Si les inégalités de patrimoine ou de revenus ont fait l’objet de nombreuses études et de constats largement partagés, d’autres inégalités, moins visibles mais non moins patentes, sont observables entre les êtres à la naissance : on peut mentionner l’espérance de vie, la santé physique et mentale, les aptitudes cognitives.

La vie, plus courte, est aussi plus incertaine pour les moins éduqués

Du point de vue individuel, connaître l’espérance de vie ne renseigne pas sur le temps qu’il nous sera donné de vivre. Toutefois chacun devine qu’il vivra un peu plus ou un peu moins que la moyenne de ses concitoyens sachant ses atouts initiaux et ses fragilités. Comme la mortalité infantile est extrêmement faible dans les pays riches et a beaucoup diminué dans les pays pauvres, ce qui occupe la conscience des modernes, c’est l’espérance de vie adulte, c’est-à-dire le maintien en vie après qu’on a traversé l’épreuve d’un décès en bas âge. En même temps que l’espérance de vie a augmenté, la variabilité de l’âge de la mort s’est réduite, c’est un phénomène auquel on a prêté peu d’attention : pourtant l’âge probable de la mort varie beaucoup moins qu’au XIXe siècle. Tuljapurkar et Ewards[1] soulignent que depuis 1940 environ, l’élément déterminant la variabilité de l’âge au décès est due à la variance de l’âge de la mort une fois l’âge adulte atteint. Aujourd’hui, la variation de la durée de vie des adultes représente plus de 90 % de la variabilité de la vie en Suède. La grande faucheuse vient tard, au-delà de 70 ans le plus souvent, mais elle ne fait pas de cadeau. Cependant, « …les adultes peu éduqués ont non seulement une durée de vie moyenne plus courte, mais une longévité plus variable[2] ». La variabilité de l’échéance de la mort parmi les moins éduqués épouse la courbe de mortalité par âge des Suédois de 1900. Pour eux, la mort se sert souvent, aujourd’hui encore, sans crier gare à n’importe quel moment de la vie adulte, alors que chez les plus éduqués elle doit attendre son heure. On n’a guère souligné que, plus encore que la différence d’espérance de vie, l’inégalité vient de la variance de la mortalité, de sorte que la vie des moins éduqués est plus marquée par la fatalité et, au fond, moins personnelle (on fait moins de plan de vie).

Si la durée de la vie se prête aisément à des comparaisons, l’existence d’inégalités à différents points de vue ne permet pas de parler d’inégalité entre les êtres. En effet, la notion d’inégalité suppose de pouvoir définir une relation d’ordre, donc en simplifiant, n’a de sens que s’il n’y a qu’une dimension ou bien si les dimensions distinctes s’alignent en quelque sorte les unes sur les autres formant un faisceau allongé. Dans ce cas, il est logiquement possible d’établir une relation d’ordre, une hiérarchie entre les situations ou les êtres. En raison du nombre des dimensions qui distinguent les êtres humains et du fait qu’il n’y a aucune démonstration convaincante du fait qu’elles se rabattent les unes sur les autres, la possibilité logique d’une hiérarchie entre les êtres est exclue : les différences ne permettent pas de définir une hiérarchie ‘naturelle’. Il reste que nous passons notre temps à nous mesurer en de multiples domaines – du sport aux épreuves scolaires en passant par les hit-parades de la chanson ou les performances des concertistes – et, dans des sociétés dont les statuts à la naissance ne sont plus prescrits par les traditions, ces mesures imprègnent l’ensemble de la vie sociale, servant de justification à une distribution inégale des gratifications.

Inégalité d’aptitudes cognitives 

Je me limite ici aux rapports entre les personnes et je me centre sur quelques aspects des inégalités d’aptitudes cognitives qui sont d’autant plus sensibles que nos sociétés sont grandes consommatrices de performance dans les manipulations symboliques et que le pacte social est, sur ce plan, scellé par la notion de mérite.

