Le codage ISO (des noms) des pays et territoires, des langues, des Ă©critures des signes Ă©crits et des monnaies
La production de lâorganisme mondial de normalisation ISO[1] comprend un ensemble particulier de normes visant un codage Ă vocation universelle dâentitĂ©s gĂ©opolitiques et culturelles de base utilisĂ©es massivement dans le fonctionnement quotidien de la plupart des grands systĂšmes dâinformation traitant de lâinternational. Ces normes particuliĂšres dissimulent une quantitĂ© insoupçonnĂ©e de sujets de discussion pouvant soulever des questions fort dĂ©licates et rĂ©veiller des conflits souvent restĂ©s dans lâimplicite.Â
 Contrairement Ă lâUnion Internationale des TĂ©lĂ©communications (UIT/ITU) qui dĂ©pend de l’ONU, dont lâune des trois missions principales est la normalisation mondiale dans le domaine des tĂ©lĂ©communications lâISO qui a la responsabilitĂ© de la normalisation mondiale gĂ©nĂ©rale, recouvrant tous les domaines normalisĂ©s Ă lâexception des tĂ©lĂ©communications et de lâĂ©lectrotechnique[2], nâest pas une organisation intergouvernementale. LâISO est instituĂ©e comme une fĂ©dĂ©ration rassemblant 164 organismes nationaux, chacun chargĂ© de la normalisation gĂ©nĂ©rale par le pays dans lequel il opĂšre.
Parmi les plus de 23 000 normes ISO, un petit nombre dâentre elles se signale par un niveau dâabstraction conceptuel et gĂ©nĂ©rique Ă©levĂ©, souvent reliĂ© Ă des aspects touchant Ă la gĂ©opolitique et Ă la culture.
Le codage des pays et des territoires
La principale norme de ce type est la norme ISO 3166 « Codes pour la reprĂ©sentation des noms des pays et de leurs subdivisions », qui comprend trois parties : les pays (ISO 3166-1), les subdivisions de pays (ISO 3166-2) et les codes pour les noms de pays antĂ©rieurement utilisĂ©s (ISO 3166-3), qui prend en compte lâhistoire des noms de pays depuis 1973 et Ă laquelle on peut prĂ©fĂ©rer la norme expĂ©rimentale française AFNOR XP Z 44-002[3], qui remonte lâhistoire jusquâen 1815 (CongrĂšs de Vienne).
LâISO 3166-1 code une liste de 249 entrĂ©es reflĂ©tant la situation gĂ©opolitique du monde actuel, correspondant (Ă une exception prĂšs, lâĂźle de Sercq/Sark, qui nâest pas prise en compte dans la partie officielle de la norme ISO) Ă la liste des entrĂ©es du code M 49[4] gĂ©rĂ© par la division de statistique des Nations Unies. Ă cette fin, lâISO 3166-1 propose trois codes distincts permettant de reprĂ©senter chacune des 249 entrĂ©es de la liste des pays et territoires :
- « alpha-2 » constituĂ© dâune suite de deux lettres choisies chacune parmi les vingt-six lettres de lâalphabet latin, Ă©crites en majuscule ;
- « alpha-3 », constituĂ© dâune suite de trois lettres choisies chacune parmi les vingt-six lettres de lâalphabet latin, Ă©crites en majuscule ;
- « num-3», constituĂ© dâune suite de trois chiffres choisis chacun parmi les dix chiffres de la numĂ©rotation dĂ©cimale.
Ainsi, les trois codets correspondant Ă lâentrĂ©e « France » sont « FR », « FRA » et « 250 ».
Pour reprĂ©senter les subdivisions administratives (de premier niveau, ou parfois des deux premiers niveaux) de la plupart des 249 entrĂ©es de lâISO 3166-1, lâISO 3166-2 construit un code alphanumĂ©rique de longueur 4 Ă 6, dont les deux premiers caractĂšres sont le codet alpha-2 de lâentrĂ©e de lâISO 3166 considĂ©rĂ©e, suivi dâun tiret, puis dâun code alphanumĂ©rique de longueur 1 Ă 3 (ainsi le dĂ©partement du FinistĂšre est reprĂ©sentĂ© par le codet « FR-29 » et fait partie de la rĂ©gion Bretagne, reprĂ©sentĂ©e par le codet « FR-E »).
Pour reprĂ©senter la situation des territoires correspondant Ă des pays qui ont Ă©tĂ© retirĂ©s de lâISO 3166 depuis sa crĂ©ation, en 1974, lâISO 3166-3 construit un code alpha-4 dont les deux premiĂšres lettres sont le codet alpha-2 de lâentrĂ©e retirĂ©e (ainsi le codet PZPA signale que la zone du canal de Panama a Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©e dans le territoire du Panama en 1980).
Pour sa part, la norme expĂ©rimentale AFNOR XP Z 44-002[5] construit un code alpha-5 dont les trois premiĂšres lettres font rĂ©fĂ©rence au nom du pays considĂ©rĂ© (et qui peut donc ĂȘtre le codet alpha-3 dâune entrĂ©e de lâISO 3166-1), la quatriĂšme lettre Ă©tant relative Ă lâĂ©ventuel « Empire historique » sous le contrĂŽle politique duquel ce pays a pu se trouver (ainsi la Valachie, PrincipautĂ© tributaire de lâEmpire ottoman de 1829 Ă 1861 est reprĂ©sentĂ©e par le codet « VALOC », dont le « O » signale le contrĂŽle par lâEmpire ottoman).
Les codets alphabĂ©tiques sont construits gĂ©nĂ©ralement Ă partir de la partie significative du nom du pays ou territoire considĂ©rĂ© en anglais ou en français, tel que fourni par le service de terminologie des Nations Unies qui publie les versions linguistiques de la forme longue et de la forme courte de chacun des 193 Etats membres de lâONU dans chacune des six langues officielles (anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe) des Nations Unies.
Toutefois, le nom dâun pays dont la langue nationale sâĂ©crit dans une variante de lâalphabet latin tel quâil sâĂ©crit dans cette langue nationale (« autonyme ») peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©, comme câest le cas pour « DEUTSCHLAND » qui sert Ă construire les codets alphabĂ©tiques « DE » et « DEU » correspondants.
Dans le cas oĂč aucune des langues en vigueur dans le pays concernĂ© ne sâĂ©crit avec une variante de lâalphabet latin, les codets alphabĂ©tiques correspondants sont construits Ă partir dâune version « romanisĂ©e » de lâautonyme Ă©crit dans une de ces langues.
Ainsi, la version romanisĂ©e du nom de lâAlgĂ©rie Ă©crit en arabe sâĂ©crit « DJAZAIR », dont dĂ©rivent les codets alphabĂ©tiques correspondants « DZ » et « DZA ».
Les procĂ©dĂ©s de romanisation utilisĂ©s, transcription, translittĂ©ration (ou mĂȘme Ă©ventuellement phonĂ©tisation), sont spĂ©cifiques Ă chacune des langues concernĂ©es et suivent les recommandations du manuel[6] Ă©crit par le Groupes des experts des Nations Unies sur les noms gĂ©ographiques. En effet, lâexemple dâutilisation le plus ancien et le plus utilisĂ© de transformation du nom dâun lieu gĂ©ographique Ă©crit dans la langue en vigueur dans ce lieu en une version Ă©crite en latin est celui de la cartographie.
Les procĂ©dures utilisĂ©es sont identiques pour ce qui concerne les 56 autres entrĂ©es de lâISO 3166-1, qui sont dâune part lâAntarctique (considĂ©rĂ© comme un territoire unique, sans mention des revendications de souverainetĂ© de certains Etats sur des parties de ce territoire. Ainsi le territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) est-il rĂ©duit dans lâISO 3166-1 au territoire des Terres australes françaises), le Saint-SiĂšge (lâEtat de la cité » du Vatican), lâEtat palestinien et le Sahara occidental et dâautre part 52 territoires placĂ©s sous la souverainetĂ© dâun Etat membre de lâONU (dont 15 britanniques, 12 français, 6 amĂ©ricains, 4 australiens, 4 nĂ©erlandais, 3 chinois, 3 nĂ©o-zĂ©landais, 2 danois, 2 norvĂ©giens et 1 finlandais).
Codage des langues et des Ă©critures
Pour arriver Ă ses fins dans ce registre, la norme ISO 3166-1 donne, Ă titre indicatif, la liste des « langues administratives » en vigueur dans chacune de ses 249 entrĂ©es. DĂ©finie comme une langue Ă©crite couramment utilisĂ©e au niveau national par lâadministration dans le pays ou territoire concernĂ©, notamment pour lâĂ©criture des lois et rĂšglements, cette dĂ©finition des « langues administratives » a lâavantage dâĂȘtre opĂ©ratoire. En effet, cela nâest pas le cas des notions de « langue nationale » ou de « langue officielle », qui ne sont pas universelles. Par exemple, la Constitution et le droit des Etats-Unis dâAmĂ©rique ne reconnaissent aucune langue possĂ©dant un tel statut (le nĂ©erlandais Ă©tant la seule langue ayant eu une chance dây parvenir sous Peter Stuyvesant). Ainsi, la norme ISO 3166 utilise le codage des noms de langues proposĂ© par la norme ISO 639[7] pour reprĂ©senter les langues administratives (sauf deux exceptions, voir le paragraphe suivant). La norme ISO 639 compte cinq parties en vigueur en 2021[8]. Les codets alpha-2 et alpha-3 de la norme ISO 639 utilisent tous des lettres latines Ă©crites en minuscule.
Pour coder les 118 langues administratives quâelle reconnait, la norme ISO 3166 (parties 1 et 2) utilise prĂ©fĂ©rentiellement les codets alpha-2 de lâISO 639-1 dĂšs que possible, mais cela peut ne pas suffire ; ainsi, assez inexplicablement, lâISO 639-1 code dix des onze langues officielles de lâAfrique du Sud et lâAgence dâenregistrement chargĂ©e de la gestion de cette norme[9], refuse obstinĂ©ment dâattribuer un codet alpha-2 pour le sotho du nord (ou pedi), qui est la derniĂšre langue officielle en cause. En cas de nĂ©cessitĂ©, il faut se tourner vers les codets alpha-3 donnĂ©s par lâISO 639-2, mais lâexercice se complique alors du fait que cette norme construit deux variantes dites lâune « B », bibliographique » et lâautre « T », « terminologique » dont les codets alpha-3 relatifs Ă une mĂȘme langue peuvent ne pas ĂȘtre identiques. Ainsi, concernant la langue française, son codet ISO 639-2/B est « fre » et son codet ISO 639-2/T est « fra ». Les parties 1 et 2 de lâISO 3166 nâutilisent que la variante « T ». Cela ne suffit pas encore et il faut parfois utiliser la « vocation Ă lâexhaustivité » des codets alpha-3 de lâISO 639-3. Il se trouve malheureusement que cette « exhaustivité » nâest que relative car le seselwa et le shikomor, qui sont deux langues crĂ©oles ayant statut respectivement aux Seychelles et aux Comores ne sont codĂ©es nulle part dans la norme ISO 639.
En fait, la norme ISO 639 est encore plus dĂ©licate Ă gĂ©rer que lâISO 3166, la dĂ©finition dâune langue par « lâintercomprĂ©hension entre ses locuteurs », sâagissant des langues parlĂ©es, ou dâun « langage national des signes » (devenu pour lâoccasion une « langue nationale des signes » pour devenir politiquement correct) Ă©tant difficile Ă mettre en Ćuvre, sans compter les fortes implications politiques et culturelles liĂ©es Ă la reconnaissance dâune langue. Ainsi, la considĂ©ration de lâexistence dâune seule et unique langue parlĂ©e chinoise, le mandarin, est une dĂ©cision de nature politique qui est loin de faire lâunanimitĂ©, lorsque le critĂšre de comprĂ©hension mutuelle est pris en compte et alors quâune langue chinoise locale comme le cantonais (yue) compte plus de 70 millions de locuteurs, de mĂȘme pour le chinois wu, qui compte plus de 80 millions de locuteurs. Par ailleurs, la disparition de la norme ISO 639 des codets reprĂ©sentant le « serbo-croate » rĂ©sultant de la pression conjuguĂ©e des gouvernements croates et serbes a mis en fureur la BibliothĂšque du CongrĂšs des Etats-Unis, qui gouverne les normes ISO 639-2, 4 et 5, et gĂšre le systĂšme MARC[10], format dâĂ©change de donnĂ©es bibliographiques informatisĂ©es de catalogues de bibliothĂšques, cependant que la reconnaissance du montĂ©nĂ©grin (nom de la langue officielle du MontĂ©nĂ©gro, peu diffĂ©rente du serbe), a Ă©tĂ© longue Ă ĂȘtre adoptĂ©e.
La norme ISO 15924 « Codes pour la reprĂ©sentation du nom des Ă©critures » est intimement liĂ©e Ă lâISO 639 ; et si elle nâapparait pas explicitement dans lâISO 3166, elle lui est clairement liĂ©e implicitement. LâISO 15924 construit, dâune part, un code alpha-4, en lettres minuscules et, dâautre part, un code num-3 pour coder une liste dâenviron 200 « noms dâĂ©critures » (dont certains parfois contestables, comme « Zinh » et « 924 » pour reprĂ©senter « codet pour Ă©criture hĂ©ritĂ©e »).
Cela est dâautant plus vrai que la norme ISO 15924 est Ă©galement liĂ©e Ă la norme ISO/CEI 10646 « Technologies de lâinformation â Jeu universel de caractĂšres », qui se donne pour objectif ultime de coder lâensemble des systĂšmes dâĂ©criture, câest-Ă -dire lâensemble des signes utilisĂ©s dans lâhistoire de lâĂ©criture.
Cette norme (qui spĂ©cifie le « Universal Coded Character Set (UCS) et construit 3 codes reprĂ©sentant chacun actuellement les plus de 120 000 signes Ă©crits pris en compte) est dĂ©sormais explicitement et « industriellement » utilisĂ©e par la norme ISO 3166 depuis que celle-ci est dĂ©sormais disponible, Ă partir de 2020, Ă cĂŽtĂ© de ses versions linguistiques sur support papier Ă©crites en anglais et en français, sous forme dâune base de donnĂ©es. En effet, le passage Ă ce support Ă©lectronique nĂ©cessite le codage exhaustif et rigoureux par lâISO 10646 de chacun des caractĂšres utilisĂ©s dans lâĂ©criture de la norme ISO 3166.
Les utilisations innombrables de la norme ISO 3166
Les utilisations de la norme ISO 3166 sont innombrables et nous nâen donnons ici quâun aperçu.
Une des utilisations les plus importantes du code alpha-2 de lâISO 3166-1 est son intervention dans le « Domain Net System » de lâInternet qui est maintenant gĂ©rĂ© directement par lâICANN[11]. Chaque site prĂ©sent dans lâInternet et chaque adresse Ă©lectronique utilisant lâInternet sont identifiĂ©s par un nom, dont une partie est un « nom de domaine » de lâInternet.
Dans le cas dâune adresse Ă©lectronique, le nom de cette adresse est formĂ© dâune chaine de caractĂšres sĂ©parĂ©e en deux parties par un signe « @ » (arobase). La partie situĂ©e Ă droite de lâarobase constitue le nom de domaine correspondant Ă cette adresse, et la partie situĂ©e le plus Ă droite de ce nom de domaine constitue (en y intĂ©grant le signe « . ») le domaine de premier niveau/Top level domain » correspondant. Les noms des sites Internet ne comprennent pas de signe arobase, mais le domaine de premier niveau correspondant est encore la partie du nom de site situĂ©e le plus Ă droite du « . ».  Les domaines de premier niveau appartiennent Ă lâune des deux catĂ©gories suivantes :
i) Les Generic Top Level Domains Ă©taient initialement formĂ©s dâun point « . » suivi dâune suite formĂ©e de trois lettres de lâalphabet latin Ă©crites en minuscule (« .com », « org», « net », « edu », « gov » et « mil » ). La contrainte des trois lettres a ensuite Ă©tĂ© levĂ©e, conduisant Ă une foison de nouveaux domaines gĂ©nĂ©riques de premier niveau, dont les premiers crĂ©Ă©s ont Ă©tĂ© « aero », « biz », « coop », « info », « museum », « name » et « pro ».
ii) Les Country Code Top Level Domains (ccTLD)â, formĂ©s dâun point â.â suivi dâune suite de deux lettres de lâalphabet latin.
