Les incubateurs et accélérateurs de start-up ont pour objectif de susciter des collaborations innovantes pour faire grandir les start-up de demain.
Aujourd’hui, découvrez les regards croisés d’une jeune start-up évoluant dans un incubateur et celui de l’incubateur, pour mieux comprendre ce que chacun apporte à l’autre. Plongez au cœur du Hub (https://www.ffa-lehub.fr), l’incubateur de start-up créé par la Fédération Française de l’Assurance à Paris, avec Jihane Khouzaimi, Manager du Hub et Arthur Renaud, fondateur de Stackadoc, une start-up hébergée par le Hub.
Variances : Quelle est l’histoire du Hub et quelle est sa fonction principale ?
Jihane Khouzaimi : Le Hub est une activité de la direction Digital et Innovation de la Fédération Française de l’Assurance (FFA). Il est situé dans ses locaux, dans le 9ème arrondissement, en plein cœur de Paris. Cet espace de 250 m2 a été inauguré en octobre 2018. Notre volonté est d’accueillir des start-up pour favoriser le développement de nouveaux produits et services innovants, en apportant une proximité avec les acteurs de l’assurance.
Actuellement, le Hub accueille dix start-up et est équipé de 24 postes de travail.
Nous avons volontairement choisi d’avoir des profils variés. Il y a, d’un côté les start-up early stage, accueillies en petites équipes dans le Hub, et, d’un autre côté les start-up plus avancées, auxquelles sont proposés quelques postes pour le « country manager » France (les responsables commerciaux français d’une start-up internationale) ou des business developers.
V : Qu’est-ce qu’une start-up comme Stackadoc attend d’un incubateur ?
Arthur Renaud : Stackadoc est une entreprise de veille réglementaire, notamment à destination des métiers de l’Assurance. Nous avons cherché un incubateur afin de pouvoir mieux comprendre notre marché et approfondir notre connaissance des problèmes spécifiques rencontrés par les assureurs sur notre sujet.
Quand nous avons compris que l’assurance était un des secteurs principaux que nous voulions cibler, nous en avons vite conclu que le Hub de la FFA était un des meilleurs endroits pour nous. En effet, depuis notre entrée au Hub, nous pouvons rencontrer plus facilement les directions de la FFA (direction juridique, direction fiscale, direction Digital & Innovation, direction santé…) et les commissions, comités et groupes de travail associés. Pour notre petite start-up, cela permet d’avoir de bons relais chez les adhérents directs de cette maison de l’assurance. Ce rôle de chaîne est joué par la FFA qui, par sa sélection, favorise les relations professionnelles de qualité, et facilite énormément la prise de contact et la compréhension du marché pour les start-up.
V : En tant qu’incubateur dans le domaine de l’assurance, quelle est la valeur ajoutée du Hub ?
JK : Tout d’abord, nous accueillons gratuitement les start-up dans nos locaux au cœur de Paris. Elles ont accès à nos salles de réunions pour recevoir leurs clients et leurs prospects.
Accueillir ces start-up dans nos murs leur permet d’être en contact avec les professionnels du secteur, de faire du réseau et de rencontrer des partenaires potentiels lors d’événements organisés autour de l’innovation et de la transformation de l’assurance (conférences, workshops, pitchs…). Une vingtaine d’événements a déjà eu lieu.
De plus, en étant hébergées au sein même de la maison de l’assurance, nous permettons à ces start-up de bénéficier de l’expertise des collaborateurs de la FFA sur des problématiques métier, juridique…
Le Hub représente un vrai carrefour de l’innovation pour les 280 assureurs membres de la FFA, qui sont, eux aussi, très demandeurs de relations avec les start-up.
V : Comment Stackadoc a concrètement bénéficié des services proposés par le Hub ?
AR : Concrètement, depuis que nous sommes arrivés au Hub, nous avons largement bénéficié de rencontres avec les personnels de la FFA, notamment dans les secteurs juridiques et des Affaires Européennes. Ces entretiens nous ont permis de confirmer ou d’infirmer certaines de nos intuitions métiers et de trouver, parmi les adhérents de la FFA, des points de contacts dans les Assurances pour confronter nos idées et nos offres à des professionnels de l’Assurance. Par ailleurs, les événements organisés par la FFA ont été très riches en échanges et en rencontres.
V : D’un point de vue plus général, quels sont les événements organisés par l’incubateur ?
JK : Dans l’objectif de favoriser les échanges extérieurs, le Hub organise des événements auxquels sont conviés à la fois les membres de la FFA et un panel de start-up et acteurs externes. Par exemple, des sessions de pitchs sont organisées toutes les 6 semaines sur une variété de thématiques métiers. Lors de ces séances, 5 start-up présentent leurs solutions aux collaborateurs concernés par la thématique en question. Le but de ces sessions est de favoriser les échanges et de susciter des collaborations innovantes, au service des assureurs comme des assurés. La prochaine session de pitchs sera notamment sur le sujet de la santé.