Pour la psychométrie, l’intelligence est une réalité sous-jacente, inobservable en tant que telle. Les recherches sur les fonctionnements du cerveau ont conduit à distinguer une composante cristallisée – liée aux choses apprises telles que les opérations arithmétiques et les distinctions sémantiques – d’une composante fluide – la capacité de déduction et d’induction qui dépend relativement peu ou pas des connaissances stockées, et enfin d’une composante spatio-temporelle[3]. Ces composantes sont liées entre elles. Environ la moitié de la variance de cette gamme de capacités cognitives est attribuable à un seul facteur cognitif général. L’intelligence ainsi définie est saisie par les performances à des tests, dont le résultat souvent présenté sous la forme du « quotient intellectuel », marque qu’il s’agit d’une valeur relative à une population. Cette mesure des aptitudes cognitives a fait l’objet de critiques dont certaines sont fondées, d’autres moins[4].  Elle dépend du contexte technique qui prévaut au sein de la société et n’autorise pas à classer les individus comme l’a fait le XIXe siècle. L’intelligence qu’on évalue ainsi depuis un siècle est en réalité le registre d’aptitudes qui préfigure les performances éducatives dans les sociétés nées de l’industrialisation. Des critiques suggèrent que les aptitudes cognitives ainsi mesurées sont variables. Or, l’exigence de stabilité n’a de raison d’être ni dans le temps historique, ni dans celui d’une vie. Le quotient intellectuel n’est pas une quantité fixée à la naissance, il s’agit d’un indice d’une aptitude qui évolue, sollicitée ou au contraire négligée au cours de la croissance.

Sur le plan biologique, l’intelligence dépend de l’action, additive ou synergétique, d’un nombre élevé de gènes qu’il est difficile d’identifier tant l’influence de chacun est faible. Aux héritages génétiques s’ajoutent des influences épigénétiques qui font intervenir l’ARN (forme transcrite de l’ADN qui détermine la formation des protéines) et le milieu physique maternel, c’est-à-dire déjà les influences de l’environnement au sens usuel. Les aptitudes cognitives résultent aussi des transformations indissociablement épigénétiques, sociales et personnelles, qui pour certaines accompagnent, pour d’autres suivent la fécondation et la naissance.

On a découvert, résultat contre-intuitif, que la part génétique des aptitudes cognitives augmente de l’enfance à l’âge adulte, tandis que la part imputée aux différences de milieu social et familial décline.[5] Les expériences qui s’accumulent au cours de la vie sont transformées en aptitudes cognitives générales en fonction d’indications génétiques, comme une image photographique en se révélant déploie la disposition spatiale des traces de bromure d’argent qui y est inscrite.[6] Les recherches actuelles montrent que la part de la variance des aptitudes cognitives déterminée génétiquement s’élève de 50 % dans l’enfance à 80 % à l’âge adulte.[7] Avec l’avancée en âge, le rôle de ces sélections génétiquement induites augmente; corrélativement les études longitudinales sur les jumeaux indiquent que la part des aptitudes cognitives associée au milieu familial qui représente environ 30 % de la variance des performances des enfants de 5-8 ans décline ensuite jusqu’au seuil de l’âge adulte.[8] En grandissant, chacun sélectionne des possibilités offertes dans son environnement en fonction d’appétences liées aux formes des gènes reçus (variables même entre frères et sœurs).

Le consensus actuel indique aussi que la dialectique qui s’instaure entre nature et environnement diffère selon le milieu social. Sur la base d’échantillons de familles suivies dans des programme périnataux, on a constaté que les différences génétiques expliquent une faible part de la variance des aptitudes cognitives des enfants dans les milieux pauvres[9].  Petits, ces enfants sont moins soutenus par les parents –moins de livres, d’échanges verbaux avec les parents, moins de mots entendus. Le milieu de socialisation, ce second « liquide amniotique », s’il sollicite peu les capacités potentielles, a pu retarder l’éveil de la curiosité, du jeu et de l’observation nécessaire au développement des aptitudes cognitives et réduire les compétences langagières.[10] Cela on le comprend aisément, ce que l’on ne savait pas c’est que la part de leurs aptitudes associée aux dotations génétiques par rapport à celle qui dérive de l’environnement est aussi moindre. Lorsque ces enfants grandissent, même si ce n’est pas en pleine conscience, ils peuvent en mobilisant des dispositions tirer plus ou moins parti des possibilités de leur contexte de vie : leur organisation cérébrale en sera affectée en retour. De ce point de vue, la responsabilité individuelle est plus marquée pour les enfants pauvres, dont l’intervention active va diluer les effets du milieu ou bien les accentuer. Plus que les enfants des classes aisés, ces enfants peuvent améliorer leur esprit en l’exerçant et en s’associant avec des frères et sœurs ou des copains disposés en ce sens. Les enfants pauvres des pays riches se distinguent ainsi entre eux par des différences relatives de dotations et de stimulations, et par la façon, individuellement plus variable, dont ils s’emparent de possibilités. En revanche, chez les enfants des classes moyennes l’importance des déterminations génétiques sur les aptitudes cognitives est forte car chacun réalise peu ou prou son potentiel. Dans les pays développés, les enfants de ces familles ont tous un ordinateur, un espace à soi et autres bonnes conditions d’apprentissage. Ce n’est pas en donnant deux ordinateurs à un enfant qui en possède déjà un qu’on élèvera ses aptitudes, ni d’ailleurs sa réussite. Une société qui mettrait tous les enfants dans des écoles ou des pensionnats de qualité produirait une hiérarchie plus étroitement régie par les dotations génétiques, sans nécessairement réduire les inégalités.

On ne doit pas concevoir, nature et nurture[11], les gènes et le social comme les composantes d’un jeu à somme nulle mais d’une manière dynamique, comme deux déterminations dont les interactions sont aussi importantes que les effets spécifiques. Tout cela nous éloigne d’un schéma faisant des hommes des êtres dont les aptitudes cognitives connaissent certes de petites variations autour de la moyenne, mais dépendent surtout de la socialisation.

Que faire ?

Est-ce désespérant, pratiquement et moralement, dans la perspective de relations équitables entre les humains ou, pour reprendre la proposition d’Avishai Margalit,[12] décentes ?

Pas forcément, car les différences de capacités ne sont pas la source légitime des orientations morales. Mais connaître ces déterminations est nécessaire à toute action. D’abord parce que les caractères qui ont un degré élevé d’héritabilité génétique ne sont pas des fatalités : ce qui est hautement héritable peut, parfois, faire l’objet d’une action correctrice. On a donné l’exemple des capacités visuelles très héritables et accessibles à une intervention correctrice externe : le port de lunettes.[13] En outre, quand même les inégalités ne seraient pas vraiment remédiables, cela ne justifie pas d’en faire la base de gratifications très différenciées.

Intervenir tôt dans le développement cognitif, au moment où les enfants eux-mêmes, par leurs interactions avec d’autres et par leurs jeux, agissent sur la formation de leur cerveau et développent leurs potentiels semble, on le sait depuis longtemps, être une voie efficace. Les aptitudes cognitives se développent avec les sollicitations du milieu de naissance, la curiosité et les efforts déployés par chacun pour s’ouvrir au monde. La porte n’est pas fermée par la naissance, des neurones vont apparaître, de nouvelles connexions vont s’établir, et l’usage qu’on va en faire peut, à la marge, modifier la ‘machine’. C’est ce qui alimente une morale de l’effort, c’est aussi ce qui fonde les politiques publiques de soutien et de compensation. Par exemple sachant que les enfants pauvres des pays riches sont souvent gênés scolairement par un manque de focalisation de l’attention, on peut agir pour la renforcer. La focalisation de l’attention fait typiquement partie de ce qu’un instituteur attribue non pas aux capacités cognitives des élèves mais à leur volonté d’apprendre ou à leur détermination à se saisir de leurs chances. Il s’avère toutefois que cette focalisation, l’  « application » dans le vocabulaire des maîtres d’école, est influencée génétiquement[14]. Kaiser et al., observent que les mères ‘consciencieuses’[15] transmettent cette attitude à leurs enfants, ce qui se traduit par une application accrue des enfants. Cette focalisation, acquise dans la prime enfance, qui peut être encouragée par des activités de loisir structurées[16] et centrés sur l’enfant, a un impact sensible sur leur performances scolaires. Or, autant que les mères éduquées, les mères peu éduquées mais consciencieuses tendent à organiser des loisirs structurés tandis que les mères moins éduquées et peu consciencieuses privilégient en général des activités non structurées. De sorte que les mères ‘consciencieuses’ peuvent effacer l’effet d’un environnement éducatif moins favorable. Toutefois, cette attitude des mères à travers le programme éducatif qu’elles adoptent a des effets minimes ou inversement significatifs selon qu’une disposition « appliqué/consciencieux » a été génétiquement transmise ou pas.[17] C’est notamment ce pourquoi les aptitudes cognitives varient d’un frère à l’autre.[18] Efficace surtout pour les enfants que le hasard a doté des ‘bonnes’ dispositions, l’action des mères consciencieuses contribue à placer certains de leurs enfants plus haut dans la hiérarchie des accomplissements scolaires. Le pessimiste ajoutera qu’une action de cette nature, si elle était généralisée[19], pourrait contribuer à une élévation moyenne des aptitudes cognitives des enfants pauvres… qui les placerait en concurrence pour les positions sociales valorisées.

