Cet article est une reprise de celui publié sur le site de FIPECO le 9 juillet 2025.


Cette note présente l’évolution des dépenses publiques de 1975 à 2024 par nature, par catégorie d’administrations et par fonction.

De 1975 à 2024, le rapport des dépenses publiques au PIB a augmenté de 11,0 points. Sa hausse a été particulièrement forte (8,0 points) de 1975 à 1985. Depuis 1985, il est sur une tendance plus modérément croissante (3,0 points).

La croissance des dépenses publiques en volume a nettement diminué avec le temps : 3,2 % de 1975 à 1990 puis 2,4 % de 1991 à 2010 et 1,2 % de 2011 à 2024 en moyenne annuelle. La croissance en volume du PIB a toutefois elle aussi diminué, ce qui explique le maintien de la progression du rapport des dépenses au PIB.

Cette augmentation de 11,0 points de PIB est due aux prestations sociales pour 8,4 points, aux subventions et autres transferts pour 2,0 points, à la masse salariale des administrations publiques pour 0,6 point. Le poids des achats courants de biens et services n’a quasiment pas varié. Celui des investissements a baissé de 1,0 point.

La charge des intérêts de la dette publique a d’abord augmenté, de 0,9 % du PIB en 1975 à 3,6 % en 1996 ; la baisse des taux d’intérêt l’a ensuite fait décroître, malgré la hausse de la dette, jusqu’à 1,3 % du PIB en 2020. Elle est depuis remontée jusqu’à 2,1 % du PIB en 2024.

Les dépenses par catégorie d’administrations publiques ne sont disponibles que de 1978 à 2024. Sur cette période, les dépenses des administrations sociales se sont accrues de 7,6 points de PIB. Celles des administrations locales ont augmenté de 3,2 points, pour environ la moitié du fait de transferts de compétences de l’Etat. Le poids des administrations centrales a diminué de 1,2 point.

Les dépenses publiques par fonction ne sont disponibles que de 1995 à 2023. Sur cette période, le total des dépenses publiques primaires (hors intérêts de la dette) a augmenté de 2,5 points de PIB.

Les retraites y ont contribué pour 1,7 point et les dépenses de santé pour 1,8 point. Les dépenses affectées à la sécurité intérieure (justice et forces de l’ordre), à la protection de l’environnement, à la lutte contre l’exclusion et à la culture et aux loisirs y ont contribué à hauteur de 1,2 point au total.  

Le coût des « services généraux » a diminué de 0,6 point et le budget militaire de 0,7 point. Les dépenses en faveur des familles ont baissé de 0,5 point et les dépenses d’enseignement de 0,7 point.

A) Le total des dépenses publiques

Le rapport des dépenses publiques au PIB a d’abord augmenté de 8,0 points entre 1975 et 1984, passant de 46,2 % du PIB en 1975 à 54,2 % en 1985.

De 1985 à 2024, il est resté sur une tendance croissante, mais bien plus modérée que dans la période précédente, ce qui l’a conduit jusqu’à 57,2 % du PIB en 2024, soit une hausse de 3,0 points sur 40 ans et 11,0 points sur 50 ans.

Source : Insee ; FIPECO

Les fluctuations de ce ratio tiennent pour beaucoup à celles de son dénominateur, l’activité économique mesurée par le PIB : reprise d’une forte croissance à la fin des années 1980 ; récession du début des années 1990 ; forte reprise de la croissance à la fin de cette décennie ; crise de 2008-2009 ; rebond en 2010-2011 et faible croissance des années 2012 à 2016 ; reprise de la croissance en 2017 ; récession de 2020 et rebond de l’activité en 2021-2022.

La croissance des dépenses publiques en volume, le déflateur étant le prix du PIB, a nettement diminué avec le temps. Elle a été en moyenne annuelle de 3,2 % de 1975 à 1990, de 2,4 % de 1991 à 2010 et de 1,2 % de 2011 à 2024. La croissance en volume du PIB a elle aussi diminué, ce qui explique le maintien de la progression du rapport des dépenses au PIB. La croissance des dépenses ne s’est adaptée que très progressivement à un régime de croissance de l’activité économique beaucoup plus faible à la suite du premier choc pétrolier.

Source / Insee ; FIPECO.

B) Les dépenses par nature

Sur les 11,0 points de hausse des dépenses publiques en pourcentage du PIB entre 1975 et 2024, les prestations sociales en expliquent 8,4. Elles sont en effet passées de 17,2 % du PIB en 1975 à 25,6 % en 2024. L’évolution de leur rapport au PIB est très proche de celle du rapport des dépenses publiques totales au PIB : forte augmentation sur les 10 premières années ; tendance haussière plus modérée au cours des années suivantes avec des fluctuations largement liées à celles de la croissance économique.

