Le Bitcoin a récemment fait l’objet d’une forte médiatisation : critiques liées à sa consommation d’énergie ou au risque de contribuer au blanchiment d’argent sale… mais aussi envolée des cours et engouement de certains investisseurs. Ceci alors que le changement de paradigme des politiques monétaires mises en œuvre par les grandes banques centrales suscite des interrogations quant au risque de dévalorisation des principales devises traditionnelles. TOBAM a lancé en 2017 le premier fonds ouvert au monde investi en Bitcoin, Yves Choueifaty, son Président Fondateur, répond aux questions de variances.eu pour partager ses points de vue dans ce débat.
Quels sont les éléments qui ont décidé TOBAM, l’entreprise que tu diriges, à lancer dès 2017 un fonds investi en Bitcoins, le seul d’ailleurs dédié à cet actif sur le marché français ?
TOBAM a Ă©tĂ© fondĂ©e il y a 15 ans avec le dĂ©sir de s’affranchir des schĂ©mas de pensĂ©e traditionnels, de penser en dehors de la boĂ®te, de faire de la diversification le cĹ“ur de portefeuille. L’acronyme TOBAM signifie “Think Out of the Box Asset Management”.
Cet état d’esprit d’innovation est alimenté et repose en très grande partie sur la Recherche.
Le cĹ“ur, le moteur de notre sociĂ©tĂ© est sa recherche, il y a 21 mathĂ©maticiens et ingĂ©nieurs impliquĂ©s dans l’effort de recherche chez TOBAM.
Nous avons une grande variété de profils, 17 nationalités différentes et certains de nos salariés ont commencé à s’intéresser au Bitcoin il y a longtemps.
De jeunes « gamers » et autres « crypto » curieux de notre entreprise ont commencé à réfléchir au sujet, à analyser le phénomène, à comprendre son fonctionnement. Notre credo est la diversification, et le Bitcoin est actuellement le summum de l’actif diversifiant.
En 2016, observant que la liquiditĂ© du Bitcoin semblait s’amĂ©liorer significativement annĂ©e après annĂ©e, nous avons dĂ©cidĂ© d’allouer des ressources de recherche permanentes Ă l’Ă©criture d’une thèse d’investissement sur le Bitcoin, alors qu’il nous semblait que le fonctionnement des monnaies avait probablement atteint ses limites.
Quels sont les différents moyens accessibles à un investisseur pour acheter du Bitcoin, et quels sont les avantages d’un fonds par rapport aux autres types d’instruments ?
Il convient de discriminer entre investisseur particulier et investisseur institutionnel. Nous nous adressons uniquement aux investisseurs institutionnels ou professionnels et, dans ce contexte, l’offre de véhicule peut être très différente. Les éléments importants à considérer sont :
– la praticitĂ© du vĂ©hicule, en d’autres termes la facilitĂ© pour un institutionnel d’y accĂ©der (les plateformes par exemple ne sont pas une solution rĂ©aliste pour une caisse de retraite ou un assureur).
– la capacitĂ© du vĂ©hicule Ă rĂ©pliquer de façon prĂ©cise le cours du Bitcoin. De nombreux vĂ©hicules ont des effets de valorisation qui crĂ©ent un dĂ©calage important et donc une forte tracking error[1].
– la gestion des « forks [2]» : pour un investisseur institutionnel la gestion des nombreuses forks potentielles doit ĂŞtre intĂ©grĂ©e, c’est un Ă©lĂ©ment important Ă prendre en compte.
– les risques de crĂ©dit, de contrepartie, et technologiques : il s’agit d’Ă©valuer ces risques en fonction de l’organisation de la solution d’investissement.
– enfin la problĂ©matique de la fiscalitĂ© du vĂ©hicule reste un sujet important pour les institutionnels.
Tous ces éléments plaident pour le véhicule qu’ils connaissent le mieux, le fonds, mais là aussi il faut être vigilant sur les différents éléments, les frais et la qualité de la réplication.

Quel est le mode de gestion de la stratégie de TOBAM sur le Bitcoin ?
Le véhicule que nous proposons est très simple : il s’agit d’un « Fonds Professionnel Spécialisé » (FPS) de droit français, qui réplique systématiquement en physique (pas de produits dérivés) le cours du Bitcoin. Depuis son lancement il y a 4 ans, la tracking error est de 0,6 %. Il n’y a pas de surprise, les investisseurs obtiennent le Bitcoin mais via un véhicule très encadré qu’ils connaissent bien, un fonds.
