Le Bitcoin a rĂ©cemment fait l’objet d’une forte mĂ©diatisation : critiques liĂ©es Ă  sa consommation d’énergie ou au risque de contribuer au blanchiment d’argent sale
 mais aussi envolĂ©e des cours et engouement de certains investisseurs. Ceci alors que le changement de paradigme des politiques monĂ©taires mises en Ɠuvre par les grandes banques centrales suscite des interrogations quant au risque de dĂ©valorisation des principales devises traditionnelles. TOBAM a lancĂ© en 2017 le premier fonds ouvert au monde investi en Bitcoin, Yves Choueifaty, son PrĂ©sident Fondateur, rĂ©pond aux questions de variances.eu pour partager ses points de vue dans ce dĂ©bat.

Quels sont les Ă©lĂ©ments qui ont dĂ©cidĂ© TOBAM, l’entreprise que tu diriges, Ă  lancer dĂšs 2017 un fonds investi en Bitcoins, le seul d’ailleurs dĂ©diĂ© Ă  cet actif sur le marchĂ© français ?

TOBAM a Ă©tĂ© fondĂ©e il y a 15 ans avec le dĂ©sir de s’affranchir des schĂ©mas de pensĂ©e traditionnels, de penser en dehors de la boĂźte, de faire de la diversification le cƓur de portefeuille. L’acronyme TOBAM signifie “Think Out of the Box Asset Management”.

Cet Ă©tat d’esprit d’innovation est alimentĂ© et repose en trĂšs grande partie sur la Recherche.

Le cƓur, le moteur de notre sociĂ©tĂ© est sa recherche, il y a 21 mathĂ©maticiens et ingĂ©nieurs impliquĂ©s dans l’effort de recherche chez TOBAM.

Nous avons une grande variĂ©tĂ© de profils, 17 nationalitĂ©s diffĂ©rentes et certains de nos salariĂ©s ont commencĂ© Ă  s’intĂ©resser au Bitcoin il y a longtemps.

De jeunes « gamers » et autres « crypto » curieux de notre entreprise ont commencĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir au sujet, Ă  analyser le phĂ©nomĂšne, Ă  comprendre son fonctionnement. Notre credo est la diversification, et le Bitcoin est actuellement le summum de l’actif diversifiant.

En 2016, observant que la liquiditĂ© du Bitcoin semblait s’amĂ©liorer significativement annĂ©e aprĂšs annĂ©e, nous avons dĂ©cidĂ© d’allouer des ressources de recherche permanentes Ă  l’Ă©criture d’une thĂšse d’investissement sur le Bitcoin, alors qu’il nous semblait que le fonctionnement des monnaies avait probablement atteint ses limites.

Quels sont les diffĂ©rents moyens accessibles Ă  un investisseur pour acheter du Bitcoin, et quels sont les avantages d’un fonds par rapport aux autres types d’instruments ?

Il convient de discriminer entre investisseur particulier et investisseur institutionnel. Nous nous adressons uniquement aux investisseurs institutionnels ou professionnels et, dans ce contexte, l’offre de vĂ©hicule peut ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente. Les Ă©lĂ©ments importants Ă  considĂ©rer sont :

– la praticitĂ© du vĂ©hicule, en d’autres termes la facilitĂ© pour un institutionnel d’y accĂ©der (les plateformes par exemple ne sont pas une solution rĂ©aliste pour une caisse de retraite ou un assureur).

– la capacitĂ© du vĂ©hicule Ă  rĂ©pliquer de façon prĂ©cise le cours du Bitcoin. De nombreux vĂ©hicules ont des effets de valorisation qui crĂ©ent un dĂ©calage important et donc une forte tracking error[1].

– la gestion des « forks [2]» : pour un investisseur institutionnel la gestion des nombreuses forks potentielles doit ĂȘtre intĂ©grĂ©e, c’est un Ă©lĂ©ment important Ă  prendre en compte.

– les risques de crĂ©dit, de contrepartie, et technologiques : il s’agit d’Ă©valuer ces risques en fonction de l’organisation de la solution d’investissement.

– enfin la problĂ©matique de la fiscalitĂ© du vĂ©hicule reste un sujet important pour les institutionnels.

Tous ces Ă©lĂ©ments plaident pour le vĂ©hicule qu’ils connaissent le mieux, le fonds, mais lĂ  aussi il faut ĂȘtre vigilant sur les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments, les frais et la qualitĂ© de la rĂ©plication.

