Jean-Claude Milleron nous a quittés le 4 juillet 2016. Son aura et sa compétence, au cours de sa longue présence à l’ENSAE, à des titres divers, auront influencé de nombreux anciens élèves.

Né en 1937, Jean-Claude est un étudiant brillant. Aimant le formalisme mathématique, diplômé de l’Ecole Polytechnique en 1961, il sort de l’ENSAE dans le corps des Administrateurs de l’INSEE en 1963. Il confirme son goût pour l’économie en complétant les cours de l’ENSAE par un diplôme d’études supérieures (DES) de Sciences Economiques de l’Université de Paris.

L’ENSAE et la recherche l’attirent très vite.

Après un rapide passage à la division Conjoncture de l’INSEE, il retourne à l’ENSAE dès 1964 en tant qu’assistant d’économie, poste qu’il occupe jusqu’en 1968. Il rejoint alors Edmond Malinvaud, ancien directeur de l’ENSAE de 1962 à 1966, au département de la Recherche de l’INSEE, jusqu’en 1970. Il part ensuite deux ans à Berkeley, dont il revient pour prendre le poste de directeur adjoint de l’ENSAE, dans un premier temps, puis celui de directeur en 1972, succédant à Marcel Croze.

Il est à la tête de l’Ecole quand a lieu, au cours des vacances de Noël 1974, le déménagement de la rue Montmorency et son historique hôtel particulier du 3ème arrondissement, pour les locaux flambant neuf de la rue Pierre Larousse de Malakoff.

Durant sa direction, que j’ai personnellement connue de 1974 à 1978 comme assistant, l’ENSAE va développer son corps enseignant permanent, assistants et professeurs, et renforcer encore ses enseignements de pointe en économie, économétrie et statistique mathématique. Jean-Claude assure un management moderne, souriant, éclairé, passant, avec la même aisance et élégance, du pilotage de l’institution ENSAE à la lecture ou la rédaction de livres et d’articles, sans oublier de partager des moments conviviaux de détente sur un court de tennis, souvent avec Paul Champsaur, Alain Monfort et moi-même.

Comment ne pas mentionner son goût pour la diffusion des connaissances, la pédagogie, via l’écriture de nombreux ouvrages et articles d’analyse économique, principalement dans les domaines de micro-économie théorique et appliquée, de la théorie des biens publics et de la politique économique ? Nous sommes nombreux à avoir lu son « Initiation à la micro-économie », célèbre livre à couverture jaune de Dunod, repris plus tard chez Economica, les « Exercices de micro-économie » avec Paul Champsaur, ou encore ses contributions aux célèbres « Leçons de théorie micro-économique » d’Edmond Malinvaud.

Son apport à la recherche a été reconnu par sa nomination, en 1979, comme « Fellow of the Econometric Society ».

A 41 ans, Jean-Claude Milleron devient chef du Service Economique du Commissariat Général au Plan, le prédécesseur de l’actuel France Stratégie. En 1982, il prend la direction de la Prévision au Ministère de l’Economie et des Finances, marchant à nouveau dans les traces d’Edmond Malinvaud qui avait occupé cette fonction de 1972 à 1974.

En 1987, il lui succède à la tête de l’INSEE, pendant cinq ans. Il met alors en place une réflexion de grande ampleur sur l’Institut, en lançant le célèbre PSP, projet de service public, à la fois sur les métiers et l’organisation, PSP dont les deux mots clés seront modernisation et avancée.

C’est à cette époque que, Jacques Mairesse dirigeant l’ensemble Ecoles + CREST + CEPE, que se posent les bases de la future organisation ENSAE-ENSAI et GENES, notamment par le rapport Lesourne-Curien ; Jean-Claude Milleron, très attaché à l’enseignement et la recherche, regardera toujours cette évolution avec bienveillance.

Au cours de cette période, il a également présidé l’Association Française de Science Economique, de 1989 à 1991.

Il quitte l’INSEE en 1992 pour devenir secrétaire général adjoint des Nations Unies. Il sera aussi Administrateur représentant la France au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale de 1998 à 2001.

Jean-Claude Milleron laisse à de nombreuses promotions le souvenir d’un enseignant de premier ordre, d’un chercheur, d’un directeur et organisateur performant, d’un homme à idées, le tout avec sourire, charme, finesse et élégance.

Philippe Tassi