Nous organisons aussi des événements annexes. Par exemple, nous avons reçu au sein du Hub des délégations belge et québécoise en marge du Paris Fintech Forum, une belle occasion pour créer des liens et échanger des idées entre acteurs dédiés à l’Insurtech et la Fintech.
De plus, nous organisons régulièrement des événements avec les Grandes Ecoles, comme le rassemblement Centrale-Supélec Alumni qui a eu lieu le 6 février dernier, et qui a mis en lumière des retours d’expériences significatifs de cas d’usage de l’Intelligence Artificielle dans l’écosystème de la Banque-Assurance. Nous avons aussi accueilli l’ENSAE, Sciences Po et l’ESCP à l’occasion de leurs regroupements sur le thème du numérique et de l’assurance.
V : Du point de vue des start-up, quels sont les avantages spécifiques offerts par le Hub ?
AR : Pour les start-up, le Hub représente l’opportunité d’avoir, dès les premières années de l’entreprise, des contacts qualifiés qui permettent d’affiner des idées, des concepts et des projets autour d’un verre après une session pitchs par exemple. Ce networking facilité permet d’obtenir des premiers rendez-vous, et il est certain que le fait d’appartenir à un Hub promu par une fédération réputée comme la FFA est un gros atout pour la crédibilité des jeunes start-up. Il n’est pas rare que nous soyons amenés à discuter avec des acteurs haut placés dans le secteur de l’assurance, comme AXA et Allianz pour ne citer qu’eux.
D’autre part, les sessions de pitchs sont très enrichissantes car elles offrent un retour de marché très rapide, ce qui est très important pour nous, start-up, qui avons besoin des bonnes réponses au bon moment afin d’accélérer notre croissance.
Pour les plus grosses start-up, les événements mis en place par la FFA leur permettent d’identifier plus rapidement les bons interlocuteurs dans les grandes entreprises. En effet, quand une proposition de valeur est développée ou qu’un produit est opérationnel, le challenge n’est pas tant de trouver son marché que de trouver le bon interlocuteur pour prendre des décisions.
V : Quelles sont les synergies entre les start-up incubées au Hub ?
AR : En plus de l’aspect networking avec les collaborateurs et les directions, le Hub favorise aussi le dialogue entre les start-up au sein de l’incubateur. Les équipes partagent les mêmes locaux, le même espace de travail et les mêmes salles de réunion, ce qui favorise énormément la prise de contact. Les échanges entre les start-up sont d’autant plus importants qu’ils permettent aux jeunes entrepreneurs de mieux comprendre les marchés, d’accéder à des compétences et d’échanger des idées.
V : Le hub s’est positionné de manière différenciée par rapport à nombre d’autres incubateurs, quel est le feedback reçu 18 mois après votre création ?
JK : Au moment de la création du Hub, nous ne savions pas comment le concept allait être reçu par les start-up, et si nous allions être compétitifs par rapport à d’autres programmes. Nous avons eu des retours très positifs, à la fois des start-up et des membres qui sont en général très favorables à ces mises en relation entre start-up innovantes et grands acteurs de l’Assurance.
L’atout considérable de travailler au sein même de la maison de l’assurance attire beaucoup les start-up de la sphère Insurtech, tout comme sa situation centrale dans Paris. Dès la première année, le bilan de la promotion était déjà très positif, le feedback des start-up était bon, et une nouvelle campagne de candidatures a été lancée au printemps 2019. En un an, le nombre de candidatures a doublé, et il semble que le Hub a bien été identifié comme acteur de l’Insurtech au sens strict, à la différence d’autres acteurs qui sont orientés Fintech au sens large ou sont plus transversaux.
Par ailleurs, notre enquête de satisfaction montre que les adhérents de la FFA sont très contents du programme et de la sélection des start-up hébergées et de celles conviées aux événements. Aujourd’hui, de nombreux adhérents travaillent avec plusieurs start-up du Hub. C’est très encourageant.
AR : Le Hub nous apporte un réel soutien. Un soutien structurel d’abord, par les locaux qui sont mis à notre disposition, et un soutien technique, par la mobilisation de nos mentors. Les collaborateurs mobilisés (environ 10 par start-up) nous aident à grandir en nous accompagnant dans des ateliers de travail, en nous apportant des connaissances du marché et en poussant notre réflexion sur nos propositions de valeurs. En parallèle, les évènements de networking sont aussi un gros point positif du Hub (pitchs, ateliers, conférences…) qui renforcent les relations à l’intérieur des équipes et entre les start-up.
Pour Stackadoc, cette expérience au sein du Hub est vraiment positive et marque une année-tremplin pour notre start-up.
Propos recueillis par Catherine Grandcoing
Mots-clés : start-up – innovation – assurtech – insurtech – cocreation – assurance
Un échange très enrichissant qui met en lumière la complémentarité des protagonistes de cette aventure managériale innovante et à forte valeur ajoutée. 😉