Les seules suites de deux lettres autorisĂ©es pour construire un ccTLD correspondent aux codets alpha-2 de la norme ISO 3166-1, Ă lâexception de « .uk » au lieu de « .gb », qui rĂ©sulte dâune entourloupe faite par ses correspondants britanniques Ă Jon Postel, lâun des pionniers fondateurs de lâInternet, ainsi que de « .eu » qui rĂ©sulte dâune dĂ©cision prise exceptionnellement par lâISO 3166/MA de rĂ©server le codet « EU » Ă la demande de lâUnion europĂ©enne.
Lâintroduction des langues administratives dans lâĂ©dition 2013 de la norme ISO 639 a jouĂ© un rĂŽle moteur dans le mouvement dit « dâinternationalisation des noms de domaine de lâInternet ». En effet, on ne pouvait initialement Ă©crire le nom dâun site Internet, et en particulier le nom de domaine correspondant, quâen utilisant uniquement et strictement les 26 lettres de lâalphabet latin de base. Il se trouve que cet alphabet est suffisant pour lâĂ©criture dâune version simplifiĂ©e de la langue anglaise (et câest un avantage considĂ©rable pour cette langue), alors que quasiment toutes les autres langues dâĂ©criture latine ont besoin de signes supplĂ©mentaires, notamment diacritiques, mĂȘme dans leur version la plus simple. Cette situation a engendrĂ© un grand nombre de plaintes auprĂšs de lâICANN, qui a dâabord tentĂ© de rĂ©sister en continuant de dĂ©fendre fermement la rigueur et la simplicitĂ© de la syntaxe initiale, mais qui a finalement Ă©tĂ© obligĂ© de cĂ©der. Tout le monde sâest alors mis dâaccord pour nâaccepter que les noms de sites (et de domaines) Ă©crits dans lâune des langues administratives (et des Ă©critures correspondantes) reconnues par lâISO 3166 pour le pays ou territoire du lieu du siĂšge de ce site.
La rĂ©servation exceptionnelle consentie par lâISO 3166/MA du codet alpha-2 « EU » (et dans la foulĂ©e du codet alpha-3 « EUR ») de lâISO 3166-1 a Ă©galement permis Ă lâUnion europĂ©enne dâobtenir le codet alpha-3 « EUR » pour coder sa monnaie, lâEuro, dans la norme ISO 4217 « Codes pour la reprĂ©sentation (du nom) des monnaies ». En effet cette norme construit deux codes pour la reprĂ©sentation du nom des monnaies :
i) dâune part, un code « num-3 »
ii) dâautre part, un code « alpha-3 », Ă©crit en majuscules et dont les deux premiĂšres lettres sont celles du codet alpha-2 de la norme ISO 3166-1 du pays Ă©metteur de la monnaie considĂ©rĂ©e et dont la troisiĂšme lettre reprĂ©sente le nom de cette monnaie, comme «CHF » pour le franc suisse, « CNY » pour le yuan chinois, « USD » pour le dollar amĂ©ricain, « GBP » pour la livre sterling britannique, « JPN » pour le yen japonais ou « RUB » pour le rouble russe (et dans ce cas, tous les pays concernĂ©s disposent dâune seule monnaie, Ă lâunique exception de Cuba qui semble encore disposer de deux monnaies, le peso cubain interne « CUP » et le peso cubain convertible « CUC »). Dans les autres cas, la premiĂšre lettre du codet alpha-3 de lâISO 4217 est la lettre « X », comme dans « XAF » pour le franc CFA, « XCD » pour le dollar des CaraĂŻbes orientales, etc.