La masse salariale des administrations publiques (hors cotisations de l’Etat employeur) est passée de 10,2 % du PIB en 1975 à 11,8 % en 1985. Ensuite, elle s’est inscrite sur une tendance légèrement décroissante pour revenir à 10,6 % du PIB en 2024 avec des fluctuations limitées.

Les subventions et autres transferts (aux entreprises, aux ménages et aux organisations internationales comme l’Union européenne pour l’essentiel) sont sur une tendance croissante, en passant de 4,6 % du PIB en 1975 à 6,6 % en 2024, soit une contribution de 2,0 points à la progression globale des dépenses. Leur hausse a été plus forte sur les 15 dernières années.

Source : Insee ; FIPECO

Les achats courants de biens et services (consommations intermédiaires en comptabilité nationale) ont peu varié au cours de ces 50 années (environ 5,5 % du PIB en 2024 comme en 1975).

Les investissements des administrations publiques se situent sur une tendance décroissante qui les a fait passer de 5,3 % du PIB en 1975 à 4,3 % en 2024.

La charge des intérêts de la dette publique a d’abord augmenté de 0,9 % du PIB en 1975 jusqu’à 3,6 % en 1996 ; la baisse des taux d’intérêt l’a ensuite fait décroître malgré la hausse de la dette, jusqu’à 1,3 % du PIB en 2020. Elle est de nouveau croissante (2,1 % du PIB en 2024).

Source : Insee ; FIPECO

 

C) Les dépenses par catégories d’administrations publiques

Les dépenses publiques sont ventilées par catégories d’administrations publiques depuis seulement 1978, année où leur total atteignait 46,8 % du PIB. Il a augmenté de 10,4 points de PIB de 1978 à 2024.

Les dépenses de l’Etat comprennent des dotations aux administrations publiques locales et, plus marginalement, sociales. La somme des dépenses des administrations centrales (Etat et organismes publics non-marchands sous son contrôle), locales et sociales (60,9 % du PIB en 2024) est ainsi supérieure au total des dépenses publiques (57,2 % en 2024), qui est calculé en consolidant les transferts entre les diverses administrations publiques.

Sous cette réserve, la hausse du total des dépenses publiques sur ces 46 années provient principalement, à hauteur de 7,6 points, des administrations sociales, dont les dépenses sont passées de 19,0 % du PIB en 1978 à 26,6 % en 2024.

Les administrations publiques locales y ont contribué pour 3,2 points, leurs dépenses passant de 8,1 % du PIB en 1978 à 11,3 % en 2024. Toutefois, cette augmentation résulte pour environ la moitié des transferts de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales.

Source : Insee ; FIPECO

Les dépenses des administrations centrales sont un peu plus faibles en 2024 (23,0 % du PIB) qu’en 1978 (24,2 %) après avoir connu au cours de cette période d’importantes fluctuations liées à la conjoncture économique mais aussi aux transferts de compétences et aux variations des dotations aux autres administrations publiques.

D) Les dépenses par fonction

La répartition des dépenses publiques par fonctions (retraites, santé, éducation, défense etc.) est seulement disponible de 1995 à 2023. Sur cette période, le total des dépenses publiques a augmenté de 0,9 points de PIB et les dépenses primaires (hors charges d’intérêts de la dette) se sont accrues de 2,5 points.

Les dépenses publiques de retraite ont augmenté de 1,7 points de PIB et les dépenses publiques de santé de 1,8 points.

Le poids de la fonction « services généraux » (Premier ministre et assemblées, services fiscaux et comptables, diplomatie, fonctions supports des collectivités locales…)[1] a diminué de 0,6 point.

Les « affaires économiques » constituent un ensemble hétérogène de dépenses affectées notamment à des secteurs comme les transports, l’énergie ou l’agriculture dont le total est stable (il a nettement augmenté en 2020 du fait de dépenses exceptionnelles qui ont ensuite été supprimées).

Les dépenses d’enseignement ont décru de 0,7 point.

Source : Insee ; FIPECO

 

Les dépenses militaires ont fortement diminué (- 0,7 point de PIB), surtout de 1995 à 2005 et celles qui sont affectées à la sécurité intérieure (justice et forces de l’ordre) ont légèrement augmenté (+ 0,2 point). Les dépenses environnementales se sont accrues (+ 0,4 point) et le coût de la politique de l’emploi a légèrement diminué (- 0,2 point).

Source : Insee ; FIPECO

 

Les dépenses publiques affectées à la famille ont baissé de 0,5 point de PIB et celles affectées à la lutte contre l’exclusion ont cru de 0,2 point[2]. Les dépenses culturelles et de loisirs ont augmenté de 0,4 point et le coût de la politique du logement n’a pas varié.

Source : Insee ; FIPECO


[1] En excluant la charge d’intérêts de la dette (incluse dans ces services généraux dans la nomenclature de l’Insee).

[2] La série relative aux dépenses affectées à la lutte contre l’exclusion présente apparemment une rupture en 2004 dont l’origine n’a pas pu être déterminée.