Quel est le mode de gestion de la stratégie de TOBAM sur le Bitcoin ?

Le vĂ©hicule que nous proposons est trĂšs simple : il s’agit d’un « Fonds Professionnel SpĂ©cialisé » (FPS) de droit français, qui rĂ©plique systĂ©matiquement en physique (pas de produits dĂ©rivĂ©s) le cours du Bitcoin. Depuis son lancement il y a 4 ans, la tracking error est de 0,6 %. Il n’y a pas de surprise, les investisseurs obtiennent le Bitcoin mais via un vĂ©hicule trĂšs encadrĂ© qu’ils connaissent bien, un fonds.

Les cryptomonnaies sont en plein dĂ©veloppement. Quel intĂ©rĂȘt reprĂ©sentent-elles pour nos sociĂ©tĂ©s ?

La mesure nĂ©cessite un Ă©talon. L’économie c’est la production, l’Ă©change et le stockage de biens, services, risques, contrats, valeurs. Pour que cette production, cet Ă©change ou ce stockage aient lieu, il est nĂ©cessaire d’en mesurer la valeur, donc d’avoir un Ă©talon qui en permette aussi le « transport » temporel.

Le principal Ă©cueil des Ă©talons conventionnels de mesure de la valeur, c’est l’Ă©rosion de transport temporel que reprĂ©sente l’inflation monĂ©taire. L’histoire dĂ©montre que lorsqu’une entitĂ© centralisĂ©e dispose du privilĂšge de battre monnaie, elle finit toujours par en abuser, et la monnaie Ă©choue alors Ă  accomplir une de ses missions fondamentales, le transport du travail dans le temps.

Le Bitcoin possÚde de notre point de vue et par construction les qualités fondamentales qui en font, potentiellement, un étalon de mesure et de transport de la valeur: masse monétaire limitée donc non inflationniste (en Bitcoin, évidement inflationniste en euros), inaltérabilité, portabilité, divisibilité, sûreté, peu saisissable, non manipulable, échangeable, infalsifiable.

Par ailleurs je souhaite souligner qu’actuellement l’écosystĂšme du Bitcoin, au-delĂ  de son empreinte carbone trĂšs faible, permet d’amĂ©liorer la rentabilitĂ© des projets d’énergies renouvelables. L’économie du Bitcoin, du fait de ses besoins Ă©nergĂ©tiques, a fait preuve d’ingĂ©niositĂ© et contribue Ă  l’essor sans prĂ©cĂ©dent d’énergies renouvelables moins chĂšres, les acteurs du minage du Bitcoin allant chercher les sources d’énergie lĂ  oĂč c’est le plus avantageux pour eux, donc auprĂšs des unitĂ©s de productions d’Ă©nergies renouvelables quand elles sont en surproduction.

Quels sont les avantages de cet actif pour un investisseur ?

Les avantages macroĂ©conomiques sont immenses : ce sont les avantages d’une monnaie bien gĂ©rĂ©e


Il faut avoir en tĂȘte que le dĂ©veloppement rapide du Bitcoin se fait dans un contexte de dĂ©monstration globale des excĂšs interventionnistes des institutions monĂ©taires depuis de nombreuses annĂ©es. La gestion de la monnaie par les banques centrales atteindra tĂŽt ou tard ses limites si cela n’est dĂ©jĂ  le cas. « L’inflation ignorĂ©e » (non reflĂ©tĂ©e dans les indices habituels : vrai coĂ»t de l’immobilier, de la santĂ©, des systĂšmes d’assurance, de l’Ă©ducation et des systĂšmes publics en gĂ©nĂ©ral, perçus) est dĂ©jĂ  lĂ .

Il faut relire le prix Nobel autrichien d’économie, Friedrich Hayek. Dans son livre publiĂ© en 1976 « Pour une vraie concurrence des monnaies » (titre original « Denationalization of Money« ) il dĂ©veloppe les raisons fondamentales qui font le succĂšs du Bitcoin aujourd’hui. Cet ouvrage est trĂšs certainement une des publications les plus importantes sur les problĂ©matiques monĂ©taires. Il y explique notamment que le contrĂŽle direct ou indirect par les Etats de l’émission monĂ©taire conduit Ă  des crises rĂ©currentes et Ă  un accroissement de l’offre monĂ©taire. Il y prĂ©conise, dans la lignĂ©e de sa vision Ă©conomique, l’idĂ©e d’une mise en concurrence avec des monnaies privĂ©es, ce qui permettrait d’aprĂšs lui une stabilitĂ© Ă©conomique accrue, inatteignable Ă  son avis avec des banques centrales en situation de monopole. Cela est exactement ce qui se passe avec le Bitcoin.