Les cryptomonnaies sont en plein développement. Quel intérêt représentent-elles pour nos sociétés ?
La mesure nĂ©cessite un Ă©talon. L’économie c’est la production, l’Ă©change et le stockage de biens, services, risques, contrats, valeurs. Pour que cette production, cet Ă©change ou ce stockage aient lieu, il est nĂ©cessaire d’en mesurer la valeur, donc d’avoir un Ă©talon qui en permette aussi le « transport » temporel.
Le principal Ă©cueil des Ă©talons conventionnels de mesure de la valeur, c’est l’Ă©rosion de transport temporel que reprĂ©sente l’inflation monĂ©taire. L’histoire dĂ©montre que lorsqu’une entitĂ© centralisĂ©e dispose du privilège de battre monnaie, elle finit toujours par en abuser, et la monnaie Ă©choue alors Ă accomplir une de ses missions fondamentales, le transport du travail dans le temps.
Le Bitcoin possède de notre point de vue et par construction les qualités fondamentales qui en font, potentiellement, un étalon de mesure et de transport de la valeur: masse monétaire limitée donc non inflationniste (en Bitcoin, évidement inflationniste en euros), inaltérabilité, portabilité, divisibilité, sûreté, peu saisissable, non manipulable, échangeable, infalsifiable.
Par ailleurs je souhaite souligner qu’actuellement l’écosystème du Bitcoin, au-delĂ de son empreinte carbone très faible, permet d’amĂ©liorer la rentabilitĂ© des projets d’énergies renouvelables. L’économie du Bitcoin, du fait de ses besoins Ă©nergĂ©tiques, a fait preuve d’ingĂ©niositĂ© et contribue Ă l’essor sans prĂ©cĂ©dent d’énergies renouvelables moins chères, les acteurs du minage du Bitcoin allant chercher les sources d’énergie lĂ oĂą c’est le plus avantageux pour eux, donc auprès des unitĂ©s de productions d’Ă©nergies renouvelables quand elles sont en surproduction.
Quels sont les avantages de cet actif pour un investisseur ?
Les avantages macroĂ©conomiques sont immenses : ce sont les avantages d’une monnaie bien gĂ©rĂ©e…
Il faut avoir en tĂŞte que le dĂ©veloppement rapide du Bitcoin se fait dans un contexte de dĂ©monstration globale des excès interventionnistes des institutions monĂ©taires depuis de nombreuses annĂ©es. La gestion de la monnaie par les banques centrales atteindra tĂ´t ou tard ses limites si cela n’est dĂ©jĂ le cas. « L’inflation ignorĂ©e » (non reflĂ©tĂ©e dans les indices habituels : vrai coĂ»t de l’immobilier, de la santĂ©, des systèmes d’assurance, de l’Ă©ducation et des systèmes publics en gĂ©nĂ©ral, perçus) est dĂ©jĂ lĂ .
Il faut relire le prix Nobel autrichien d’économie, Friedrich Hayek. Dans son livre publiĂ© en 1976 « Pour une vraie concurrence des monnaies » (titre original « Denationalization of Money« ) il dĂ©veloppe les raisons fondamentales qui font le succès du Bitcoin aujourd’hui. Cet ouvrage est très certainement une des publications les plus importantes sur les problĂ©matiques monĂ©taires. Il y explique notamment que le contrĂ´le direct ou indirect par les Etats de l’émission monĂ©taire conduit Ă des crises rĂ©currentes et Ă un accroissement de l’offre monĂ©taire. Il y prĂ©conise, dans la lignĂ©e de sa vision Ă©conomique, l’idĂ©e d’une mise en concurrence avec des monnaies privĂ©es, ce qui permettrait d’après lui une stabilitĂ© Ă©conomique accrue, inatteignable Ă son avis avec des banques centrales en situation de monopole. Cela est exactement ce qui se passe avec le Bitcoin.
Maintenant pour un investisseur, le Bitcoin est empiriquement un actif :
- Formidablement diversifiant, qui n’est corrélé à aucun autre actif financier traditionnel ou alternatif à ce stade et constitue donc une addition très bénéfique à un portefeuille traditionnel.
