer