Dominique Bouley et Luc Leruth ont passé une partie de leur carrière au FMI à aider les pays africains à améliorer leur comptabilité publique. Dans cette tribune, ils militent pour que les instituts de statistique d’Afrique sub-saharienne retrouvent un rôle qu’ils ont perdu. J’ai moi-même été confronté aux difficultés qu’ils mentionnent alors que j’étais détaché au ministère des Finances de Côte d’Ivoire, en 1986-1988. J’ai très mal vécu la défaillance majeure des sources locales et j’en avais tiré comme conclusion qu’un pays qui ne peut pas construire lui-même les données qui permettent de gérer ses finances publiques n’est plus maître de son destin. C’est pourquoi je me félicite de cette contribution, en pensant à tous les anciens élèves de l’ENSAE ou du CESD qui, en Afrique, lisent Variances et qui, j’en suis certain, trouveront dans ce texte un écho à certaines de leurs préoccupations.

Préface par François Lequiller, membre du comité éditorial de Variances


Dans cet article, nous analysons le rôle des Instituts Nationaux de Statistique (INS) dans la prise de décision économique et la gestion des finances publiques (GFP) en Afrique sub-saharienne (ASS). Nous constatons une marginalisation croissante des INS que les différents chocs économiques ont accentuée. Nous déplorons que les différents outils introduits depuis le début des années 2000 par les bailleurs pour mieux appréhender la gestion des finances publiques en ASS n’aient pas suffisamment pris en compte les INS dans leurs critères, ce qui aurait permis de corriger cette tendance. Nous constatons aussi que l’importance accordée aux considérations de court et moyen terme (3 ans) pour la gestion des programmes économiques a contribué à écarter davantage des décisions les INS qui privilégiaient les analyses à long terme. Le résultat est que les INS sont aujourd’hui marginalisés. Il est encore possible de remédier à cette situation mais, si les bailleurs ont un rôle à jouer, la solution devra aussi en partie venir des INS eux-mêmes.

Les INS entre la décolonisation et les années 1990

C’est généralement plusieurs années après la décolonisation que les INS ont été créés et placés sous un ministère de tutelle (souvent le ministère du Plan ou de l’Économie, parfois directement sous la Présidence)[1]. Les schémas différaient mais ils suivaient souvent celui qui existait dans la puissance coloniale. L’inclinaison des pays africains vers le bloc soviétique a eu un impact sur ces arrangements. Les ministères du Plan (diversement nommés) ont pris plus d’importance au sein des gouvernements. La confection de plans économiques de développement à long terme requérant d’importantes bases de données, les INS sont passés sous leur tutelle dans la majorité des pays de l’ASS[2]. Le rôle des INS était jugé central à la planification, laquelle était centrale à l’élaboration des politiques économiques des pays. Jamais sans doute les INS n’avaient été autant au cœur du sujet.

Les choses ont changé lorsque les pays de l’ASS ont connu pour la plupart, durant les années 1980, une période de récession qui s’est prolongée pendant la première moitié des années 1990. Cette période a été marquée par la chute des cours des matières premières, la persistance des effets néfastes du deuxième choc pétrolier de la fin des années 70, ou encore la hausse des taux d’intérêt qui a engendré la crise de l’endettement. Ces chocs extérieurs ont mis en évidence des faiblesses internes au niveau de la gestion des finances publiques, avec une sous-performance des recettes intérieures, une augmentation des déficits publics, une accumulation d’arriérés publics et, in fine, une crise économique prolongée (voir par exemple Brunel, 2005).

Afin d’appuyer les pays dans le rétablissement d’une croissance économique soutenable, les organisations financières internationales, avec l’appui des bailleurs de fonds bilatéraux, ont apporté une assistance financière appuyée par des réformes macroéconomiques. Il est toutefois rapidement devenu évident que la mise en œuvre de ces appuis, si elle reposait en grande partie sur la bonne évaluation des variables macroéconomiques habituelles, nécessitait également un suivi régulier et systématique de l’évolution détaillée des finances publiques et de leur gestion au cours de l’année budgétaire. Cette double évaluation (situation financière d’abord et gestion des finances publiques ensuite) s’est avérée difficile pour les pays de l’ASS, en raison de la faiblesse de leurs moyens humains et techniques (voir par exemple Bouvier, 2004). Par ailleurs, la comptabilité de l’Etat présentait des lacunes importantes, les exercices budgétaires n’étaient souvent pas clôturés, des opérations n’étaient pas enregistrées dans les comptes à l’année correspondante. Le principe de l’annuité budgétaire, lui non plus, n’était pas respecté[3]. Tout ceci allait avoir un impact important, bien qu’indirect, sur les fonctions des INS en ASS.