- Extrêmement liquide et « échangeable ».
- GĂ©rable traditionnellement, son risque Ă©tant de nature complètement conventionnelle. L’ampleur de ce risque est très Ă©levĂ©e, mais la taille du risque n’a rien Ă voir avec l’« investissabilitĂ© ».
Sur cette idée d’étalon, tu dresses en effet un parallèle avec l’or. Comment justifies-tu cette affirmation un peu provocatrice ?
L’Ă©conomie est une longue quĂŞte de l’Ă©talon de la valeur. Chez TOBAM, nous avons longuement Ă©tudiĂ© les caractĂ©ristiques intrinsèques du Bitcoin et considĂ©rons qu’elles donnent Ă cette crypto-monnaie le potentiel d’être un Ă©talon de valeur.Les caractĂ©ristiques essentielles d’un Ă©talon sont les suivantes : il doit ĂŞtre inaltĂ©rable, non fongible, difficile Ă saisir, non-manipulĂ©, non-inflationniste, et Ă©changeable.
Les trois premiers éléments (inaltérable, non fongible, et difficile à s’en emparer) sont assurés par la sécurité de la blockchain, cette révolution technologique initiée par le Bitcoin en 2008 et depuis largement étendue à d’autres usages ou cryptomonnaies.
La dimension non-manipulable et non-inflationniste du Bitcoin est écrite dans son algorithme : les « émissions » de Bitcoin sont en effet par construction limitées à 21 millions, cette limite devant être atteinte en 2140. Enfin la dimension échangeable a incontestablement très rapidement évolué ces dernières années avec la multiplication des moyens de traiter le Bitcoin. Deux pays aux extrémités du spectre du développement économique, la Suisse et le Venezuela, acceptent même le règlement des taxes et impôts en Bitcoin. Le Bitcoin a donc cours légal.
Pour conclure, le Bitcoin possède nombre des qualitĂ©s prĂŞtĂ©es Ă l’or, certains considèrent le Bitcoin comme « de l’or en mieux », comme une sorte d’or numĂ©rique. En rĂ©alitĂ© je ne suis pas loin de considĂ©rer l’or comme du « Bitcoin en moins bien », l’or Ă©tant en thĂ©orie, potentiellement, massivement inflationniste.
Pour toi, l’hostilité institutionnelle que rencontre le Bitcoin correspond tout à fait aux réactions habituelles face à toute innovation. Peux-tu nous en dire plus ?
Je me suis beaucoup intéressé à la psychologie du changement. J’ai été souvent confronté dans ma carrière à une hostilité assez typique envers certaines des innovations disruptives et cela m’a intéressé de chercher à comprendre le schéma de ces réactions.
Elisabeth Kübler-Ross, une psychologue helvético-américaine, a développé au cours des années 1970 une théorie sur les différentes étapes par lesquelles passe l’être humain après un deuil[3]. Les chercheurs académiques et théoriciens du monde des affaires ont réutilisé assez largement ces travaux dans le monde professionnel pour décrire les phases qui touchent l’être humain lorsqu’il est confronté à un changement.
Ce modèle dit modèle de Kübler-Ross décrit assez précisément le flux de réactions et d’émotions de la société face aux innovations : le choc, le déni, la frustration voire la colère, la dépression, l’expérimentation, puis l’adoption du phénomène.
Je considère que l’acceptation du changement de paradigme que représente le Bitcoin se situe actuellement dans la phase de frustration/colère qui engendre toute sortes de critiques plus ou moins fondées.
Quelle est ta réponse à ces critiques ? Notamment en matière de niveau de risque, de manque de liquidité, de risque de blanchiment d’argent ou de forte empreinte carbone ?
Regardons point par point.
Sur le niveau de risque : le Bitcoin est sans conteste un actif financier extrêmement risqué, extrêmement volatil. Son niveau de risque ne remet pas en cause ses qualités intrinsèques, ni son utilité, en revanche cela détermine la quantité que l’on doit investir. La thèse d’investissement est toujours valable, mais il convient d’investir en proportion du risque que l’on peut/souhaite prendre. Si le Bitcoin est dix fois trop risqué à vos yeux, investissez dix fois moins.
Sur le niveau de liquiditĂ© : le Bitcoin est aujourd’hui plus liquide que par exemple le titre LVMH, première capitalisation boursière europĂ©enne.