Le codet « EUR » reprĂ©sente lâEuro, monnaie de la zone euro de lâUnion europĂ©enne, laquelle avait Ă©tĂ© fort marrie de ne pouvoir obtenir le codet alpha-3 « ECU » de lâISO 4217 pour reprĂ©senter lâecu[12], en raison du fait que le codet alpha-2 « EC » (et dâailleurs aussi le codet alpha-3 « ECU ») reprĂ©sentent lâEquateur dans lâISO 3166-1, et avait dĂ» se satisfaire du codet alpha-3 « XEU ».
La norme ISO 9362 « Banque â Messages bancaires tĂ©lĂ©transmis â Code dâidentification des banques » utilise Ă©galement les codets alpha-2 de lâISO 3166-1 pour construire le code BIC[13], gĂ©rĂ© par SWIFT[14], qui identifie chaque banque du monde par un code alphabĂ©tique Ă©crit en lettres majuscules utilisant 8 lettres (ou 11 lettres, sâagissant des succursales) dont le codet alpha-2 du pays du lieu dâimplantation de la banque en position 5 et 6.
Il en va aussi ainsi pour la norme ISO 13616[15] qui construit, pour identifier lâensemble des comptes bancaires du monde, le code IBAN, constituĂ© de 34 caractĂšres alphanumĂ©riques au maximum (27 en France), dont les deux premiers sont obligatoirement le codet alpha-2 de lâISO 3166-1 reprĂ©sentant le pays (ou le territoire) dans lequel est situĂ©e la banque qui tient ce compte.
De mĂȘme, la norme ISO 10383[16] fournit une structure uniforme pour les codes dâidentification des Ă©changes et des marchĂ©s par le code MIC[17], code « alpha-4 » Ă©crit en majuscule, dont chaque codet est reliĂ© au codet alpha-2 de lâISO 3166-1 du lieu du marchĂ© concernĂ©.
De mĂȘme, encore, la norme ISO 6166 construit le code ISIN[18], qui identifie les valeurs mobiliĂšres cotĂ©es sur les marchĂ©s par un code alphanumĂ©rique Ă 12 caractĂšres, dont les deux premiers sont le codet alpha-2 de lâISO 3166-1 du pays (ou territoire) dâĂ©mission de la valeur mobiliĂšre concernĂ©e.
Dans un tout autre domaine, la norme ISO 6346[19] Ă©tablit un systĂšme dâidentification visuelle de chaque conteneur qui comprend un numĂ©ro de sĂ©rie unique (avec une clĂ© de contrĂŽle), gĂ©rĂ© par le Bureau international des conteneurs, comprenant lâidentification du propriĂ©taire, le code pays correspondant Ă ce propriĂ©taire (codĂ© par le codet alpha-2 de lâISO 3166-1), ainsi quâune taille, un type et une catĂ©gorie dâĂ©quipement.
Pour sa part, la norme ISO 7372[20], relative aux donnĂ©es commerciales, utilise le code alpha-2 de lâISO 3166-1. Il en va de mĂȘme pour le LOCODE[21], devenu le « United Nations Code for Trade and Transport », qui utilise un code alpha-5 dont les deux premiĂšres lettres sont les codets alpha-2 pour coder 103 034 lieux situĂ©s dans les 249 pays et territoires de lâISO 3166-1.
Finalement, la principale utilisation du code alpha-3 de lâISO 3166-1 est celle quâen fait la norme ISO/IEC 7501-1[22] pour les documents de voyage. En fait, les trois parties de la norme ISO /IEC 7501 ne font quâentĂ©riner le texte des trois parties de document de spĂ©cification technique 9303 « Documents de voyage lisibles par machine » publiĂ© par lâOrganisation de lâaviation civile internationale (OACI). La partie 1 « Passeports lisibles par machine » du document 9303 de lâOACI construit dans lâappendice 7 de sa section 4 un code Ă trois lettres, en majuscule, explicitement prĂ©sentĂ© comme une extension du code alpha-3 de lâISO 3166-1 qui est utilisĂ©, notamment, dans tous les aĂ©roports internationaux du monde lors du passage en douane.