L’introduction du TOFE et les programmes des années 80

Dès le début des années 70, le FMI avait introduit les prémices du Tableau des Opérations Financières de l’État (TOFE) pour les besoins de l’évaluation de la situation économique. Le TOFE reprend toutes les opérations de l’État en termes financiers pendant une période donnée. Les ressources en sont les sommes obtenues par l’État pendant cette période (recettes fiscales et non-fiscales, dons). Les emplois sont les utilisations qui ont été faites grâce à ces ressources pendant la même période. La différence correspond à un besoin de financement où interviennent les bailleurs, les banques internationales et domestiques (y compris la banque centrale), et le financement non bancaire. Le besoin d’un instrument suppléant aux faiblesses des statistiques économiques nationales officielles s’était donc fait sentir avant même que le besoin d’aide financière du FMI n’apparaisse. Mais cela n’allait pas tarder, en particulier en raison de l’accumulation de la dette pour la plupart des pays de la région. Le Manuel de statistiques du FMI de 1986 a permis la mise au point du TOFE comme vision synthétique des opérations tant en prévision qu’en exécution (FMI, 1986). Il s’est standardisé et ceci a facilité l’adoption du TOFE comme instrument privilégié d’information de la gestion des finances publiques des États ayant des programmes avec le FMI et la Banque mondiale principalement et les autres bailleurs de fonds[4] [5].

La généralisation des programmes d’aide financière en ASS a rapidement rendu indispensable le TOFE pour la conduite des opérations du FMI. L’instrument a parfois été compilé par les INS ou par d’autres directions mais, rapidement, la nécessité d’obtenir les chiffres nécessaires de plusieurs sources (Impôts, Banque Centrale, Trésor, bailleurs, etc) a rendu préférable l’établissement d’une cellule (ou d’une direction dite ‘de la Prévision’ selon les pays) au sein du ministère des Finances (MdF), lequel a obtenu la responsabilité de l’instrument. Il s’agissait donc d’une solution pratique nécessaire pour ‘préparer’ le document dans les délais impartis (e.g. 3 semaines après la fin du mois ou du trimestre) malgré la faiblesse des données et l’absence de comptes définitifs au moment requis.

La situation était donc défavorable aux INS qui, généralement localisés dans les ministères du Plan, continuaient de produire des données trop anciennes pour servir utilement les besoins immédiats de la crise. Ils participaient toujours à l’élaboration d’hypothèses à très long terme pour les projections économiques du Plan mais se retrouvaient, dans le même temps, régulièrement confrontés à d’autres chiffres préparés par les cellules TOFE dans le cadre de projections à moyen terme (3 ans, la durée typique des programmes du FMI). Ceux-ci étant les chiffres que le MdF utilisait, le rôle des INS devenait encore plus marginal.

Malheureusement, l’introduction du TOFE a pu paradoxalement nuire à la bonne tenue des comptes. En période de programme, ce qui importait était de présenter des chiffres cohérents en temps et en heure pour le FMI et les bailleurs. Quelques raccourcis ont sans doute été effectués dans la production des comptes[6]. Pour cette raison, et pendant des années, on a parfois obtenu des Lois de Règlement prétendument validées alors que ceci aurait nécessité le détail de la balance des comptes, lequel n’était pas disponible. Seul un résumé des recettes et dépenses était disponible, mais le compte correspondant (le compte de gestion) qui aurait dû accompagner ces chiffres était généralement absent. Il a fallu attendre la fin des années 1990 pour enregistrer certains progrès (variables selon les pays) dans les domaines de la couverture du budget et de la qualité et de la ponctualité de l’information budgétaire. Toutefois, des lacunes perduraient, tant en ce qui concerne la disponibilité des informations budgétaires que la cohérence des données (voir Bouley et al., 2003, pour une discussion sur les Trésors en ASS)[7].

