Paru en 2015 dans la collection SMA (Statistique et Mathématiques Appliquées), en une co-édition franco-belge, le livre de C. Dehon, J-J. Droesbeke et C. Vermandele, tous professeurs à l’Université Libre de Bruxelles, est un ouvrage majeur pour la connaissance statistique. Sixième édition du livre initial de Jean-Jacques Droesbeke publié en 1988, chaque nouvelle parution a complété et enrichi les précédentes. Ses 696 pages s’adressent à tous les publics : étudiants, plus ou moins matures en statistique, mais aussi chercheurs.

Il n’est pas fréquent d’avoir un textbook structuré selon quatre grandes parties qui font l’objet, souvent, de livres distincts. Ce choix rend harmonieuses les diverses approches de la statistique, quel que soit le sens que l’on donne à ce mot.

La première partie aborde la statistique, au sens général du terme, avec une partie sur l’histoire de cette science, ce qui n’est pas surprenant quand on connaît l’attachement des auteurs pour cette dimension de mise en perspective.  

En partie 2, est présentée une vision originale de l’analyse descriptive, qui, en plus des approches bivariée et multivariée, commence par la problématique générale de l’organisation et la transformation des données, et se conclut par un chapitre dédié aux séries temporelles, au sens descriptif, c’est-à-dire hors modèles stochastiques.

Dans une troisième partie, les auteurs ont placé les éléments de la statistique mathématique : estimation, tests, régression. Cette partie s’ouvre sur trois chapitres consacrés à la théorie des probabilités, qui concrétisent parfaitement la rupture avec les deux parties précédentes. Plus original, mais choix combien pertinent : entre ces chapitres probabilistes et ceux consacrés à l’inférence, les auteurs ont situé un chapitre sur les sondages. Cela rappelle combien les données sont précieuses, et que les sondages sont une véritable théorie, en amont de toute modélisation.

La partie 4 est une conclusion courte mais utile sur la pratique statistique.

L’écriture est limpide et pédagogique, la bibliographie est remarquable, les mots-clés sont parfaitement répertoriés, et il faut signaler que chaque chapitre est terminé par quelques exercices bien choisis, d’application ou d’approfondissement.

Oserai-je un léger reproche ? L’absence du mot Data. Les statisticiens ne s’en offusqueront pas, Données est bien la traduction française du mot latin original – et non anglais –, mais peut-être, sans céder à la mode, aurait-on pu en parler, ne serait-ce que pour évoquer en quelques lignes les méthodes d’apprentissage.

Ouvrage édité aux Editions de l’Université de Bruxelles et Editions Ellipses (2015)

Philippe Tassi