Ce code à trois lettres comprend trois parties :
- La partie A « Code pour la dĂ©signation de la nationalitĂ©, du lieu de naissance ou de lâEtat Ă©metteur/autoritĂ© Ă©mettrice » reprend la quasi-totalitĂ© des codets alpha-3 de lâISO 3166-1;
- La partie B « Codes pour le Laissez-passer des Nations Unies » compte les trois codets, « UNO » (dĂ©signe lâONU ou un de ses fonctionnaires), « UNA » (dĂ©signe une agence spĂ©cialisĂ©e des Nations Unies, ou lâun de ses fonctionnaires) et « UNK » (dĂ©signe un rĂ©sident du Kosovo Ă qui un document de voyage a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© par la MINUK[23] ;
- La partie C « Codes pour personnes sans nationalitĂ© dĂ©finie » compte les quatre codets « XXA » (Apatride, selon la dĂ©finition figurant Ă lâarticle 1er de la Convention de 1954 relative aux apatrides), « XXB » (RĂ©fugiĂ©, selon la dĂ©finition figurant Ă lâarticle 1er de la Convention de 1951 relative au statut des rĂ©fugiĂ©s, amendĂ©e par le Protocole de 1967), « XXC » (RĂ©fugiĂ©, autre que selon la dĂ©finition donnĂ©e sous le code XXB ci-dessus) et « XXD » (Personne de nationalitĂ© non spĂ©cifiĂ©e, pour qui lâEtat Ă©metteur ne juge nĂ©cessaire de spĂ©cifier aucun des codes ci-dessus, quel que puisse ĂȘtre le statut de cette personne. Cette catĂ©gorie peut comprendre une personne qui nâest ni apatride ni rĂ©fugiĂ©e mais qui est de nationalitĂ© inconnue et qui rĂ©side lĂ©galement dans lâEtat dâĂ©mission).
Mots-clés : Normes pour le Codage des Entités Géopolitiques et Culturelles
[1] ISO nâest ni un sigle, ni un acronyme, mais un nom construit Ă partir du prĂ©fixe iso-, qui a pour origine le grec ancien « isos qui signifie « égal »
[2] Domaine gĂ©rĂ©, parfois conjointement avec lâISO, par la Commission Ă©lectrotechnique internationale, CEI/IEC
[3] Code pour la reprĂ©sentation des noms de pays historiquesÂ
[4] Code normalisĂ© des pays et des zones Ă usage statistiqueÂ
[5] Dont lâannexe B utilise un partage du territoire mondial en 34 « ensembles gĂ©ohistoriques »
[6] Technical reference manual for the standardization of geographical namesÂ
[7] Codes pour la reprĂ©sentation des noms de langueÂ
[8] LâISO 639-1 « Partie 1 ; Code alpha-2 », lâISO 639-2 « Partie 2 : Code alpha-3 », lâISO 639-3 « Partie 3 : Code alpha-3 pour un traitement exhaustif des langues », lâISO 639-4 « Partie 4 : Principes gĂ©nĂ©raux pour le codage et la reprĂ©sentation des noms de langues et dâentitĂ©s connexes et lignes directrices pour la mise en Ćuvre » et lâISO 639-5 « Partie 5 : Code alpha-3 pour les familles de langues et groupes de langues ».
[9] International Information Centre for Terminology (INFOTERM)
[10] Machine Readable Cataloging
[11] Internet Corporation for Assigned Names and Numbers
[12] European Currency Unit/ Unité de compte européenne
[13] Bank Identifier Code
[14] Society for worldwide Interbank Financial Telecommunications
[15] Financial Services â International bank account number IBANÂ
[16] Codes pour échange et identification de marchés (MIC, Market Identification Code)
[17] Market Identification Code
[18] SystĂšme international de numĂ©rotation pour lâidentification des valeurs mobiliĂšres/International Securities Identification Number
[19] Conteneurs pour le transport des marchandises â Codage, identification et marquageÂ
[20] « Echange de donnĂ©es dans le commerce â RĂ©pertoire dâĂ©lĂ©ments de donnĂ©es commerciales »
[21] United Nations Code for Ports and other Locations
[22] Cartes dâidentification â Documents de voyage lisibles par machines â Passeports lisibles par machinesÂ
[23] Mission dâadministration intĂ©rimaire des Nations Unies au Kosovo
- Voyage au pays des codes - 22 février 2021
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