Initiatives des bailleurs depuis 1996

En 1996, le FMI a lancé un plan d’assistance aux INS visant à améliorer leurs données dans le domaine macroéconomique, la faiblesse de ces données ayant contribué aux crises des années 90. Cet effort s’est traduit au niveau de la plupart des pays de l’ASS par la mise en œuvre du Système général de diffusion des données (SGDD, ou GDDS en anglais[8]), un processus volontaire par lequel les pays s’engageaient à améliorer la qualité des données produites par les INS et destinées à l’analyse macroéconomique. Les pays membres participant au système définissaient eux-mêmes leurs priorités au sein d’un plan de développement statistique comportant des objectifs et des outils de diagnostic. Les bailleurs ont collaboré avec le FMI et soutenu cet effort par le biais d’assistance technique. Tous les deux ou trois ans, le FMI a effectué un audit de cette initiative[9]. La revue de 2008 est particulièrement intéressante parce qu’elle a constaté qu’un accent excessif avait été placé sur les métadonnées, c’est-à-dire les « données sur les données », ou données de référence qui décrivent celles-ci (e.g. voir Froeschi et al., 2003, et Grossman et Denk, 2011)[10] et les vertus d’un échange standardisé entre INS au niveau international au détriment des données elles-mêmes. Une réorientation vers la production et la dissémination des données était nécessaire. Comme le montrent Enoch et Kibuka (2009), la crise de 2008 avait une nouvelle fois souligné l’importance des statistiques pour encadrer les politiques de prévention des crises. Or, si les métadonnées étaient disponibles, les données elles-mêmes ne l’étaient pas en temps et en heure. Et lorsqu’elles l’étaient, elles étaient négligées par les acteurs gouvernementaux en charge de gérer la crise. Quant aux INS, ils n’avaient toujours pas été en mesure de pleinement jouer le rôle qui aurait dû être le leur[11].

D’autres efforts étaient également entrepris par les bailleurs qui, s’ils ne ciblaient pas directement les INS, pouvaient contribuer à accroître leur importance dans l’appareil d’État puisqu’ils se focalisaient sur tous les aspects économiques importants de la bonne gestion des deniers publics, en particulier en ce qui concerne le FMI, dans le domaine de la transparence[12]. Parallèlement au FMI, la Banque mondiale a créé des instruments d’analyse et d’appui, essentiellement liés aux besoins des politiques de développement dont certaines pouvaient aider les INS (analyses des dépenses publiques ; études sur la gestion des dépenses publiques et des pratiques comptables ; examens institutionnels et de performance du pays)[13].

Toutes ces initiatives, sauf peut-être dans leurs plus récents développements, n’ont que peu contribué à accroître le rôle des INS. La mise en œuvre de l’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) en septembre 1996 semblait pourtant plus prometteuse. Il s’agissait de définir une approche globale pour ramener la charge de la dette extérieure de ces pays à un niveau soutenable dans un délai relativement court pour assurer qu’aucun pays pauvre ne soit confronté à une charge d’endettement qu’il ne puisse gérer. La plupart des pays ayant entrepris l’évaluation PPTE étaient situés en Afrique sub-saharienne[14].

Les évaluations faites conjointement par plusieurs bailleurs ayant démontré l’efficacité d’un système d’évaluation de la GFP basé sur des indicateurs cohérents, l’idée d’élargir l’exercice semblait naturelle. C’est ainsi que le Programme ‘Dépenses publiques et Responsabilité financière’ (ou ‘Public Expenditure and Financial Accountability’ pour PEFA) a été créé en 2001 par sept partenaires internationaux du développement[15]. Le Cadre PEFA est plus complet que le cadre PPTE mais lui non plus ne fait pas la part belle aux INS au sens où les critères utilisés sont relatifs aux données (chiffrées ou pas) produites par les MdFs. Le lien avec la nécessité de renforcer les capacités des INS n’y est pas explicitement fait. La meilleure manière de produire ces données est plutôt laissée aux pays ainsi qu’à l’appréciation des bailleurs dans le cadre de leurs activités d’assistance technique qui résultent du diagnostic PEFA.