Sur le blanchiment d’argent, son immense majoritĂ© se fait en dollars et il ne viendrait Ă l’idĂ©e de personne de remettre en cause le dollar pour autant. Est-ce qu’il faut interdire l’internet parce que les terroristes l’utilisent ? Est-ce qu’il faut interdire les mines de fer parce qu’on produit des armes avec… Les critiques liĂ©es au blanchiment d’argent sont les plus dĂ©raisonnables et celles qui sont le plus motivĂ©es par la passion, la dĂ©magogie ou l’ignorance. Les transactions en Bitcoins sont beaucoup plus traçables que celles effectuĂ©es en Euros, TOUTES les transactions en Bitcoins sont publiques, c’est d’ailleurs l’avis de Tracfin et d’Europol[4].Â
Sur le sujet des Ă©missions carbone, c’est un sujet très important pour TOBAM qui s’est engagĂ© très tĂ´t sur les enjeux de dĂ©forestation et d’empreinte carbone. Nous avons fait des recherches prĂ©cises dont les rĂ©sultats confirment ceux d’Oxford et du MIT sur le sujet. Les Ă©missions annuelles du Bitcoin sont du mĂŞme ordre de grandeur que celles d’une entreprise moyenne du S&P 500, et sont de toutes façons destinĂ©es Ă baisser asymptotiquement Ă zĂ©ro du fait de la division systĂ©matique par deux, tous les 4 ans, des quantitĂ©s de Bitcoins minĂ©s (« halving« ).Â
En dĂ©finitive, tu considères que le bitcoin est promis Ă un bel avenir. Mais n’y a-t-il pas des scĂ©narios nĂ©gatifs pour son Ă©volution ?Â
Il existe à mes yeux deux scénarios adverses au Bitcoin.
Le Bitcoin rĂ©pond Ă un besoin : le risque de mauvaise gestion de la monnaie par les banques centrales. Le premier scĂ©nario adverse repose sur la disparition de ce besoin : il faudrait que les banques centrales se mettent Ă gĂ©rer la monnaie de manière complètement convaincante et qu’elles donnent moins l’impression d’une fuite en avant.
Le deuxième scénario repose sur le remplacement du Bitcoin et de son rôle par un meilleur objet monétaire. En quelque sorte, que le marché trouve mieux que le Bitcoin.
Le troisième scĂ©nario n’est pas adverse, il consisterait en fait en une victoire de la thèse du Bitcoin : une « interdiction » du Bitcoin par les banques centrales, qui outre son inapplicabilitĂ© et son illĂ©gitimitĂ©, serait la dĂ©monstration ultime de l’Ă©chec des banques centrales Ă convaincre.
Un certain nombre de banques centrales réfléchissent au lancement de monnaies digitales. Comment analyses-tu la concurrence entre ces projets et le Bitcoin en particulier ?
S’il s’agit d’une cryptomonnaie, fongible Ă une monnaie existante, elle concurrencerait le Bitcoin aussi bien que la monnaie en question…
S’il s’agit d’une cryptomonnaie, non-fongible Ă une monnaie existante, elle serait un aveu de l’utilitĂ© du Bitcoin …
Si l’offre de cette monnaie Ă©tait limitĂ©e mais pas de façon stricte, sous la « bonne » gouvernance d’un conseil d’administration, le risque serait grand qu’elle rĂ©invente simplement le Bitcoin… en moins bien.
Le Bitcoin a connu après son lancement une correction sévère, avant de voir son cours s’envoler depuis 3 ans. Cette volatilité n’est-elle pas préoccupante ?
La volatilitĂ© est simplement une bonne indication de l’Ă©norme potentiel d’apprĂ©ciation qu’il a par rapport Ă son niveau actuel. C’est quand un actif s’apprĂ©cie sans volatilitĂ© qu’il faut s’inquiĂ©ter !
Le Bitcoin est sans conteste un actif financier extrêmement risqué, extrêmement volatil. Son niveau de risque ne remet pas en cause ses qualités intrinsèques, ni son utilité, en revanche cela détermine la quantité que l’on doit y investir. Il n’est pas rationnel de disqualifier un actif du fait de sa volatilité.