Maintenant pour un investisseur, le Bitcoin est empiriquement un actif :

  • Formidablement diversifiant, qui n’est corrĂ©lĂ© Ă  aucun autre actif financier traditionnel ou alternatif Ă  ce stade et constitue donc une addition trĂšs bĂ©nĂ©fique Ă  un portefeuille traditionnel.
  • ExtrĂȘmement liquide et « échangeable ».
  • GĂ©rable traditionnellement, son risque Ă©tant de nature complĂštement conventionnelle. L’ampleur de ce risque est trĂšs Ă©levĂ©e, mais la taille du risque n’a rien Ă  voir avec l’« investissabilitĂ© ».

Sur cette idĂ©e d’étalon, tu dresses en effet un parallĂšle avec l’or. Comment justifies-tu cette affirmation un peu provocatrice ?

L’Ă©conomie est une longue quĂȘte de l’Ă©talon de la valeur. Chez TOBAM, nous avons longuement Ă©tudiĂ© les caractĂ©ristiques intrinsĂšques du Bitcoin et considĂ©rons qu’elles donnent Ă  cette crypto-monnaie le potentiel d’ĂȘtre un Ă©talon de valeur.Les caractĂ©ristiques essentielles d’un Ă©talon sont les suivantes : il doit ĂȘtre inaltĂ©rable, non fongible, difficile Ă  saisir, non-manipulĂ©, non-inflationniste, et Ă©changeable.

Les trois premiers Ă©lĂ©ments (inaltĂ©rable, non fongible, et difficile Ă  s’en emparer) sont assurĂ©s par la sĂ©curitĂ© de la blockchain, cette rĂ©volution technologique initiĂ©e par le Bitcoin en 2008 et depuis largement Ă©tendue Ă  d’autres usages ou cryptomonnaies.

La dimension non-manipulable et non-inflationniste du Bitcoin est Ă©crite dans son algorithme : les « émissions » de Bitcoin sont en effet par construction limitĂ©es Ă  21 millions, cette limite devant ĂȘtre atteinte en 2140. Enfin la dimension Ă©changeable a incontestablement trĂšs rapidement Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es avec la multiplication des moyens de traiter le Bitcoin. Deux pays aux extrĂ©mitĂ©s du spectre du dĂ©veloppement Ă©conomique, la Suisse et le Venezuela, acceptent mĂȘme le rĂšglement des taxes et impĂŽts en Bitcoin. Le Bitcoin a donc cours lĂ©gal.

Pour conclure, le Bitcoin possĂšde nombre des qualitĂ©s prĂȘtĂ©es Ă  l’or, certains considĂšrent le Bitcoin comme « de l’or en mieux », comme une sorte d’or numĂ©rique. En rĂ©alitĂ© je ne suis pas loin de considĂ©rer l’or comme du « Bitcoin en moins bien », l’or Ă©tant en thĂ©orie, potentiellement, massivement inflationniste.

Pour toi, l’hostilitĂ© institutionnelle que rencontre le Bitcoin correspond tout Ă  fait aux rĂ©actions habituelles face Ă  toute innovation. Peux-tu nous en dire plus ?

Je me suis beaucoup intĂ©ressĂ© Ă  la psychologie du changement. J’ai Ă©tĂ© souvent confrontĂ© dans ma carriĂšre Ă  une hostilitĂ© assez typique envers certaines des innovations disruptives et cela m’a intĂ©ressĂ© de chercher Ă  comprendre le schĂ©ma de ces rĂ©actions.

Elisabeth KĂŒbler-Ross, une psychologue helvĂ©tico-amĂ©ricaine, a dĂ©veloppĂ© au cours des annĂ©es 1970 une thĂ©orie sur les diffĂ©rentes Ă©tapes par lesquelles passe l’ĂȘtre humain aprĂšs un deuil[3]. Les chercheurs acadĂ©miques et thĂ©oriciens du monde des affaires ont rĂ©utilisĂ© assez largement ces travaux dans le monde professionnel pour dĂ©crire les phases qui touchent l’ĂȘtre humain lorsqu’il est confrontĂ© Ă  un changement.