Impact de la marginalisation des INS sur la GFP en ASS

Au total, les INS des pays d’ASS ont été largement absents des préoccupations qui avaient gouverné l’adoption des récents outils de GFP. Pire sans doute, de nombreux pays en ASS ont abandonné leurs propres statistiques officielles au profit d’estimations qui ont été concoctées pour la préparation du TOFE de la période concernée. Ceci ne peut en aucun cas constituer une bonne base pour l’élaboration d’un cadre de dépense à moyen terme. Sans surprise, on a déjà constaté plus haut que les indicateurs PEFA relatifs aux perspectives pluriannuelles de la préparation budgétaire sont particulièrement pauvres en ASS. Cette marginalisation a créé un cercle vicieux : elle a contribué à la pénurie de ressources budgétisées pour les INS et ce manque de ressources a nui à la qualité et la pertinence des travaux qui y étaient effectués, ce qui renforçait le désintérêt général. Les INS font, encore une fois, figure de parents pauvres au sein des administrations dans les pays d’ASS.

Une présence trop maigre des INS dans les débats concernant la GFP ne se réduit pas à la chronique d’une mort annoncée, mais elle a des implications extrêmement néfastes à la bonne gestion publique comme le montrent les travaux de Adam et al. (2014), portant sur les pays d’Afrique Centrale riches en ressources naturelles. Les carences constatées se retrouvent au niveau du reste de la région (les pays sans importantes ressources naturelles) où l’on observe aussi que la collecte des données statistiques reste défaillante et que le cadre statistique se caractérise par l’insuffisance de données de bonne qualité et le manque de mise à jour. Ces auteurs concluent que ces faiblesses contribuent aux défaillances des politiques macro-économiques.

Mais les dommages causés par le manque de présence des INS vont beaucoup plus loin. Adam et al. (2014) identifient une des causes principales de l’absence d’un cadre à moyen terme dans les pays dotés de richesses naturelles : la dispersion des responsabilités pour la production des statistiques entre différentes administrations et la fréquence insuffisante de leur révision. On observe en effet que plusieurs services participent à la collecte et au traitement de ces informations statistiques mais sans coordination : les INS, les ministères de tutelle, les administrations décentralisées, les banques centrales, etc. La pénurie de moyens explique aussi pourquoi les services de coordination statistique (ou le conseil national de la statistique) ne fonctionnent pas. Il s’ensuit que le temps nécessaire à la révision des données par les INS est trop long pour que les MdFs puissent utilement les intégrer dans leurs projections macroéconomiques. Les séries présentées dans les publications statistiques nationales (c’est-à-dire essentiellement les comptes nationaux et les agrégats macroéconomiques) se réduisent trop souvent à des estimations ou des extrapolations et non des données concrètes collectées sur le terrain[16].

Ce vide créé par l’absence des INS du débat économique est donc regrettable à plus d’un titre. D’une part, les autres services de l’Etat sont contraints de produire les estimations dont ils ont besoin, ce qui utilise des ressources rares tout en créant une confusion souvent couplée à une concurrence malsaine entre services. D’autre part, les INS contribuent ainsi à accélérer leur propre marginalisation et les autres services prennent de moins en moins la peine de corriger leurs estimations passées, les considérant comme données établies. Enfin, l’absence d’un INS fort ouvre la porte aux pressions politiques qui, ne s’appliquant plus aux INS (qui ont acquis une totale indépendance par rapport à leur seul client) s’exercent sur ceux qui de facto les remplacent. Nous regrettons que la chèrement acquise indépendance des INS se soit accompagnée d’une distanciation par rapport au MdF qui a nui à la ‘relevance’ des INS autant qu’à leur financement et a contribué à la marginalisation. Nous rejoignons donc Lequiller (2018) en argumentant que cette indépendance ne doit en aucun cas empêcher une collaboration à la fois étroite et indispensable avec le MdF.