Le contrôle de soi a un coût

On a observé que, comparativement à leurs pairs plus aisés, les adolescents de milieux défavorisés accomplissent moins d’études, ont une prévalence plus élevée de maladies ordinaires, abusent plus de psychotropes et sont plus souvent condamnés pour des infractions pénales. Pour saisir les raisons de ces difficultés, Gregory Miller et ses collègues ont évalué le niveau de maîtrise de soi, qui englobe la notion de focalisation de l’attention, à travers cinq vagues de tests sur des adolescents pauvres de Géorgie rurale.[20] Ils notent d’abord que les adolescents pauvres qui, de manière personnelle ou grâce à des soutiens, sont parvenus à améliorer leur maîtrise d’eux-mêmes manifestent au seuil de l’âge adulte moins de symptômes dépressifs et sensiblement moins d’abus de tabac, d’alcool et de psychotropes. Toutefois l’étude montre aussi que si, pour ces jeunes, l’accession à plus de maîtrise de soi améliore la réussite scolaire et réduit les troubles comportementaux, elle altère la santé, comme en témoigne le vieillissement épigénétique mesuré par la disparité entre le vieillissement biologique et le vieillissement chronologique.[21] Pour ces jeunes ruraux pauvres, afro-américains pour la plupart, acquérir de l’auto-contrôle promet moins de symptômes dépressifs, de consommation d’alcool et d’autres drogues, mais il s’accompagne cependant d’un vieillissement plus rapide.[22]

Certes, l’échantillon est petit, les résultats méritent d’être répliqués, les processus sous-jacents mieux élucidés, toutefois ce protocole dit quelque chose de déroutant pour la morale ordinaire : faites des efforts, vous obtiendrez des gains mais vous serez pénalisés. Cette recherche touche un aspect central de la responsabilité des modernes. Se comporter aujourd’hui en individu libre ayant la maîtrise de soi mobilise de l’énergie plus qu’il n’en était besoin dans les sociétés traditionnelles. L’abstinence se paye. Se réfréner exige bien plus que ‘ne rien faire’, la volonté n’est pas une ressource dont nous disposons en quantité illimitée, c’est une dépense d’énergie au sens le plus physique du terme : du glucose métabolisé et utilisé par les neurones.[23] Le contrôle des actes mentaux ou physiques implique un arbitrage entre des envies à court terme et des désirs à long terme. Et si les succès qu’on obtient, par exemple la perte de poids, renforcent l’estime de soi, qui elle-même ouvre la voie à de nouveaux succès, de tels succès obtenus trop laborieusement peuvent détériorer la santé. Prendre les mêmes risques implique des désordres très différenciés selon les dispositions reçues, qui de plus sont cumulatifs.

Cela pose à l’idéal démocratique un défi très sérieux. La voie qui permet d’organiser un système d’incitations compatible avec des écarts de gratifications modérés et avec le maintien d’un large spectre de libertés égales pour tous, est étroite.

 

Mots clefs : inégalités – aptitudes cognitives – héritage génétique


[1] La variance de l’âge au moment de la mort peut être décomposée en quatre éléments qui dépendent de la valeur de l’espérance de vie de ceux qui meurent avant et après dix ans (fixé comme seuil).

[2] Tuljapurkar, S. & Ewards R. (2011). Variance in Death and Its Implications for Modeling and Forecasting Mortality. Demogr Res. 24-1

[3] L’intelligence fluide est une aptitude qu’on apprécie notamment avec les matrices de Raven (trouver la n+1ème forme dans une série de formes), tandis que la composante spatio-temporelle traduit la capacité à prédire l’aspect d’un objet à l’issue d’une rotation ou d’une autre transformation dans l’espace.

[4] Par aptitudes cognitives ou intelligence on désigne habituellement des caractéristiques sous-jacentes à des performances. Les aptitudes cognitives sont mesurées soit par le score sur la première composante issue d’une analyse en composantes principales d’une batterie de tests ; soit par le QI, score additif à une batterie de tests étalonnée dans une population (le QI est un ratio dont la moyenne est ramenée à 100 et dont la dispersion est normalisée à 15). Johnson, W., Nijenhuis, J. & Bouchard, T., (2008), entre autres, ont montré que les divergences au sein d’une population culturellement homogène adulte liées au choix des batteries de test sont très limitées : Still just 1 g : Consistent results from five test batteries. Intelligence, 36 -1.

