Le risque est omniprésent : volens nolens, nous lui sommes toujours et partout exposés.

Le mot risque remonte étymologiquement au latin resecum signifiant « ce qui coupe », qui a donné l’espagnol risco, « rocher escarpé, falaise » et, par extension, « risque encouru par une marchandise transportée par bateau » ainsi que l’italien ris(i)care, puis rischiare (risquer, prendre un risque). Le terme se rapporte donc à l’action humaine, relève du registre de l’incertain et se décline du futurible à l’improbable, en passant par le possible.

Mais, au juste, qu’est-ce le risque ? Est-il mesurable ? (Bruna, 2019).

Afin de bien cerner le problème, il est essentiel de faire le distinguo entre le danger et le risque, car souvent les deux vocables de ce binôme infernal – bien que profondément différents par nature – sont considérés comme synonymes, au détriment de la clarté. Et ce, dans les discussions de salon et dans les débats médiatiques aussi bien que dans les avis formulés par certains experts.

Le danger (la propriété d’être dangereux) est une qualité objective – sans doute dommageable – intrinsèque à un objet, à un ouvrage, à une situation. Ainsi un engin explosif, une route de montagne, un virus, un conflit sont-ils dangereux car ils peuvent mettre en péril la personne (les personnes) qui le manipule(nt), qui l’emprunte(nt), en est (sont) affectée(s), ou s’y trouve(nt) mêlée(s). Le danger est-il le terme abstrait qui identifie et caractérise l’origine et la source de la dangerosité.

Toutefois – en passant en quelque sorte de la puissance à l’acte – le danger ne se matérialise pas forcément, ni toujours, entrainant de fâcheuses conséquences. Si l’on n’utilise pas l’engin, l’on n’emprunte pas la route de montagne, l’on se protège du virus avec les gestes barrières, l’on n’encourt aucun risque, car ce dernier n’a de sens qu’en relation avec l’acteur qui l’engendre. Sous une « cloche de verre », pas de risque… ou presque, car toute situation connait et porte en soi un potentiel de risque, qu’il soit avéré, identifié ou latent. En souhaitant se protéger de tout risque, on pourrait s’exposer au danger de l’inaction, en tombant en quelque sorte de Charybde en Scylla. L’histoire – encore dans des temps récents – est riche d’enseignements quant aux conséquences fâcheuses de l’aversion aux risques de certains gouvernants… Car l’inaction est déjà une action – en puissance dangereuse -, comme le non-choix est déjà une forme – passive – d’arbitrage.

Notion pluridimensionnelle, le risque diffère en fonction de la nature et de l’origine des faits, gestes ou phénomènes qui le produisent.

Il existe, en effet, trois principaux types de risques :

  • Le risque inhérent, manifestation d’un danger engendré par les faiblesses ou les défauts de conception des systèmes techniques et/ou humains, des procédures, des organisations… Ce danger est de nature purement déterministe étant la conséquence de choix, d’options ou de phénomènes dont les conséquences sont inéluctables. Sa matérialisation en risque, en revanche, est probabiliste car dépendante des sollicitations qui – selon le hasard et les contingences – en sont le catalyseur et peuvent (ou non) la déclencher. L’actualisation de ce danger en risque dépend donc d’un ensemble de conditions, de facteurs qui peuvent ou non se réaliser. Par conséquent, afin de réduire le risque inhérent, l’on peut agir sur son origine (la dangerosité de l’ouvrage, de la situation…) en y apportant des corrections, des aménagements de conception, en posant les gestes opportuns (c’est ce que l’on appelle couramment l’approche « risk informed» : on identifie la source du risque, en général, par une approche probabiliste, et on agit en conséquence sur la conception de l’ouvrage ou sur l’organisation pour écarter – ou réduire – le danger). L’on peut également cibler sa cause efficiente (le déclencheur) en prévoyant, par anticipation, les barrières et les protections à déployer pour se prémunir contre les sollicitations ;
  • Le risque interne, conséquence d’un phénomène initiateur comme le mal-fonctionnement d’un système ou d’une institution, une panne, une erreur humaine. Un tel risque est, de par sa nature, probabiliste ;
  • Le risque induit ou importé, provoqué par des événements externes à un système, une institution, une organisation, une communauté. C’est le cas des aléas naturels, des pandémies, des famines, des invasions des sauterelles… Dans ce cadre, il y a pluralisme (et enchevêtrement) de facteurs exogènes à l’action humaine. Et si certains de ces risques sont maîtrisables en soi (isolément), ils le sont bien moins lorsqu’ils se cumulent, s’entraînent réciproquement ou se superposent. C’est d’ailleurs le problème des crises induites (déclenchées) par d’autres crises de nature différente… sans que les premières n’aient pris fin…. Partiellement maitrisé ou maitrisable, le risque induit ou importé n’est que partiellement probabiliste, car il dépend de paramètres exogènes non (ou pas assez) connus, peu ou pas prévisibles et, en tout cas, non totalement maitrisables.