Ce modĂšle dit modĂšle de KĂŒbler-Ross dĂ©crit assez prĂ©cisĂ©ment le flux de rĂ©actions et d’émotions de la sociĂ©tĂ© face aux innovations : le choc, le dĂ©ni, la frustration voire la colĂšre, la dĂ©pression, l’expĂ©rimentation, puis l’adoption du phĂ©nomĂšne.

Je considĂšre que l’acceptation du changement de paradigme que reprĂ©sente le Bitcoin se situe actuellement dans la phase de frustration/colĂšre qui engendre toute sortes de critiques plus ou moins fondĂ©es.

Quelle est ta rĂ©ponse Ă  ces critiques ? Notamment en matiĂšre de niveau de risque, de manque de liquiditĂ©, de risque de blanchiment d’argent ou de forte empreinte carbone ?

Regardons point par point.

Sur le niveau de risque : le Bitcoin est sans conteste un actif financier extrĂȘmement risquĂ©, extrĂȘmement volatil. Son niveau de risque ne remet pas en cause ses qualitĂ©s intrinsĂšques, ni son utilitĂ©, en revanche cela dĂ©termine la quantitĂ© que l’on doit investir. La thĂšse d’investissement est toujours valable, mais il convient d’investir en proportion du risque que l’on peut/souhaite prendre. Si le Bitcoin est dix fois trop risquĂ© Ă  vos yeux, investissez dix fois moins.

Sur le niveau de liquiditĂ© : le Bitcoin est aujourd’hui plus liquide que par exemple le titre LVMH, premiĂšre capitalisation boursiĂšre europĂ©enne.

Sur le blanchiment d’argent, son immense majoritĂ© se fait en dollars et il ne viendrait Ă  l’idĂ©e de personne de remettre en cause le dollar pour autant. Est-ce qu’il faut interdire l’internet parce que les terroristes l’utilisent ? Est-ce qu’il faut interdire les mines de fer parce qu’on produit des armes avec
 Les critiques liĂ©es au blanchiment d’argent sont les plus dĂ©raisonnables et celles qui sont le plus motivĂ©es par la passion, la dĂ©magogie ou l’ignorance. Les transactions en Bitcoins sont beaucoup plus traçables que celles effectuĂ©es en Euros, TOUTES les transactions en Bitcoins sont publiques, c’est d’ailleurs l’avis de Tracfin et d’Europol[4]. 

Sur le sujet des Ă©missions carbone, c’est un sujet trĂšs important pour TOBAM qui s’est engagĂ© trĂšs tĂŽt sur les enjeux de dĂ©forestation et d’empreinte carbone. Nous avons fait des recherches prĂ©cises dont les rĂ©sultats confirment ceux d’Oxford et du MIT sur le sujet. Les Ă©missions annuelles du Bitcoin sont du mĂȘme ordre de grandeur que celles d’une entreprise moyenne du S&P 500, et sont de toutes façons destinĂ©es Ă  baisser asymptotiquement Ă  zĂ©ro du fait de la division systĂ©matique par deux, tous les 4 ans, des quantitĂ©s de Bitcoins minĂ©s (« halving« ). 

En dĂ©finitive, tu considĂšres que le bitcoin est promis Ă  un bel avenir. Mais n’y a-t-il pas des scĂ©narios nĂ©gatifs pour son Ă©volution ? 

Il existe à mes yeux deux scénarios adverses au Bitcoin.

Le Bitcoin rĂ©pond Ă  un besoin : le risque de mauvaise gestion de la monnaie par les banques centrales. Le premier scĂ©nario adverse repose sur la disparition de ce besoin : il faudrait que les banques centrales se mettent Ă  gĂ©rer la monnaie de maniĂšre complĂštement convaincante et qu’elles donnent moins l’impression d’une fuite en avant.

Le deuxiÚme scénario repose sur le remplacement du Bitcoin et de son rÎle par un meilleur objet monétaire. En quelque sorte, que le marché trouve mieux que le Bitcoin.

Le troisiĂšme scĂ©nario n’est pas adverse, il consisterait en fait en une victoire de la thĂšse du Bitcoin : une « interdiction » du Bitcoin par les banques centrales, qui outre son inapplicabilitĂ© et son illĂ©gitimitĂ©, serait la dĂ©monstration ultime de l’Ă©chec des banques centrales Ă  convaincre.