Quelques leçons en guise de conclusion

Parmi les recommandations de Adam et al. (2014), nous sélectionnons celles qui concernent directement les INS et nécessitent en prérequis un rattachement au MdF, ce que nous soutenons aussi :

  • En amont, les INS doivent accroître leur capacité à produire des données fiables et à jour, en particulier pour les données de GFP, comme c’est le cas en Europe (voir Lequiller, 2018). Il s’agit là d’une importante condition nécessaire pour que l’État utilise les données des INS. Il est en outre essentiel d’améliorer la qualité des données entrantes puisque même un très bon modèle n’échappe pas à la règle ‘Garbage In Garbage Out.’ Dans le même temps, les INS doivent recruter et conserver des agents qualifiés en leur offrant des conditions de travail intéressantes et notamment des rémunérations compétitives ; et
  • Les INS doivent améliorer leur capacité d’analyse pour ajouter de la valeur à leurs produits et accroître ainsi la pertinence de leur contribution. À l’heure actuelle, il n’est pas systématiquement demandé aux INS de commenter les données qu’ils produisent, celles-ci étant souvent jugées sans intérêt lorsqu’il s’agit de procéder à des choix pressants dans le domaine de la politique publique.

Cet effort nécessiterait toutefois la mise en route d’un cercle vertueux par lequel les bailleurs, sur base d’un plan d’action approprié, amèneraient les fonds nécessaires. Actuellement, il existe toujours un vide entre les initiatives de type SDDS qui insistent sur les métadonnées et le PEFA qui s’intéresse aux résultats observés. Il faudrait donc aussi faire apparaître et spécifier le rôle des INS dans la prochaine révision des instruments d’évaluation de la GFP (i.e. prochaine révision du PEFA). Un simple financement ne pourra toutefois pas suffire. Il sera aussi nécessaire de coordonner l’intervention des bailleurs avec les INS des pays avancés. De ce côté, il faudra s’assurer que l’assistance technique est bien en ligne avec les besoins des pays et donc que les efforts fournis ne se cantonnent pas à des interventions hautement sophistiquées qui ne seraient pas soutenables et consommeraient des ressources qui seraient mieux utilisées pour des tâches peut-être plus simples mais prioritaires[17]. Cette réflexion nous est dictée par l’observation (Bouley et al., 2020) que dans le secteur de la GFP, les réformes de seconde ou troisième génération (e.g. budgets programmes, comptabilité en droits constatés) se sont souvent faites au détriment de priorités (e.g. tenue des comptes) plus essentielles mais aussi moins attrayantes pour les bailleurs. Une claire priorité des tâches est donc essentielle.

 

*Les auteurs ont été employés du Fonds Monétaire International (FMI). Les vues exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles du FMI ou de toute autre organisation à laquelle ils auraient appartenu. Actuellement, les auteurs sont respectivement consultant et professeur à l’Université d’Essex (Colchester, UK). Ils remercient Samir Jahjah, François Lequiller et Danielle Meuwly pour leurs suggestions sur ce texte. Ils saisissent aussi cette occasion pour remercier les nombreuses personnes avec lesquelles, au cours de leurs carrières, ils ont discuté de ces sujets : Jan Bové, Ernst Conrad, John Crotty, Charles Enoch, Donna Grcman, Vincent Marie, Barry Potter, Philip Turnbull et quelques autres.

Mots-clés : Finances publiques – Statistique – Afrique – FMI


Références

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[1] Pendant la période coloniale, les statistiques étaient généralement compilées de manière centralisée en Europe (e.g. au ministère des Colonies en France).

[2] La liste de tous les INS par pays se trouve sur le site Wikipédia et, pour la plupart, un historique retrace le cheminement des INS à travers les ans et les ministères de tutelle (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_instituts_officiels_de_statistique).

[3] L’efficacité avait parfois pris le pas sur des principes tenus pour essentiels par la science économique. Ainsi, au Burundi, au Rwanda et en République Démocratique du Congo, ex-colonies belges, c’était la banque centrale qui faisait office de comptable de l’Etat. Il y avait là rupture d’un principe économique fondamental (le banquier tenait les comptes en lieu et place du Trésor), mais une comparaison des résultats PEFA a montré que la comptabilité y était mieux tenue que dans d’autres pays de la région (voir Bouley et al., 2020).