[5] Un aspect fortement mis en avant dans les travaux génétiques et ignoré dans les sciences sociales notamment en France.

[6] Ce résultat de l’analyse génétique est, voir Haworth & al 2010.

[7] Jusqu’à ces toutes dernières années, les études menées directement par séquençage ne donnaient pas les mêmes pourcentages de variance expliquée en raison de la faiblesse de la contribution de chaque gène. Il a fallu le recours à de grands échantillons d’individus, l’exploration de 500 000 à 700 000 paires de bases sur les 3 milliards que comporte le génome, et la mise en œuvre de procédures complexes pour obtenir des estimations analogues à celles des études gémellaires. Voir Hill & al. (2018), Genomic analysis of family data reveals additional genetic effects on intelligence and personality. Molecular Psychiatry, 23; et Plomin R & Deary I (2015) Plomin, R. & Deary, I. (2015). Genetics and intelligence differences: five special findings. Molecular Psychiatry, 20 98–108.

[8] « Pourquoi, en dépit des « frondes et des flèches de la fortune », les différences d’origine génétique expliquent-elles de plus en plus les différences dans les capacités cognitives générales ? … La réponse réside dans la corrélation génotype-environnement : à mesure que les enfants grandissent, ils choisissent, modifient et même créent de plus en plus leurs propres expériences en partie en fonction de leurs propensions génétiques. »  Haworth C. & al. (2010). The heritability of general cognitive ability increases linearly from childhood to young adulthood. Mol Psychiatry. 15-11.

[9] La variance des aptitudes cognitives imputable au facteur génétique est faible parmi les enfants des milieux pauvres tandis que l’environnement social est chez ces enfants déterminant, voir l’étude de Turkheimer & al., 2003 Socioeconomic Status Modifies Heritability of IQ in Young Children. Psychological Science, 14 -6.

[10] La contrepartie positive est que doter ces enfants de meilleures conditions d’étude et de stimulations précoces aura indiscutablement un effet bénéfique, au moins sur l’intelligence cristallisée (vocabulaire, syntaxe, calcul).

[11]C’est-à-dire les effets de l’environnement social

[12] La société décente. Paris : Flammarion, 2006.

[13] Inversement, le fait qu’un caractère soit modérément héritable ne préjuge pas qu’il soit possible, s’il est défavorable, d’y remédier par une action externe. L’obésité, très poly-génétique, reste difficile à contrecarrer aujourd’hui.

[14] De même la curiosité d’esprit est en partie héritée. Elle est couramment mesurée dans des échelles comme celle d’ouverture à l’expérience dans les échelles de personnalité.

[15] Le mot ‘consciencieuse’ désigne des mères dont on dit qu’on peut ‘compter sur elles’. Le contraire de la désinvolture.

[16] Des activités organisées ayant des buts à la fois ludiques et d’éveil de l’esprit, la coordination des mouvements et l’endurance.

[17] On estime l’héritabilité mère /enfant de cette disposition à 40 %.

[18] Les frères et sœurs baignent dans une culture commune, un style éducatif les rapproche ; ils ont souvent des attitudes similaires, une foi commune, alors que leurs performances sportives et cognitives, leur santé et leur confiance en eux-mêmes divergent.

[19]  Cela a été amplement démontré par la réussite des programmes des jardins d’enfants : Milwaukee, Abecedarian, Perry School, Project STAR pour les expériences américaines. En Europe, la Suède, la Scandinavie, et l’Allemagne s’engagent dans la création d’environnements liant observation de la nature et étude, avec des effets positifs en termes d’aptitudes. Voir le système préscolaire suédois.

[20] Le protocole Adults in the Making inclut des adolescents, dont près de 50 % vivent dans des familles en dessous du seuil de pauvreté fédéral, qui ont rempli un inventaire d’autocontrôle et un questionnaire sur les symptômes dépressifs, la consommation d’alcool et de drogues ; voir Miller & al. (2015) Self-control forecasts better psychosocial outcomes but faster epigenetic aging in low-SES youth, www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1505063112.

[21] Un biomarqueur, permettant d’évaluer les profils de méthylation de l’ADN de cellules mononucléaires du sang périphérique des enquêtés, a été analysé.

[22] On a commencé à intégrer la maîtrise de soi dans les programmes scolaires et l’action des services sociaux.

[23] L’usage de la volonté pour se réfréner peut se concevoir comme l’usage d’un muscle : cela provoque une fatigue que l’on peut certes surmonter avec le temps ou bien entraîner, mais avec un coût.

Hugues Lagrange