Si les risques exogènes aux acteurs (qu’il s’agisse d’individus, d’institutions ou d’organisations) sont subis, car ils échappent – complètement ou pour part – à leur contrôle, les risques endogènes sont plus ou moins consciemment acceptés. Et ce, car chacun de nous peut avoir l’impression – oh combien fausse ! – d’en être immunisé ou, au moins, d’être à même de les maîtriser. Intrinsèques au système, ces risques sont aussi couverts par un voile d’ignorance (l’on est tellement acculturé / accommodé à ces risques, que l’on ne les perçoit pas ou plus vraiment comme tels… ; ce qui empêche la distanciation et/ou l’esprit critique). Il n’est d’ailleurs pas rare que la dissonance cognitive frappe les personnes coutumières du danger (ou du haut risque, plus précisément…).

Pour rester connectés avec l’actualité, est à cet égard éclaircissant et paradigmatique le cas de la pandémie que nous venons de subir (et qui frappe encore violemment de par le monde) : combien de personnes sont tombées malades et ont contaminé leurs proches car, en se croyant en dehors et au-dessus du risque, elles ont négligé les gestes essentiels et élémentaires de protection !

En réalité, le risque – qui exprime la capacité qu’une situation donnée (identifiée par un certain nombre de paramètres, dont certains sont majoritaires et dominants) puisse évoluer de façon déplaisante et/ou dangereuse – demeure à l’état potentiel en l’absence de conditions particulières et d’événements initiateurs qui enclenchent et catalysent sa matérialisation.

Le risque n’est donc pas une ontologie (puisqu’il ne saurait être décrypté rationnellement ou observable scientifiquement), mais bien une phénoménologie, une dynamique possible, que l’éthique de responsabilité requiert de cerner et de maîtriser afin d’en prévenir (ou tout au moins d’en prévoir) la matérialisation, sans pour autant – et c’est là l’essentiel – renoncer à agir.

Dans une conception  humaniste et écosystémique, est risqué tout évènement qui peut engendrer une dégradation possible des conditions humaines, sociales et/ou environnementales.

Les réglementations en charge de la prévention des risques naturels et industriels s’appuient sur cette définition. Telles qu’elles sont éditées par les régulateurs, ces normes sont des conventions technico-scientifiques à caractère général qui traduisent l’objectif de garantir la protection de l’environnement, des hommes et de leurs biens. Elles sont des constructions sociales, issues du mariage vertueux de principes généraux, de données historiques, de considérations socio-politiques ayant trait à l’acceptabilité sociale et d’objectifs quantifiés de protection auxquels sont intégrés les enseignements tirés du vécu. Et ce, grâce à l’apport très riche du retour d’expérience et des approches prénormatives issues des programmes de R&D.

De par leur nature et leur construction, les normes sont vivantes et évolutives. Elles sont perfectibles dans le temps en fonction du progrès des connaissances, de l’intégration de nouvelles données historiques, ainsi que de l’entrée en jeu de nouveaux acteurs (socio-économiques, institutionnels, technologiques). Elles sont situées et encastrées. Fruit d’un compromis toujours local et précaire, elles varient – pour un même type d’installation, d’ouvrage ou d’organisation – de pays en pays et d’une période à l’autre. Elles se traduisent, en pratique, par des valeurs limites (critères) imposées aux grandeurs accessibles et/ou mesurables, qu’il convient de respecter dans toute situation (en ce qui concerne le nucléaire, on renvoie au Task Group on Safety Margins Action Plan, 2007).