Sur la correction du Bitcoin, j’ai une analogie intéressante avec Amazon. Au lendemain du krach technologique en 2000 quelques années après son introduction en bourse, Amazon perd en quelques semaines près de 95 % de sa valeur (de 106 $ à 6 $), il mettra plus de 8 années à retrouver son plus haut niveau. Plus de 21 années plus tard, le cours d’Amazon est au-dessus de 3000 $.
Le Bitcoin en 2018 perd près de 85 % de sa valeur (de 20 000 $ à 3 000 $) … qu’il mettra moins de deux années à retrouver. Je ne sais pas combien vaudra un BTC en 2039…

Après l’envolĂ©e des cours depuis un an, quelles anticipations pour le cours du bitcoin ? Â
Sous rĂ©serve de non-rĂ©alisation des scĂ©narios adverses citĂ©s plus haut et du fait de l’offre limitĂ©e Ă 21 000 000 de BTC le potentiel d’apprĂ©ciation est Ă©norme.
Laisse-moi finir par une « boutade » : le Bitcoin s’est apprĂ©ciĂ©, apprĂ©ciĂ©, apprĂ©ciĂ©, et il va continuer de s’apprĂ©cier, s’apprĂ©cier, s’apprĂ©cier, et Ă la fin on s’apercevra que c’est l’euro qui a fini par baisser !
Yves Choueifaty (ENSAE 1992) est Président et fondateur de TOBAM[5], société de gestion ( Actifs sous gestion de 12 milliards $) établie à Paris, Dublin, New York et Hong Kong. Il était auparavant Directeur Général de Crédit Lyonnais Asset Management.
[1] La tracking error est la variance de l’écart entre la valeur d’un portefeuille et celle de son indice de référence
[2] Fork : la crĂ©ation d’une nouvelle crypto-monnaie à partir d’une ancienne. Un « fork », que l’on pourrait traduire en français par « fourche » ou « embranchement » est un terme très usitĂ© en informatique qui fait rĂ©fĂ©rence Ă un logiciel créé Ă partir du code source d’un autre.
[3] Source : TOBAM à partir des travaux de Elisabeth Kübler-Ross « On death and dying » (1969)
[4] Voir par exemple https://bitcoin.fr/crypto-actifs-le-nouveau-rapport-de-tracfin/
[5] “European Asset Management Firm of the Year” (assets under €20bn) Funds Europe Awards 2020, London, “Most Sustainable Company in the Investment Industry”, World Finance Sustainability Awards, 2019
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La consommation Ă©lectrique du Bitcoin reprĂ©sente entre 0,15% et 0,3% de la consommation Ă©nergĂ©tique mondiale selon les Ă©tudes. Autant dire que si cela correspondait Ă la consommation moyenne d’une entreprise du S&P 500, alors le S&P 500 consommerait la totalitĂ© de l’Ă©nergie mondiale, ce qui est absurde. Autant pour l’allĂ©gation « Les Ă©missions annuelles du Bitcoin sont du mĂŞme ordre de grandeur que celles d’une entreprise moyenne du S&P 500″…
De mĂŞme l’allĂ©gation selon laquelle cette consommation Ă©nergĂ©tique baisserait avec le volume d’Ă©mission du nouveaux bitcoins est fausse, et ce pour la bonne raison que la consommation Ă©nergĂ©tique de Bitcoin n’est pas liĂ©e Ă l’Ă©mission de nouveau bitcoins… Elle est liĂ©e Ă la crĂ©ation de blocs contenant les transactions effectuĂ©es. Plus prĂ©cisĂ©ment elle est liĂ©e au mĂ©canisme de Proof of Work, coeur au fonctionnement du rĂ©seau Bitcoin. Ce mĂ©canisme exige des mineurs une « preuve » qu’ils ont « travaillé » pendant environ 10 minutes, le premier mineur ayant fini le « travail » obtenant le droit d’Ă©mettre le bloc et la rĂ©munĂ©ration affĂ©rente (% de la transaction). Ce « travail » consiste littĂ©ralement Ă effectuer des multiplications, sans usage autre rĂ©ellement que de faire passer le temps. Donc non seulement cette consommation Ă©nergĂ©tique est intrinsèque au fonctionnement du rĂ©seau, non seulement elle n’est pas liĂ©e Ă l’Ă©mission de nouveaux bitcoins, non seulement elle ne baissera que si le volume de **transactions** diminue (et donc la valeur mĂŞme des bitcoins) mais en plus elle n’a ni sens ni finalitĂ© autre qu’elle-mĂŞme.