Un certain nombre de banques centrales réfléchissent au lancement de monnaies digitales. Comment analyses-tu la concurrence entre ces projets et le Bitcoin en particulier ?

S’il s’agit d’une cryptomonnaie, fongible Ă  une monnaie existante, elle concurrencerait le Bitcoin aussi bien que la monnaie en question


S’il s’agit d’une cryptomonnaie, non-fongible Ă  une monnaie existante, elle serait un aveu de l’utilitĂ© du Bitcoin 


Si l’offre de cette monnaie Ă©tait limitĂ©e mais pas de façon stricte, sous la « bonne » gouvernance d’un conseil d’administration, le risque serait grand qu’elle rĂ©invente simplement le Bitcoin
 en moins bien.

Le Bitcoin a connu aprĂšs son lancement une correction sĂ©vĂšre, avant de voir son cours s’envoler depuis 3 ans. Cette volatilitĂ© n’est-elle pas prĂ©occupante ?

La volatilitĂ© est simplement une bonne indication de l’Ă©norme potentiel d’apprĂ©ciation qu’il a par rapport Ă  son niveau actuel. C’est quand un actif s’apprĂ©cie sans volatilitĂ© qu’il faut s’inquiĂ©ter !

Le Bitcoin est sans conteste un actif financier extrĂȘmement risquĂ©, extrĂȘmement volatil. Son niveau de risque ne remet pas en cause ses qualitĂ©s intrinsĂšques, ni son utilitĂ©, en revanche cela dĂ©termine la quantitĂ© que l’on doit y investir. Il n’est pas rationnel de disqualifier un actif du fait de sa volatilitĂ©.

Sur la correction du Bitcoin, j’ai une analogie intĂ©ressante avec Amazon. Au lendemain du krach technologique en 2000 quelques annĂ©es aprĂšs son introduction en bourse, Amazon perd en quelques semaines prĂšs de 95 % de sa valeur (de 106 $ Ă  6 $), il mettra plus de 8 annĂ©es Ă  retrouver son plus haut niveau. Plus de 21 annĂ©es plus tard, le cours d’Amazon est au-dessus de 3000 $.

Le Bitcoin en 2018 perd prĂšs de 85 % de sa valeur (de 20 000 $ Ă  3 000 $) 
 qu’il mettra moins de deux annĂ©es Ă  retrouver. Je ne sais pas combien vaudra un BTC en 2039


AprĂšs l’envolĂ©e des cours depuis un an, quelles anticipations pour le cours du bitcoin ?  

Sous rĂ©serve de non-rĂ©alisation des scĂ©narios adverses citĂ©s plus haut et du fait de l’offre limitĂ©e Ă  21 000 000 de BTC le potentiel d’apprĂ©ciation est Ă©norme.

Laisse-moi finir par une « boutade » : le Bitcoin s’est apprĂ©ciĂ©, apprĂ©ciĂ©, apprĂ©ciĂ©, et il va continuer de s’apprĂ©cier, s’apprĂ©cier, s’apprĂ©cier, et Ă  la fin on s’apercevra que c’est l’euro qui a fini par baisser !

Yves Choueifaty (ENSAE 1992) est Président et fondateur de TOBAM[5], société de gestion ( Actifs sous gestion de 12 milliards $) établie à Paris, Dublin, New York et Hong Kong. Il était auparavant Directeur Général de Crédit Lyonnais Asset Management.

 


[1] La tracking error est la variance de l’écart entre la valeur d’un portefeuille et celle de son indice de rĂ©fĂ©rence

[2] Fork : la crĂ©ation d’une nouvelle crypto-monnaie à partir d’une ancienne. Un « fork », que l’on pourrait traduire en français par « fourche » ou « embranchement » est un terme trĂšs usitĂ© en informatique qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  un logiciel crĂ©Ă© Ă  partir du code source d’un autre.

[3] Source : TOBAM Ă  partir des travaux de Elisabeth KĂŒbler-Ross « On death and dying » (1969)

[4] Voir par exemple https://bitcoin.fr/crypto-actifs-le-nouveau-rapport-de-tracfin/

[5] “European Asset Management Firm of the Year” (assets under €20bn) Funds Europe Awards 2020, London, “Most Sustainable Company in the Investment Industry”, World Finance Sustainability Awards, 2019

Yves Choueifaty
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