A titre d’exemple, considérons les crues des rivières et les vagues de submersions : afin d’établir le niveau de protection maximal des ouvrages, on remonte dans le temps pour considérer l’évènement centennal / millénial… On atteint parfois même les limites temporelles des traçages.

Cependant, cela ne suffit pas à obtenir un niveau de protection absolu, car :

  • on ignore ce qui se situe en dehors du contexte historique (tout simplement par manque d’information), par exemple, des événements rares dans les queues de distribution statistiques, théorie du cygne noir (Taleb, 2010 ; Lannoy, 2016)[1];
  • on est incapable d’intégrer ou de prévoir d’éventuels nouveaux facteurs pouvant amplifier les phénomènes ou en modifier le déroulement (comme, par exemple, le réchauffement climatique),
  • les modèles sont tous perfectibles et les humains qui les conçoivent sont faillibles.

Or, l’appréciation du risque constitue, en soi, un moyen de le mitiger, de le réduire, dans la mesure où – le connaissant – l’on peut définir des stratégies adéquates de prévention et de gestion des événements qui en accroissent la maîtrise (et donc en réduisent la probabilité d’occurrence et/ou l’intensité des effets ; les gestes barrières en cas de pandémie en sont un bon exemple).

Malheureusement, en pratique, toute mesure conventionnelle du risque qui prétend à l’absolu est de facto impossible, car le risque ne peut être mesuré en utilisant un instrument ou un appareil aussi sophistiqué et précis soit-il, comme c’est le cas pour une température, une vitesse, une altitude, qui se mesurent avec un thermomètre, un tachymètre, un mètre.

En revanche, il peut faire l’objet d’une appréciation (de façon approximative) ou d’une évaluation (plus précisément) au travers d’un processus qui s’appuie sur des connaissances scientifiques et des pratiques professionnelles reconnues. Pratiques qui comportent l’application de normes, définies et agréées par les autorités compétentes, la réalisation de mesures de grandeurs physiques accessibles qui, quant à elles, sont de vrais observables – et ce, par le truchement d’instruments plus ou moins précis et fiables, et le déploiement de calculs de nature diverse (déterministes et/ou probabilistes) qui, en général, s’avèrent assez – voire très – complexes (Bruna, 2018).

Qui plus est, en faisant abstraction des capacités calculatoires qui ne sont pas infinies, et des pratiques de mesure, qui sont largement affectées d’imprécisions, chaque étape du processus d’évaluation des risques comporte des incertitudes inhérentes à la complexité des phénomènes en jeu et à la nature des données. On peut bien sûr, et il le faut, s’attacher à réduire ces incertitudes – de nature épistémique, méthodologique et statistique – en multipliant les mesures indépendantes (afin de s’affranchir des modes communs), en diversifiant les méthodes et en translatant les données. Cependant, on ne pourra, en aucun cas, les réduire à néant. Ainsi, toute approche empirique qui aurait la prétention de tout prévoir et de tout contrôler en termes de risque se configurerait, à la fois, comme un acte d’hybris et comme un frein à l’action des plus rédhibitoires.

De plus, les approximations sont les conséquences inéluctables de la complexité : plus un système est composite, hétérogène, multiparamétrique, plus son comportement est influencé par des facteurs environnementaux et temporels, plus les processus nécessaires à l’évaluation des risques se traduiront en modèles dont le traitement va nécessairement comporter l’adoption d’hypothèses et de simplifications qui pourraient elles-mêmes s’avérer porteuses et parfois même amplificatrices du risque.

A titre d’exemple, comment peut-on prétendre prendre en compte correctement les effets du métabolisme de certaines substances alors qu’on leur attribue un comportement postulé ? Comment peut-on évaluer l’efficacité d’un médicament ou d’une pratique clinique si les cohortes retenues pour les tests sont trop réduites, insuffisantes et/ou non représentatives ?

Enfin, dans tout processus d’évaluation des risques, on se heurte à un problème auquel sont confrontés non seulement les exploitants, les institutions, mais aussi les citoyens : en cas d’émergence (indépendamment de sa nature et de son origine, y compris les pandémies), l’état initial des installations, des systèmes humains ou des ouvrages (qu’ils soient industriels, civils ou autres) n’est pas connu avec précision[2]. Et ce, car de nombreuses micro-variations, dont les conséquences pratiques sur le fonctionnement et la stabilité au quotidien sont négligeables, les écartent de la conformité avec la conception et/ou les objectifs initiaux[3].