Je précise que ceci est propre à Bitcoin et quelques autres crypto basée sur Proof of Work, mais en aucun cas à tous les réseaux crypto et encore moins à la technologie blockchain elle-même.
Bref peinturlurer Bitcoin en parangon d’une finance raisonnĂ©e et respectueuse de l’environnement, c’est juste du greenwashing assez gonflĂ©. MĂŞme si ce discours est devenu Ă la mode ces temps-ci, il est juste totalement faux.
J’ai citĂ© mes sources (MIT et Oxford):https://www.cell.com/joule/pdf/S2542-4351(19)30255-7.pdf ou https://cbeci.org/ c’est facile Ă calculer en fait.
D’autre part compenser la trace carbone du BTC (ce que je fais) n’est pas onĂ©reux, c’est le choix de l’investisseur.
Je suis le fondateur de Wenow, TOBAM compense 300% de ses émission carbone , je compense celles de ma famille depuis 23 ans, pas sûr que je sois la personne la plus « accusable » de green washing
D’accord avec Matthieu Hug.
Svp ajoutez “publicité” en haut de cet article. Rien de choquant à faire la pub d’un fond et d’un actif reconnu comme “extrêmement volatile” ce qui l’empêche d’être “réserve de valeur”. Mais alors rien à voir avec le titre et divers passages désinformant sur la notion économique de “monnaie” sans que l’intervieweur réagisse.
Par exemple :
– mĂ©langeant “liquiditĂ© d’un actif” et “monnaie = liquiditĂ© ” ou “masse monetaire limitĂ©e” et plafond Ă 21 millions d’unitĂ©s ce qui crĂ©e artificiellement de la raretĂ©,
– ou encore minimisant le coĂ»t Ă©cologique sans source crĂ©dible, etc.
Les titres Amazon ou Tesla ont un fondement économique, eux!
D’accord aussi avec Marc-Olivier Strauss-Kahn.
Vu le sujet il serait utile que Variances publie cet article avec en regard un autre avis point par point (sur le principe d’accord vs pas d’accord).
SVP ne pas confondre « Opinion » et Publicité.
Votre rĂ©ponse est assez dĂ©cevante pour un cadre de la BdF. Je n’ai pas dit que le BTC Ă©tait une rĂ©serve de valeur, mais qu’il avait les qualitĂ©s fondamentales pour potentiellement le devenir un jour.
L’euro , lui, ne les a pas, la BCE se donnant un objectif, avouĂ©, d’inflation non nulle.
L’inflation peut ĂŞtre souhaitable (ou pas), mais un actif condamnĂ© Ă se dĂ©prĂ©cier du fait de l’action de l’Ă©metteur n’est pas une rĂ©serve de valeur.
Sur mes confusions et « mĂ©langes »: vous donnez l’impression de ne pas comprendre grand chose Ă mon article et encore moins Ă la thèse qui soutient le Bitcoin, et bien, un prĂŞtĂ© pour un rendu : j’avoue ne plus comprendre grand chose au Dollar et Ă l’Euro et Ă la manière dont ils sont administrĂ©s depuis 2008 (au moins)!
Bien Ă vous pour une discussion plus constructive que celle que vous entamez…
Nous vous remercions tous les trois de vos commentaires et en particulier des contre-arguments de Matthieu Hug sur la consommation d’énergie gĂ©nĂ©rĂ©e par le Bitcoin. Je rappelle Ă cette occasion que variances.eu est attachĂ© Ă la diversitĂ© des points de vue, Ă partir du moment oĂą ils sont Ă©tayĂ©s. Nous Ă©tions consicents que cet article d’Yves Choueifaty Ă©tait susceptible de susciter des rĂ©actions, mais il nous a semblĂ© intĂ©ressant de le publier car cette position favorable au Bitcoin trouve un certain Ă©cho dans la sociĂ©tĂ© et son auteur dispose d’une forte notoriĂ©tĂ© dans la gestion d’actifs française. Nous avons dĂ©jĂ publiĂ© des articles analytiques ou critiques sur le Bitcoin, et ce sera encore très prochainement le cas, dans l’objectif d’enrichir les dĂ©bats sur ce sujet d’actualitĂ©. Et merci de votre fidĂ©litĂ©.
Eric Tazé-Bernard, responsable de la publication