[4] Le premier manuel de statistiques de finances publiques a donc été présenté par le FMI en 1986. Ce manuel avait pour but principal de présenter un cadre théorique et comptable adapté à l’analyse et à l’évaluation des politiques des finances publiques. Il couvre notamment la performance des administrations publiques et plus généralement le secteur public quel que soit le pays. Le manuel propose des classifications qui peuvent être utilisées efficacement dans l’amélioration de la présentation budgétaire, ainsi que dans les résultats de l’exécution budgétaire. Le manuel de 2001 par rapport à celui de 1986 introduit une plus grande transparence dans la présentation des données en intégrant le système de la comptabilité d’exercice, (droits constatés et comptes de patrimoine), enfin le manuel de 2014 présente les données de finances publiques sous la forme de situations financières qui intègrent les flux et les stocks (ou encours).

[5] Le TOFE n’est donc pas établi dans la nomenclature budgétaire des différents Etats mais dans la nomenclature du Manuel de statistiques. De ce fait il permet une comparaison des données entre les pays d’une part et assure d’autre part la cohérence entre les différents comptes macroéconomiques.

[6] Ce sont des faiblesses qui perdurent. Les derniers résultats PEFA (l’instrument est évoqué dans la section suivante de cet article) montrent que dans 23 pays de ASS, la réconciliation des comptes bancaires (PI-22 selon le format de 2011) n’est pas faite (ou mal faite) et pour ce qui est de la réconciliation des régies d’attente, seuls 4 pays d’ASS obtiennent un résultat satisfaisant (A). Les autres indicateurs PEFA qui dépendent de la qualité des comptes sont aussi très pauvres (voir Bouley et al., 2020).

[7] Sur les défis techniques de suivi des dépenses en Afrique Francophone, voir Bouley (2004) et Reflets, (2003).

[8] Référence: https://www.imf.org/en/Publications/Manuals-Guides/Issues/2016/12/31/The-General-Data-Dissemination-System-Guide-for-Participants-and-Users-17802 (voir FMI, 1996, 1997, 1998).

[9] Voir par exemple FMI (2008a, b, c), mais la liste complète se trouve sur le site du FMI.

[10] Voir aussi https://www.imf.org/en/About/Factsheets/Sheets/2016/07/27/15/45/Standards-for-Data-Dissemination ou https://www.imf.org/en/News/Articles/2015/09/28/04/53/sp020216

[11] Notons aussi que la récente introduction du SDDS Plus pourrait amener des progrès mais elle concerne surtout les pays désireux d’accéder au financement par le secteur privé https://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2016/12/31/Proposed-Amendments-to-the-Special-Data-Dissemination-Standard-Plus-and-the-Annex-on-the-PP4979 et donc sa pertinence en ASS est limitée à quelques pays plus avancés.

[12] Data Transparency; Fiscal Transparency; Monetary and Financial Policy Transparency (FSAP); Financial sector standards (also FSAP); Banking Supervision; Securities; Insurance; Payments and Securities Settlement Systems; Anti-Money Laundering and Combating the Financing of Terrorism; Standards concerned with market integrity; Corporate Governance; Accounting; Auditing; Insolvency and creditor rights (dernière version, FMI, 2018).

[13] Voir Laurent (2008) pour les standards internationaux de la bonne gouvernance tels que définis par la Banque Mondiale. Notons que la Banque Mondiale s’est aussi alarmée de l’état des INS (World Bank and PARIS21, 2007).

[14] Ces travaux ont été effectués pendant l’année 2000 (voir FMI, 2001). Les pays de ASS couverts incluaient : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Congo République démocratique, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, République centrafricaine, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, et Zambie. Voir aussi Bouley (2004), et Leruth et Paul (2007).

[15] Ces partenaires étaient : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Commission européenne et les gouvernements britannique, français, norvégien et suisse. Voir PEFA (2016a, b, c, d)

[16] Exemples à l’appui, Adam et al. (2014) notent que, même dans le cas des grands indicateurs, comme le PIB dont les estimations ne devraient pas être contestées, il existe des divergences entre les chiffres des différents services étatiques.

[17] Sans oublier que l’accusation de délais trop importants dans la fourniture des chiffres indispensables de la part des INS est aussi récurrente dans les pays avancés (voir https://www.nzz.ch/wirtschaft/warum-oekonomen-immer-wieder-daneben-liegen-ld.1553014 ).