Dans des conditions particulières, ces micro-difformités ou déviations[4] peuvent être à l’origine de phénomènes de battement engendrant un effet falaise. Elles peuvent sembler acceptables (et, en général, elles le sont) si elles sont considérées séparément, mais souvent la vulnérabilité du système dépend de leur cumul et de leur synchronisation à un instant et dans des conditions données.

Malheureusement, en dépit du sérieux de tout programme de contrôle et des vérifications multiples qui s’imposent, il est pratiquement impossible d’écarter l’éventualité d’événements extrêmement rares – imprévisibles et imprévus – aux conséquences catastrophiques (Bruna & Bruna, 2017). De plus, même si un certain nombre de ces événements s’annoncent par des signaux précurseurs (signaux faibles, dysfonctionnements, incidents), trop souvent, ils ne sont pas reconnus à temps ou, alors, les actions correctives diligentées s’avèrent insuffisantes et/ou tardives (Dien, Dechy, 2016 et Dechy, Mortureux, Planchette, Blatter, Raffoux, 2016).

En conséquence, en dépit de toutes les précautions envisageables, pertinentes et réalisables, on ne peut éliminer tout risque inhérent aux activités industrielles et humaines. Acceptée ou subie, une part de risque demeure toujours latente, sournoise, imprévisible, sous la forme du risque résiduel (Couturier, Bruna, Tarallo, Chanton, Dechy, Chojnacki, 2016). Ce risque résiduel dont le traitement dépasse largement le cadre industriel pour envahir le champ socio-politique, devient un enjeu sociétal majeur des sociétés post-modernes, car il touche à l’acceptation -scientifiquement motivée ou pas – de toute nouveauté et/ou innovation[5]  par l’opinion publique.

Compte-tenu de la difficulté de la tâche et du caractère aléatoire de certaines variables (dans le cas de la radioprotection, celles inhérentes à la météorologie  – pluie, direction du vent… -, en sus des incertitudes qui affectent l’estimation de l’intensité de la source radioactive et de ses composantes, et, dans le domaine médical, le taux de contamination, les phénomènes d’immunité, les comportements humains) il est logique que, dans l’optique de protection visée, tous les paramètres utilisés dans l’évaluation soient pénalisés dans le sens le plus défavorable (en amplitude, fréquence, évolution temporelle, …). Et ce, afin de déterminer avec une marge suffisante l’étendue de l’enveloppe de la région dans laquelle les mesures de protection se doivent d’être appliquées.

Une fois l’urgence passée, la vie ayant repris son cours normal, on constatera sans doute que les valeurs réelles de radioactivité au sol sont bien plus faibles (dans ce genre de situations, un écart d’un facteur dix n’est pas du tout surprenant) par rapport aux estimations / prévisions effectuées en temps de crise. Ce fait, dont nous avons été témoins à l’occasion des événements de Fukushima, a suscité les interrogations du public quant à la réelle capacité de prédiction des évaluateurs, d’autant plus que ce qui vient d’être exposé n’est pas aisément intelligible et, en général, est insuffisamment partagé.

Il en est de même pour la pandémie que nous venons de vivre. Deux visions tout à fait opposées, l’une laxiste, l’autre prudente se sont confrontées (et se font toujours face) : la prudence – qui a dicté le confinement et sa durée – sera (et est déjà) critiquée en raison des conséquences socio-économiques bien fâcheuses de celui-ci. Il en est, notamment, ainsi des prévisions livrées par l’épidémiologiste britannique Neil Ferguson qui font l’objet de critiques car elles auraient surestimé l’impact du Covid-19 en termes de mortalité.

Il est évident qu’il aurait été possible d’être moins contraignants et – surtout – de l’être  moins longtemps, et de manière plus sélective, mais à quel prix en termes de vies humaines, et, peut-être même, de conséquences économiques indirectes ? Qui est capable de décrire ce qui se serait passé si d’autres options avaient été retenues en lieu et place du confinement tel qu’il a été imposé ? En dehors de toute considération éthique sur la valeur de la vie humaine, comment pourrait-on prétendre évaluer l’évolution d’une pandémie en l’absence de toute évidence expérimentale ?

