La COP 21 qui s’est tenue à Paris en décembre dernier a généralement été considérée comme un succès, puisqu’elle a pour la première fois abouti à un accord unanime entre 195 pays pour reconnaître l’impact du changement climatique à l’œuvre sur notre planète, et tenter d’en limiter l’ampleur attendue. Variances ne pouvait ignorer ce sujet, même si le dossier que nous vous proposons ne peut évidemment qu’en aborder quelques facettes.

 

Gaël Giraud (1992) nous présente d’abord les défis de la prise en compte du climat dans les modèles économiques. Remarquant que le débat entre économistes s’est trop souvent focalisé sur le taux d’actualisation à utiliser pour escompter les dépenses futures liées à la transition vers une économie bas-carbone, il regrette plus généralement que l’on ramène toute réalité sociale et physique à des phénomènes monétaires. Il relève par ailleurs que les modèles traditionnels sous-estiment largement l’élasticité du PIB à la demande d’énergie primaire et revient sur leur incapacité à reproduire les situations paradoxales observées depuis la crise.

 

Eléonore Trigano (2009) souligne de son côté les contradictions d’une société française qui, alors que l’importance d’agir est plus que jamais d’actualité, semble mal accepter les politiques environnementales. Pour les ménages, consommer de manière plus respectueuse de l’environnement passe après les contraintes budgétaires. Pour les industriels, le premier enjeu est celui de la compétitivité – même si l’Allemagne donne l’exemple du développement de l’excellence sur le marché prometteur des énergies renouvelables –. Reste à voir si les campagnes électorales de 2017 permettront de nuancer le constat aujourd’hui bien pessimiste de l’absence de priorité attachée par les politiques à ce thème.

 

La transition énergétique, rappelle ensuite Alain Grandjean (1980), impliquera d’investir des trillions de dollars chaque année dans les secteurs de l’énergie, de l’urbanisme et du logement, des transports… les budgets publics ne pourront seuls y faire face, même si se mettent en place des taxes carbone ou sur les transactions financières. Les banques de développement devront ainsi accroître la part de leurs financements climatiques. Mais les financements privés joueront un rôle essentiel, et une mutation culturelle majeure est en train de s’opérer en la matière.

 

Joël Prohin (1988) nous montre en effet que les institutionnels commencent à prendre en compte le changement climatique dans leurs décisions d’investissement. Ils le font suite à des changements réglementaires, pour des raisons de responsabilité fiduciaire, de risque de poursuites judiciaires ou sous la pression de la société civile. Ainsi sont mis en œuvre des investissements dans des actifs « verts », ou l’exclusion de certains actifs, tandis que la capacité à mesurer l’empreinte carbone des investissements effectués et la mise en place de coalitions d’engagements progressent.

le changement climatique devrait impacter de nombreuses formes de risques : ceux liés aux inondations, aux sécheresses, à la sinistralité automobile…, nous disent Arthur charpentier (1999), Anne Eyraud-Loisel, Alexis Hannart (1999) et Julien tomas. les solutions d’assurance contre ces risques conjuguent, dans des proportions variables suivant les pays et dans le temps, interventions publiques et compagnies d’assurances. Ces dernières développent notamment des actions de prévention et réfléchissent à des mécanismes favorisant les transferts nécessaires des pays développés vers les pays vulnérables.

Un défi majeur, donc, mais des réponses commencent à s’esquisser.

Eric Tazé-Bernard (1978)

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