La capacité à évaluer les risques afin de les prévenir et d’en mitiger les conséquences fait partie des conditions nécessaires de réussite de toute entreprise humaine et industrielle. Cela se décline en plusieurs actions distinctes et convergentes, qui ont un dénominateur commun : l’anticipation.

 

Mots-clefs : Danger – Risque – Évaluation – Incertitude – Crise – Coronavirus


Références

Bruna G.B. & Bruna M. G. (2017), « La sûreté nucléaire, une affaire de tous. Gestion du risque et responsabilisation collective dans un secteur stratégique », Question(s) de management, n°16, 142, 2017.

Bruna G.B. (2018), Uncertainty in design and operation. How dealing with?, plenary lecture at the “Best Estimated Plus Uncertainty (BEPU) International Conference 2018 – Multi-Physics Multi-Scale Simulations with Uncertainty”, Lucca Italy, May 13 – 19, 2018,

Bruna G.B. (2019) « Prendre la mesure du risque », in Breteché S., Harpet C., Ollitrault S., Héquet V. Eds., Le risque environnemental. Entre sciences physiques et sciences humaines, Presses des Mines, TRANSVALOR, Coll. Développement durable, Paris, 2019.

Couturier J., Bruna G.B., Tarallo F., Chanton O., Dechy N., Chojnacki E. (2016), « Après Fukushima, quelques considérations sur le risque résiduel dans l’industrie nucléaire », in. Merad M., Dechy N., Dehouck L., Lassagne M. (2016), Risques majeurs, incertitudes et décisions – Approche pluridisciplinaire et multisectorielle, MA Edition, ESKA, Paris.

Dechy N., Mortureux Y., Planchette G., Blatter C., Raffoux J.-F. (2016), Explorer « l’imprévisible » : comment et jusqu’où ? Actes de la conférence λµ20, Saint-Malo, France.

Dien Y., Dechy N. (2016), « L’impensé est-il impensable ? Ce que nous apprennent les accidents industriels », in Merad M., Dechy N., Dehouck L., Lassagne M. (2016). Risques majeurs, incertitudes et décisions – Approche pluridisciplinaire et multisectorielle, MA Edition. ESKA, Paris.

Lannoy A. (2016), « Limites, insuffisances et apports des approches probabilistes actuelles : Quelles leçons tirer? », in Merad M., Dechy N., Dehouck L., Lassagne M. (2016), Risques majeurs, incertitudes et décisions – Approche pluridisciplinaire et multisectorielle, MA Edition, ESKA, Paris.

Taleb, N. (2010), Le cygne noir : La puissance de l’imprévisible, Livre de Poche, (Traduit par Rimoldy C.), [Edition originale : The Black Swan : The Impact of the Highly Improbable, Random House, 2007].

Task Group on Safety Margins Action Plan (SMAP), (2007), Final Report, AEN – NEA, NEA/CSNI/R (2007)9.


[1] Dans la théorie de Taleb, on appelle cygne noir un événement imprévisible qui a une faible probabilité d’avoir lieu (appelé « événement rare » en théorie des probabilités) et qui, si d’aventure il se réalise, a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. Dans un premier temps, Taleb a appliqué cette théorie à la finance, mais elle est de portée tout à fait générale.

[2] Entre autres, car, outre le manque de pertinence des indicateurs et de fiabilité des capteurs, il existe de sérieux problèmes de stockage et de traçage des données, engendrés par les insuffisances et/ou les dysfonctionnements des systèmes d’information.

[3] Ou l’état stationnaire / état normal postulé (par exemple, le nombre de masques dans les stocks stratégiques d’Etat).

[4] Dans les installations industrielles, ces micro-difformités ou déviations peuvent être engendrées par l’usure, le vieillissement, l’obsolescence technologique, l’action d’agents externes, mais aussi par de mauvaises manipulations d’entretien, de réparation ou de remplacement de composants, et, dans les organisations et les institutions, par le changement de propriété, les nouveaux modes de management, le recentrage des objectifs, la gestion du personnel…

[5] Ce risque concerne les événements très rares aux conséquences potentiellement catastrophiques. Il doit être considéré avec discernement afin d’éviter que l’on n’attache plus d’importance à sa perception qu’au risque lui-même et pour pousser le plus loin possible la frontière du scientifiquement démontrable et de l’humainement acceptable.

Gianni Bruna
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